États des lieux 1
Prophétie
À la fin de l’année les étoiles disparaissent
l’air retient son souffle la Sibylle chante
elle chante d’abord l’obscurité qu’elle peu voir
et elle continue de chanter jusqu’à ce temps
qu’elle ne peut voir sans temps ni obscurité
nul n’entend tandis qu’elle chante encore
les jours blancs donnés l’un après
l’autre devenus couleurs autour de nous
avant qu’elle n’ait pu le voir un éclair venu
du plus profond où tout commence
fait s’embraser les mots auxquels nul n’a cru
William S. Merwin, dans États des lieux : Treize poètes américains contemporains
*choix de la lectrice de Jean-Jacques René