En vos mots 923
Déjà le dernier dimanche de 2024. Une année où ma vie a basculé. Une année qui ne se résume pas en quelques lignes.
Que sera 2025? Nul ne peut déjà le dire. Pas plus moi que vous, ou cette lectrice à la fenêtre de l’illustratrice Masha Kuzmih, que je vous propose de raconter en vos mots, comme vous le faites si bien semaine après semaine.
Aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Vous avez donc plus le temps de faire vivre cette scène livresque et de lire les textes déposés sur celle de dimanche dernier. C’est avec plaisir que nous vous lirons.
D’ici là, bon dimanche, bonne semaine et bonne fin d’année à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.
Je n’avais de Noël que deux ou trois chansons. Des cartes postales anciennes. Du temps où les mots laissaient une trace du temps qu’on leur accordait.
Trottoirs aux lumières scintillantes. Et pour tout arbre de Noël, quelques mots de Dickens.
Le temps faisant sa besogne, j’avais mis mon cœur en pause, depuis l’enfance. Je n’aimais Noël que par la faiblesse de mes pensées rêveuses.
Puis un jour plus de rêveries. Plus de Dickens. Plus de chansons fatiguées.
Il n’y a plus que le bruit de mes pas dans la neige qui tourne dans ma tête. Un craquement joyeux et chantant. Comme une musique. Une musique de Noël que je n’avais jamais entendue et qui sonne comme un prélude à quelques heures d’une page nouvelle où dans les mots que je lirai plus tard, il y aura l’encre de mes silences. Peut-être plus.
Comme quelqu’un qui se réveille d’une étrange léthargie, je ne pense plus à Noël. Je m’émerveille d’une tendresse inconnue qui s’envole de regard en sourire, de bienveillance en douceur, comme un petit plectrophane des neiges.
Et je me dis qu’on ne va jamais vers nulle part quand quelqu’un vous attend. Je me sens où je dois être. Je me découvre à penser qu’en aucune autre partie du monde je pourrais être plus heureux. Envie de ralentir le sablier du temps. Prier pour que les heures se reposent de leur course incessante et inutile. Pour une fois.
Remplir mon cœur de tout, comme un enfant remplit, à la sauvette, ses poches de gourmandises. Pour plus tard. Se souvenir des belles choses, c’est les revivre.
Dans le rétroviseur, je vois encore la bâche blanche. Les lumières. Leurs sourires, qui s’éloignent au fur que cette foutue voiture s’enfonce dans la nuit.
Et le bruit de mes pas dans la neige. Un craquement joyeux et chantant. Dans ma tête, heureux, je dis champagne. Avec une majuscule. Au féminin pluriel.
Comment by Armando — 30 décembre 2024 @ 9:44
On a célébré l’année nouvelle. Et mangé et bu un peu trop. On a offert des cadeaux. Rendu visite à la famille, aux amis. Il reste devant la fenêtre la guirlande lumineuse, ainsi que quelques branches de sapin dans un vase. Et Lise ce week-end se remet à ses tâches. Elle a des copies à corriger. Pour elle, ce n’est pas une corvée. Elle s’est reposée. Et elle est curieuse de lire ce que les enfants auront écrit sur leurs projets pour ces deux semaines.
Comment auront-ils passé ce congé? Auront-ils tous reçu un présent à Noël? Quelques-uns sont issus de familles en difficulté. Elle sait d’avance que Pierre ou Louise parleront de leur séjour au ski. Et que Georges s’étendra sur la description des repas de fête, racontant surtout les bonbons et les gâteaux qui couvriront la table. Beaucoup seront allés retrouver leurs cousins, leurs cousines. Ils auront joué à des jeux de société ou sur leurs consoles, et seront probablement allés au cinéma. Quels films auront-ils vus? Ils vont lui en parler lors de cette rentrée. Elle, qui n’en a vu aucun, ne pourra pas vérifier leurs récits. Mais elle en connaîtra de la sorte quelques-uns par procuration.
L’institutrice sourit. Elle s’est calée près de la fenêtre avec une tasse de thé bien chaud. Les bougies sont allumées, et en lisant les rédactions elle découvre des perspectives souvent assez conformes à ce qu’elle avait imaginé. Ah! Coline est partie avec ses parents à Paris. Et Anne aura en principe rendu visite à son oncle et à sa tante à New York. Mais on ne parlera pas trop longuement de voyages. Et pas du tout de cadeaux. Car il se pourrait que Clara, Jim, Lucie et Maria n’en aient pas reçus du tout. De cinéma, oui, il pourra être question. Fin décembre, l’école a offert en effet des billets gratuits à chaque élève. Chaque enfant a trouvé dans une enveloppe quatre tickets, de façon à pouvoir y aller autant que possible en famille. Y seront-ils tous allés? Ce sera la surprise. Et une autre surprise, c’est la petite attention que Lise a prévu pour chacun et chacune: un livre joliment emballé, et quelques mandarines. Afin d’être certaine qu’aucun des petits de sa classe ne commencera l’année sans avoir reçu au moins un cadeau.
Comment by aémone — 4 janvier 2025 @ 9:47