Lali

24 octobre 2011

Falaises

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:59

« Ce qui s’efface de nos cerveaux s’efface aussi de nos corps, de notre sang, de notre vie, ne nous laisse aucune trace, ne creuse aucune empreinte, sinon celle d’un vide absolu, vertigineux et froid. »

Cette phrase, à la toute fin de Falaises, le roman d’Olivier Adam inspiré par sa propre vie, pourrait à lui seul le résumer tant elle exprime clairement la boucle bouclée après la longue introspection d’un homme au début de la trentaine vingt ans jour pour jour après le suicide de sa mère.

Quels souvenirs lui restent-ils de celle qui s’est jetée d’une falaise? Quelles traces conserve-il de sa vie avant et après ce geste irréparable qui brisera les vies de trois personnes? Quelles conséquences ce geste aura-t-il sur son mal de vivre, son errance, sa quête éperdue? C’est cela qu’Olivier Adam relate ici, sans fausse pudeur. Dans l’ordre et dans le désordre, à mesure que lui revient son passé. En pièces détachées, pas intactes, imbibées d’alcool. C’est cela que livre ici le romancier et cinéaste, alors qu’il regarde sa fille dormir et que lui vient cette assurance qu’il sera toujours là pour elle, lui l’enfant sans mère, l’enfant au père désintéressé ou absent, l’adolescent brisé, révolté, qui avait tout pour devenir un délinquant, mais qui un jour a croisé celle qui sera son étoile.

C’est cela, tout cela, qu’Olivier Adam nous donne avec ce livre, un peu de lui, de sa vie, de ce qui lui reste d’une mère dont l’image s’est effritée, de sa vie sans elle. Avec des énumérations à la tonne, qui peuvent parfois agacer, mais qui ont quelque chose de nécessaire. La paix ne peut venir qu’après avoir tout dit, alors qu’une petite fille dort sans savoir ce que son père porte en lui de chagrin qu’il a choisi cette nuit-là de jeter de la falaise. Une fois pour toutes.

2 commentaires »

  1. Voilà qui éclaire d’un nouveau jour « Le coeur régulier » que j’ai lu récemment, avec sa falaise « des suicides » au Japon. Un auteur attachant, à suivre.

    Comment by Tania — 25 octobre 2011 @ 12:46

  2. Bonsoir,

    Falaises est de loin le Olivier Adam que je préfères, les suivants, manquent de ce petit quelque chose qui fait un grand livre, Mais falaises, oui, je l’ai beaucoup aimé.

    Des sourires.

    Comment by Funambule — 25 octobre 2011 @ 17:06

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