En vos mots 391
Il est des plaisirs dont je ne me lasse pas. Ainsi, celui de déposer chaque semaine une scène livresque à votre intention afin que vous nous racontiez en vers ou en prose ce qu’elle suscite ou évoque.
Et parce que j’aime varier les plaisirs, j’essaie autant que possible de vous offrir une scène qui ne ressemble pas (ou peu) à une de celles déjà proposées ici.
Et pour ce dimanche, c’est une scène imaginée par Dale Messick, la créatrice de Brenda Starr, que j’offre à vos mots.
Saura-t-elle vous inspirer? C’est ce que nous saurons dans sept jours alors que tous les textes seront validés d’un coup.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous!
Ses mots étaient doux comme l’aube et son sourire avait l’impertinence des nuits d’été. Il prétendait se souvenir de tout. Absolument tout.
Il se souvenait de notre promenade dans le parc. Du rire des enfants. De la vieille dame, assise sur un coin du long banc, qui lisait L’amour est très surestimé de Brigitte Giraud, comme si rien autour d’elle ne pouvait la distraire. Il se souvenait de l’agilité des écureuils, de la nonchalance des chats et même du vendeur de gaufres au chocolat. Il se souvenait de la tombée du jour. De la ville envahie par les couleurs des néons. Du restaurant cosy où nous avons diné en tête-à-tête, heureux, sans sombrer dans le piège amer des promesses. Il se souvenait de l’’excellence du vin. C’était un Nuits-Saint-Georges, avait-il murmuré avec l’extase de celui qui savoure la première gorgée d’un nectar tant désiré.
Je l’écoutais en silence.
Il se souvenait de tout. Absolument tout. Il se rappelait que nous avions marché le long du Saint-Laurent. Que la nuit coulait paisible et que le murmure de nos voix vacillait dans le silence, comme la flamme fragile d’une bougie, lorsque qu’un léger souffle, presque immobile, frissonne au toucher de nos lèvres.
Puis il se souvenait que la nuit avait été longue. Que nous avons fait l’amour jusqu’à l’aube et que son corps s’était endormi enlacé au mien.
« Tu vois, m’avait-il dit, avec son sourire impertinent, je me souviens de tout. Vraiment tout. »
Et c’était vrai. Il se souvenait de tout. Moi je ne me souvenais que du reste. Ses mains sur ma peau avant l’envol.
Comment by Armando — 10 octobre 2014 @ 7:21
Elle aime lire au lit.
Le Ladie’s Home Journal, des romans d’amour, des romans policiers, des romans de marine, des histoires de médecins et d’infirmières.
Elle aime lire.
Elle aime lire l’après-midi, en attendant, en attendant qui? Ou quoi? Un rêve, un prince charmant, un fantasme, un héros de carton. Elle est toute attente, toute sensualité, toute transparence, dans sa chemise longue de satin bleu frangée d’écume et de noir.
Elle est un peu fée, un peu sorcière, qui sait si le livre ne va pas prendre vie, le chat se transformer en roi et la pendule sonner minuit ?
Il y a un peu de tout en elle, elle est à la fois Cendrillon, Little Ego, les héroïnes des contes, les désirs des hommes et le chagrin des femmes…
Elle qui aime lire au lit.
Comment by Pivoine — 19 octobre 2014 @ 15:13