Entre ses mains
Claire (Isabelle Carré) trouve-t-elle en Laurent (Benoit Poelvoorde) une part d’elle-même tellement troublante qu’elle ne peut que s’attacher à ce vétérinaire quelque peu troublant ? Voit-elle dans ce qu’il raconte de son enfance les traces de la sienne ? Peut-être bien.
Peut-être aussi s’ennuie-t-elle, dans son boulot et dans sa vie de couple, ce qui expliquerait cette étrange attirance qu’elle éprouve pour ce chasseur de femmes qu’elle soupçonne d’être le meurtrier au scalpel terrorisant la région lilloise…
Les raisons sont peu importantes, en fait. Car c’est plutôt l’emprise que les deux personnages ont l’un sur l’autre qui prime sur les motivations. Et la pudeur avec laquelle Anne Fontaine sait nous faire partager ces émotions ambivalentes a quelque chose de déséquilibrant. Tranquillement, elle sème ici et là des détails sur la vie personnelle de chacun des personnages et fait monter la tension d’un cran.
Et peu à peu, le spectateur se pose une question: qui des deux est le plus déséquilibré ?
Et aussi: faut-il remonter jusqu’à l’enfance pour trouver la source du dysfonctionnement de l’un comme de l’autre ?
Ce qui en reste, outre les questions, est le jeu exceptionnel de Benoit Poelvoorde et d’Isabelle Carré, une caméra qui sait capturer leurs visages et des émotions. De nombreuses émotions confuses.