En vos mots 898
Alors que je viens à l’instant de valider les textes que vous avez déposés sur l’illustration de dimanche dernier, que je vous invite d’ailleurs à lire et à commenter si vous en avez envie, je vous propose cette semaine de faire vivre en vos mots cette scène livresque de l’illustratrice Anna Mongay.
Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Vous avez donc plus que le temps d’écrire quelques lignes. C’est avec plaisir que nous vous lirons dans sept jours.
D’ici là, bon premier dimanche de juillet et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.
Aujourd’hui Charlotte a décidé de s’amuser. Les compositions de fin d’année sont à peine terminées. Ouf, elle a réussi! Mais les livres sérieux, elle a amplement donné. Elle a donc retrouvé avec le plus grand des plaisirs dans sa bibliothèque un volume dont elle avait oublié l’existence. Un ouvrage en relief datant de sa petite enfance, proposant entre autres et principalement des masques. Elle avait toujours aimé ceux représentant des animaux: chat, ours, cigogne, lion… Certains avaient aussi le visage de personnalités connues, chanteurs ou acteurs. Et d’autres encore faisaient penser à des êtres surnaturels: fées, elfes, gnomes, sorcières, et autres lutins. Charlotte se réjouit de sa découverte. Grâce à elle, et même si ses petits camarades sont déjà partis en vacances, elle va passer une bonne journée de détente.
Comment by Anémone — 13 juillet 2024 @ 5:50
Lisboa, 14 juillet 2024
Ma chère B.,
Je pense à une amie que tu ne connais pas. Ma plume vacille entre ajouter « encore » ou « et que tu ne connaîtras jamais ». Par prudence. Puisque personne ne peut présumer de ce qui est déjà écrit dans le livre de nos vies, malgré nos illusoires projets d’avenir.
Je pense à une amie que tu ne connais pas et les mots me manquent pour te le dire. Les mots me manquent pour que je puisse penser à d’autres mots que ceux qui m’ont volé le sommeil. D’habitude, quelques mots de d’Ormesson, de Tesson ou bien de Yourcenar suffisent à amener mes pensées vers d’autres lieux, d’autres pensées. Mais non. J’y pense toujours.
Il y a des nuits comme ça. Même la douceur de quelques notes de musique du Vertige des fleurs n’ont qu’un effet placebo. Il n’y a eu que quelques mots de Françoise Hardy, au bout desquels, la gorge serrée, j’ai fait semblant d’ignorer une larme. Toujours dans un coin de ma tête, cette voix âpre et brutale comme un grognement du fond de l’enfance qu’un homme ne pleure jamais.
Ma chère B., je t’avoue que l’espace de quelques instants je me suis imaginé, comme un frère lui murmurer, avec lenteur, quelques mots de l’Électre de Jean Giraudoux. Et rester là. Près d’elle. En silence. Puisqu’il y a des heures où les mots sont plus inutiles que la musique d’un cœur qui bat. Dans le silence.
À l’heure qu’il est, les anges se sont déjà assoupis. Épuisés. Et je pense à une amie que tu ne connais pas.
Je t’embrasse.
Armando
Comment by Armando — 13 juillet 2024 @ 9:37