Lali

29 novembre 2015

En vos mots 451

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

RELINK (Karel) - 2

Aurait-il repéré un livre qui l’intéresse dans la vitrine? À moins que ce ne soit la libraire tout au fond de la boutique qui ait attiré son attention? C’est ce que nous saurons dans une semaine, et pas avant, alors que tous vos textes inspirés par cette scène peinte par Karel Relink seront validés.

D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous!

4 commentaires »

  1. Il s’arrête.
    Revient en arrière.
    Oublie qu’il est pressé,
    Ou se croyait tel.
    Là, dans cette devanture,
    Le rouge d’une jaquette,
    Flamboyante,
    A ralenti son pas.
    Son titre fait résonner une drôle de musique
    Dans sa tête.
    Et même au plus profond
    De son être.
    Mais quoi?
    Pour un empire,
    Il ne pourrait le dire.
    Il ne sait même pas
    Si cet intitulé l’inspire.
    Mais cette photo,
    Juste sous le titre,
    En plein milieu,
    Qui frappe au visage,
    Quel souvenir?
    Quel émoi?
    Un tourbillon l’aspire.
    Il scrute le papier,
    Comme si le transpercer
    Etait possible.
    Mais l’intrigue,
    Imperturbable,
    Reste entière.
    Pourquoi ses mains frémissent-elles?
    Il ne le saura pas.
    A moins peut-être que d’acheter le livre?
    Il pourrait entrer, le feuilleter…
    Pour avoir une idée plus claire
    De ce qui le trouble.
    Mais il reste figé, comme collé au trottoir.
    Il n’aurait jamais du passer par là.
    Jamais du voir cet ouvrage.
    Sa vie n’en sera plus pareille, il le sent bien.
    Alors, vissé au pavé, il attend.
    Que l’émotion passe et le libère.
    Ou qu’un quelconque passé éclate soudain,
    Comme une bombe trop longtemps contenue,
    Comme une grenade couleur de sang.
    Comme une vague, un ouragan, une tornade,
    Dont il craint la déflagration
    Autant qu’il souhaite en connaître
    L’assaut sauvage.

    Comment by Anémone — 29 novembre 2015 @ 15:28

  2. Un Pépé passe, voit son reflet sur la vitre
    Horreur! Un point noir sur le nez, se gratte.
    Ouf! Ce n’est que crotte de mouche sur la vitre.
    Tous les bouquins se marrent,
    la libraire se retourne.
    Chut!
    Vie secrète de Bouquins.
    Pierre

    Comment by 10Douze27 — 30 novembre 2015 @ 9:33

  3. Depuis plus de huit ans déjà
    Au rendez-vous de la libraire
    Chaque dimanche il était là
    Quelquefois fois en solitaire

    Il a vu passer des images
    Des styles amusants de langage
    Qui ressemblent tant à celui
    Ou à celles qui l’ont écrit

    Il sourit presque heureux
    Moment tendre et savoureux
    Au fil inconnu des voyages
    Dévoilant le secret des pages

    Et puis, en silence il s’en va
    Bercé par sa solitude blanche
    Depuis plus de huit ans déjà
    Qu’il revient chaque dimanche.

    Comment by Armando — 6 décembre 2015 @ 3:27

  4. Le vieux poète, qui a beaucoup écrit, et qui a beaucoup vécu, surtout enseigné, voire quelque peu publié, pas mal festoyé, avec d’autres amis poètes, le vieux monsieur regarde la vitrine de la librairie. Il ne reconnaît rien. Ou bien ce sont de vénérables messieurs, tout de même plus jeunes que lui, qui étaient des adolescents fulgurants, quand lui-même était un homme jeune et heureux, à la maison, avec une présence féminine de tous les instants, et des enfants. Un peu bruyants, les enfants, mais sa douce épouse savait si bien les prendre par la main, et les emmener leur conter une histoire.

    Il se demande si l’un d’eux écrira un jour. Ils ont bien réussi ses enfants, ah oui ! L’un est médecin, l’autre fonctionnaire, une de leurs petites filles est morte, hélas. Une autre s’est mariée. Une autre, encore, est institutrice. Et puis, il y a Berthe. Tous ses espoirs, en somme, se concentrent sur Berthe. Elle ne veut pas se marier, elle a décidé de vivre avec son père et sa soeur institutrice, celle qui a perdu son fiancé.

    Il sait qu’elle a passé de longues heures à étudier, pour ses examens, et qu’elle passe encore un temps immense à peaufiner des textes, des nouvelles, qu’elle envoie à des éditeurs. Il l’admire, sa fille, brune aux yeux pétillants, mince, spirituelle, amoureuse de sa ville, lectrice assidue, et comprenant, comme personne, tout ce qu’il a voulu écrire, lui-même, sans jamais en avoir le temps.

    Tout d’un coup, en regardant ces albums, et un livre relié, pour enfants, un livre doré sur tranches, il se demande si ce n’est pas sa fille qui va écrire. Voilà qui serait curieux. Une fille! Bien sûr qu’une femme peut écrire, il le sait bien. Il songe à Marie de France, aux Lyonnaises, à Mme de la Fayette, aux lettres de Madame de Sévigné. Et à toutes ces femmes de France, bourgeoises ou anonymes, salonnières piquantes et spirituelles, qui ont écrit dans l’ombre oi la clarté de leurs boudoirs.

    Mon Dieu ! Où l’a emmené sa rêverie? Il se taxe d’absurdie, et lentement, comme se réveillant d’une espèce de rêve éveillé, Monsieur Siméon-Auguste Bernage détache ses yeux de la vitrine et s’en va, d’un petit pas pressé, là où ses deux filles, Geneviève et Berthe, l’attendent pour déjeuner.

    Comment by Pivoine — 16 décembre 2015 @ 18:32

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