Fermer les yeux et être à Paris
Certains appellent cela une fuite. Moi, j’appelle cela prendre le large. Sortir de moi-même quelques minutes et retrouver un endroit, une odeur, quelqu’un, un moment précis. Une escapade de quelques minutes qui a un effet bénéfique en cette journée ahurissante.
Ma destination du jour: Paris. Et plus précisément, le café Rostand, près des grilles du Luxembourg, où je m’offre un grand crème et écris dans mon carnet. L’année ? 1989, 1992, 1997, je ne sais pas. Je sais juste le bien-être de me retrouver là-bas. J’entends les bruits de la cuisine, il y a le boulevard Saint-Michel et la Sorbonne tout à côté, j’écris peut-être une lettre. Je suis sur mon nuage, loin du brouhaha de la librairie en ce 23 décembre.
En exil, quelques minutes. Pour retrouver le sourire d’Hélène à la terrasse du café, fin juin 2005. Et elle qui se raconte, on a dix ans à rattraper de souvenirs, de gens, de voyages, de rêves.
Et je reviens sur la planète. Ça n’a rien de brutal comme atterrissage, je vous l’assure. Car rien ne nous pèse quand nous possédons des lieux où nous évader. Et j’ai de la chance, j’en ai de nombreux qui me reviennent aisément à la mémoire.
Ce matin, c’était le Rostand. Et son merveilleux grand crème.