En vos mots 806
Alors que je viens à l’instant de valider les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier, que je vous invite à lire, je vous propose cette fois de donner vie à ce dessin de Jean-Claude Götting.
Aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain, ce qui vous donne amplement le temps d’écrire quelques lignes.
D’ici là, souriez malgré tout ce qui ne va pas et tout ce que vous ne pouvez changer. Il y a toujours une bonne raison de sourire.
Grand-père racontait qu’aux heures austères de sa jeunesse, il n’y avait rien d’autre dans le village que le café-boulangerie et une marchande de légumes qui vendait un peu de tout. Avec un coin mercerie, qui, comme il le disait avec ironie, grand-mère vendait tout ce dont on n’avait pas besoin.
À la fin du jour, on se retrouvait au café et c’est là que la « mémoire du village » se transmettait de père en fils. Depuis toujours.
On y célébrait mariages et naissances. On pleurait les morts. On parlait de ceux qui n’étaient plus avec le respect qu’on devait à leur mémoire.
Parfois, autour d’un verre, on réglait entre hommes (comme ils disaient) les désaccords avant qu’ils deviennent des haines.
Puis, un jour, un étranger de passage est parti laissant un journal sur la table du café. De nos jours, cela ne veut rien dire. Pour grand père, c’était le premier journal que le village a connu. Qu’il a pu lire. Le tout premier.
Il se souvient. C’était le mois de septembre. Le 9 septembre 1901. Il y était question d’un certain Toulouse-Lautrec. Un peintre dont il ne verra jamais le moindre tableau.
Comment by Armando — 5 octobre 2022 @ 3:13
Papa ne s’occupait pas spécialement de mon éducation ni de mes loisirs. Il laissait ce soin à Maman, son rôle étant de ramener à la maison de quoi nous faire vivre. Cependant, ou justement pour cette raison, c’est lui qui proposa de m’abonner à un hebdomadaire pour les jeunes. Je devais avoir à cette époque environ dix ans.
Non seulement il eut cette initiative, mais il me laissa choisir en procédant intelligemment. Pendant plusieurs semaines, je reçus successivement divers magazines: Tintin, Spirou, Mickey, Pilote, et Lisette. Et c’est Lisette qui fut mon choix, sans hésitation.
Que de beaux souvenirs offerts par cette lecture! D’abord il y avait la joie de trouver mon magazine chaque mercredi. Je n’en ménageais pas la découverte afin de faire durer le plaisir pendant toute la semaine. Non, je le dévorais!
J’avais mes feuilletons préférés, que je lisais en premier. Par exemple les jumelles, Nicole et Colette. Il y avait en général un récit complet en images, souvent d’inspiration historique. C’est ainsi que j’ai appris le nom et l’histoire d’Hélène Boucher, née bien avant moi mais le même jour. Et moi qui n’aimais pas beaucoup l’histoire, j’ai lu avec plaisir le destin de Marguerite de Valois, née Marguerite de Navarre, et aussi nommée Marguerite de Valois-Angoulême.
Une des premières étapes de ma lecture était le courrier des lectrices, auquel répondait Anne-Lise. Un jour je lui ai même écrit et quand j’ai retrouvé plus tard mon brouillon, j’ai trouvé ma requête un peu et même très ridicule. Il s’agissait d’une difficulté à gérer la relation avec une nouvelle élève qui faisait le trajet de retour à la maison avec moi et l’une ou l’autre fille de la même école. Nous ne pouvions plus supporter cette fille. Je ne sais plus ce qui m’a été répondu. De lui parler je pense, et de lui dire calmement ce qui nous dérangeait. Réponse pertinente donc, me semble-t-il. Mais le problème était que nous n’arrivions justement pas à lui parler. Nous manquions vraiment d’expérience au niveau des relations humaines, et du fait de prendre notre place!
Ma joie était décuplée quand nous étions en vacances en Ardenne belge, et que je recevais mon Lisette par la poste!
Les bricolages ne donnaient en général pas grand-chose. Et je m’adonnais plutôt aux recettes de pâtisserie données par Maman ou par des amies.
Un grand événement fut quand je décidai de mettre une annonce pour trouver des correspondantes. J’en ai eu plusieurs, et dans ma solitude leurs envois étaient un bain de joie, une bouffée d’air frais et vivifiant. Je guettais le passage du facteur (qui à l’époque passait trois fois par jour alors qu’à l’heure actuelle c’est une seule fois, et encore).
La correspondante avec laquelle j’ai échangé le plus, et de loin, habitait la région parisienne. Nous débattions sur divers sujets, et échangions des paroles de chansons et des cartes postales. Une recette de gâteau aussi.
J’avais un gros cahier de chansons, qui s’est perdu.
Nous nous sommes vues, quelques jours à Bruxelles puis quelques jours à Paris, séjours mémorables et magnifiques, et quelques années plus tard j’ai été invitée au mariage de Josiane. Mais celui-ci signa en quelque sorte la fin de notre correspondance, qui s’effilocha rapidement, vu que nos vies et occupations s’étaient mises à diverger considérablement.
Il y a quelques années j’ai essayé de la retrouver, d’abord sans succès, et il y a environ trois ans j’y suis parvenue. Nous n’avons cependant pas encore décidé de nous rencontrer. Il vaut peut-être mieux rester sur notre histoire d’adolescentes. Toutefois je suis super contente de l’avoir retrouvée, et nous nous suivons un peu sur facebook!
Parfois je trouvais au supermarché d’ anciens albums de Lisette reliés. Ou de « 15 ans », d’abord intitulé « Fillette jeune fille ». Quand je suis devenue trop grande pour Lisette, j’ai d’ailleurs été abonnée quelque temps à « 15 ans », dont le courrier des lectrices était géré par un certain Paul, censé faire rêver sans doute nombre d’entre nous.
J’adorais trouver ces albums, neufs mais datant de quelques années, et faisant sans doute partie d’invendus remis en circulation. Je n’en ai plus jamais trouvés par la suite, pas même dans les librairies d’occasion. Et tout de que j’avais comme magazines a disparu après mon départ de chez mes parents. Ce n’est pas grave, je ne suis pas attachée aux objets. S’ils sont là je les garde (comme les cartes postales, que j’ai toujours), et sinon ils ne me manquent pas.
Nous nous envoyions parfois de petits colis, de même qu’avec quelques autres correspondantes, ce qui était toujours une grande joie.
Merci Papa, pour cet immense plaisir hebdomadaire, dont je savoure encore le goût aujourd’hui. Merci à mes parents pour ce cadeau qui m’a procuré tant de bonheur pendant mes années de jeunesse. Si parmi vous certains ou certaines ont connu ces magazines, ou cette même joie avec d’autres hebdomadaires, je serai ravie de lire vos commentaires! Merci de m’avoir lue.
Comment by anémone — 8 octobre 2022 @ 10:35