Lali

26 juin 2022

En vos mots 792

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

Alors que je viens à l’instant de valider les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier, que je vous invite d’ailleurs à lire et à commenter, je vous propose cette semaine de faire vivre cette illustration signée Ilya Milstein, un artiste que m’a fait découvrir Anémome.

Aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain, comme le veut l’habitude. Cela vous laisse donc amplement le temps d’écrire une courte nouvelle ou un poème à partir de cette image que nous lirons avec plaisir dans sept jours.

D’ici là, souriez et profitez bien de la dernière semaine de juin!

3 commentaires »

  1. Chaque nouveau moment, et tout au fil des ans
    Il se tient, constant, bien planté sur sa chaise.
    Il rêve de déserts, de villes, d’océans,
    De tableaux suspendus à de blanches cimaises.

    Chaque minute, chaque nanoseconde,
    Il est posé, bien vertical à sa table,
    Méditant sur la véracité des mondes.
    Quête d’infini, pourtant imperturbable.

    Chaque heure, chaque jour au fil des semaines,
    Il se tient bien droit, assis face à la mer
    Dans la bibliothèque Thyrénéenne
    Contenant les savoirs de tout l’univers.

    Comment by anémone — 1 juillet 2022 @ 13:51

  2. L’homme qui venait de me coincer dans un coin de la véranda, pour me frapper avec un ceinturon, comme si j’étais une bête, était mon père. Je dis bien était. Ce jour-là, je n’avais pas encore 10 ans et il a cessé de l’être. Et je n’ai plus jamais réussi à l’aimer.
    Celui qui avait le devoir de m’apprendre le goût de l’existence venait de me faire découvrir la peur.
    Aujourd’hui encore je me demande souvent quelle bêtise un enfant de 10 ans avait pu faire pour mériter une telle punition. Et ma réponse, depuis 60 ans, est toujours la même : aucune. Aucune bêtise d’enfant ne mérite une telle ignominie. Ma seule faute a été de naître son fils. Certes, pendant un moment je me suis dit que l’alcool pouvait en être la seule raison. Après tout, l’alcoolisme est un poison qui vous rend esclave. Puis, ma première cuite de jeune adulte est venue me murmurer le contraire. Je chantais à deux heures du matin. J’étais joyeux. Euphorique. Libre. Aucunement violent.
    Puis, l’alcool avait rendu mon père revêche. Jamais il ne m’avait encouragé ou félicité pour la moindre de mes réussites. J’ai ainsi compris, très tôt, qu’il n’y avait personne de mon sang qui me regarderait avec fierté.
Je pouvais être parmi les meilleurs, je serais toujours condamné à jalouser le regard heureux et fier des autres parents regardant leurs enfants. J’avais de leur part l’aumône d’un sourire tristement chagriné.
    Très tôt aussi, j’ai compris le pourquoi de l’absence d’une mère, qui un beau jour avait tout quitté. Mari et enfants. Pour fuir l’alcool et la violence. Placés chacun dans des lieux différents, nous n’avons jamais été frères. Le même sang n’a jamais réussi à nous lier. Comme si on avait au fond de chacun de nous la colère d’être né. Et l’autre n’était que le miroir de nos souffrances. Qu’on voulait fuir.
    Dire que par la faute de quelques verres de mauvais alcool, plusieurs vies brisées. Des destins gâchés à jamais. Comme si, dès leur berceau, elles avaient déjà tout perdu. Et même si un jour ils arrivent à réussir leur vie aux yeux des autres, ils savent au fond d’eux-mêmes qu’ils ont perdu l’essentiel de leurs existences.
    Il arrive encore à l’homme que je suis devenu de regarder par la fenêtre et de ne voir à l’horizon que le regard apeuré d’un enfant coincé dans le coin d’une véranda.
    Putain d’alcool.

    Comment by Armando — 2 juillet 2022 @ 0:30

  3. Voilà un tableau que j’ai vu chez Anémone, en effet. Je l’avais partagé chez moi en remarquant « il y a quand même beaucoup de livres… » (mais c’était plus pour plaisanter, car ce qui me fait surtout rêver, c’est la mer Egée…) mais une amie a remarqué qu’il y avait vraiment beaucoup trop de livres o;) alors, cela m’amuse de retrouver ce livre ici ………………

    Je pensais justement à ce blog car j’ai lu un roman de Philippe Besson (un huis-clos) « Dîner à Montréal » que j’ai bien aimé (troisième opus de ses romans « autobiographiques »… moins triste que le précédent et moins désespéré que le premier).

    Comment by Pivoine — 4 juillet 2022 @ 11:10

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