En vos mots 869
Voici enfin venu le temps des vacances des fêtes, tant pour moi que pour la lectrice de l’illustratrice Julia Gip, laquelle a pris soin de faire des provisions pour bien profiter des deux semaines à venir. Ce que je n’ai pas eu à faire, car je ne cesse de mettre des livres de côté et de faire des piles… pour quand j’aurai le temps…
Je me souhaite donc de le trouver d’ici le 2 janvier. Quand j’aurai terminé l’envoi des cartes de Noël, fait quelques courses pour l’occasion et dormi un peu. Évidemment!
À vous de faire vivre cette lectrice qui attendait les vacances avec impatience afin de s’adonner à fond à son activité préférée. Aucun texte ne sera validé avant dimanche prochain comme le veut l’habitude. Vous avez donc sept jours devant vous pour le faire vive en vos mots.
Bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent!
Mariée de fraîche date, Marie, jeune fille fantasque et lunatique s’est laissée vaincre par la distraction et ce n’est que le 24 décembre, au matin, qu’elle s’est rendu compte qu’elle n’avait rien préparé pour le repas du soir.
N’écoutant que la voix de son devoir d’épouse, elle a pris le landau où l’enfant dormait paisiblement et s’en est allée, dans l’espoir de ne pas se laisser noyer par la foule dense de la veille de Noël qui, comme si tous ces gens n’avaient rien de mieux à faire, onta l’habitude de faire ses courses.
Son pas nerveux a ralenti lorsque son regard a croisé celui de Vondel, en vitrine de la vieille librairie Ce qu’on a déjà lu n’est plus à lire, réputée pour les grands classiques littéraires à prix convenable, autrement dit, du seconde main en bon état. Marie s’est arrêtée net et a étudié la couverture du livre de Vondel (1587-1679), Études de littérature étrangère et comparée, éditions Didier, Paris, 1964.
Vondel… Vondel… Elle a eu l’impression d’avoir lu ce nom récemment, mais où?… Sans effort, Maria a poussé la porte de la librairie, déserte et silencieuse et, comme une abeille au printemps qui danse de fleur en fleur, Marie s’est promenée de Molière à Goethe, de Rachel Leclerc à Tolstoï, de Shakespeare a Pessoa, en passant par Vinicius de Moraes, où elle s’est laissé allée, insoucieuse, à quelques pas de samba, les yeux mi-clos, s’imaginant à Rio jusqu’à oublier le sablier fluide du temps qui passe.
Malheureusement le libraire a dû fermer. Le vieux monsieur, navré, a prétexté être déjà en retard pour un repas de famille.
De retour à la maison, alors que le jour perdait de sa lumière, Marie était si enthousiaste des bouquins achetés pour un prix dérisoire, à peine imaginable, qu’elle ne se rappelait plus les raisons de sa sortie matinale.
À la maison, Joseph, inquiet, s’est jetée sur elle, la serrant contre lui avec une tendresse sans égal. « Marie, ces trois messieurs t’attendent depuis des heures. Ils sont venus de très loin pour voir l’enfant. »
Marie, livide, a regardé le landau rempli de bouquins. L’enfant?… « Oups, je l’ai oublié chez le libraire. Il me semble l’avoir déposé à côté de Louis Fréchette, Le Noël au Canada, une édition de 1900 que j’ai feuilletée avec gourmandise. »
Joseph lui a souri. « Ne t’inquiète pas Marie, rien ne pourra lui arriver. Bien au contraire. Venez, on va le chercher », a-t-il lancé aux trois personnages sérieux venus de loin, on ne peut plus perplexes.
Devant le libraire, une foule immense chantait Au clair de la lune… L’enfant, lui, s’était endormi paisiblement. Comme un ange.
Comment by Armando — 18 décembre 2023 @ 22:29
Aux yeux et aux landaux
Et si c’était écrit pour qu’éclose un sanglot
Quand renaît dans nos cœurs notre histoire si vieille,
Et là, quand tu te loves entre mes bras … merveille,
C’est l’hiver qui s’enfuit, dévoilant l’angelot.
Et si c’était écrit, sans un bruit, sans un mot,
Que tes larmes émues me diraient à l’oreille :
« Est-ce que tu sais … Toi ? » Et ta bouche vermeille :
« Dis-moi … Ce sera quand que d’être Nous, Pierrot ? »
En vers et contre tous, forever, où qu’on aille,
Aux yeux et aux landaus, aux autres en bataille,
Dans nos Cœurs d’émotion se tairont nos soucis.
S’il est écrit encor d’enfoncer la muraille,
De faire aller la joie en doux instants exquis,
Sur la pointe des pieds … cueille un je t’aime, dis
Comment by Cavalier (L.QJ) — 20 décembre 2023 @ 7:58
Nane a décidé que son fils serait tout comme elle un lecteur chevronné. Elle qui a l’impression d’avoir été accompagnée par les livres depuis ses premiers biberons. Depuis ses premières couches. Depuis ses premières promenades avec sa mère, enfouie sous les couvertures de sa voiture d’enfant. Alors, elle a rempli la chambre du nourrisson d’ouvrages en tous genres. Elle a lu pendant toute sa grossesse avec acharnement. Elle a choisi pour son petit garçon une décoration en rapport avec la lecture. Et elle achète à chaque sortie de nouvelles piles de bouquins, qu’elle entasse avec frénésie dans le landau. Si tout va bien, peut-être qu’avant de savoir parler, son fils saura lire!
Comment by anémone — 20 décembre 2023 @ 14:58