En vos mots 324
À quoi peut bien penser cette lectrice peinte par John Herbert Evelyn Partington? De qui ou de quel endroit rêve-t-elle en tournant les pages de son livre? D’ailleurs, que lit-elle, assise au jardin en ce dimanche de début d’été?
Ce ne sont là que quelques pistes que vous pourrez suivre ou pas afin de nous livrer en vos mots ce que suscite en vous la scène livresque de la semaine.
Les commentaires seront validés dans une semaine exactement, et pas avant, au moment de l’accrochage d’une nouvelle toile.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous!
A quoi rêve t’elle cette belle, ou plutôt a qui rêve t’elle?
Moi, je le sais bien, elle rêve à ce livre qu’elle lit.
Un livre de nouvelles légères, un livre frivole, où son cœur s’évade
lui qui bat si fort et que personne n’entend.
Elle s’imagine des aventures burlesques, elle qui aime tant la fantaisie et la dérision, elle s’invente des amours interdits, des amants d’un jour
pour retrouver le premier émoi de sa jeunesse.
Elle tourne les pages, et les pages, songeant à cette vie, la sienne qui s’égare dans le temps,
elle s’amourache de personnages fictifs, de sentiments troublants, de désirs incandescents, mais elle sait bien que toutes celles-ci ne sont que des histoires, des ritournelles d’un temps passé, des petites fabulettes surannées, mais elle les aime tant, et ne peut s’en passer.
Elle ne fait que rêver, rêver, juste, pour se sentir vivre.
Comment by haÏku — 25 juin 2013 @ 12:53
DE GRANDS CHÊNES ÉPISTOLAIRES
« De quoi se mettre de l’encre dans la tête… »
Il avait préparé son meilleur répertoire. En moindres détails peaufinés. Des accords en mots peu ordinaires, bien choisis, sonnant en harmonie. Des histoires en paroles rythmées, coulant, incisives. Sous sa guitare en bandoulière, il pouvait enfin sortir de l’ombre.
Or ici, dans cet autre monde connexe, parallèle, ceci se serait poursuivi ainsi, si par un hasard bien heureux, l’autre poète chanteur, inconnu lui aussi, ne fût enlevé par des aliens avenants.
Ces bougres lui montrèrent l’avenir de l’humanité :
Les grands chênes s’éteignent écrasant tous les petits chevaux clonés.
Les gorilles agonisent sur des claviers intoxiqués par des croque-notes.
Les bougnats adultères se robotisent délaissant leurs femmes de pierre.
Le corps sage de Margot s’enfuit et les sabots d’Hélène pataugent du côté des junkies.
Là où la plage de Sète se bétonne jusqu’au fin fond du plancher.
Là où il ne suffit plus de passer l’éponge,
Et où Cupidon s’enroue…
Ils le relâchèrent. Lui rendirent sa plume. Avait-il donc rêvé ? Or de nombreuses idées fusèrent de cette expérience inconsciente mais riche. Il s’associa avec sa compagne, ce grand Georges. Et Lio, tout à fait d’accord concocta avec lui des textes laliens courts mais précis, où ils montraient sans relâche les travers de l’humanité.
Et puis, sa sagesse a grandi. Il sait qu’il n’a pas rêvé. Des formes de vie extrêmement intelligente existent dans l’univers. En effet, elles se sont toujours bien gardées de nous contacter ouvertement…
Comment by Cavalier — 29 juin 2013 @ 18:15
Je savais si peu de moi et presque rien de ceux qui on porté mon nom avant que je vienne au mond, que je ne pouvais que raconter, avec conviction, des histoires d’enfance que je n’ai pas vécues.
Et pourtant, elles étaient toutes vraies.
Les étés à la mer, à écrire dans le sable le destin des bateaux qui s’effaçaient à l’horizon, et tous ces soirs où le soleil naufrageait, dans un coin de la mer derrière la falaise.
Les printemps parfumés chez les grands-parents, à la campagne, où ça sentait bon la pomme et la cannelle. Et les chiens qui courraient, joueurs amusés, derrière poules et moutons. Et les oiseaux qui venaient, chaque matin, chanter pour la dame aux cheveux blancs, qui avait un sourire si heureux d’exister, malgré le souvenir de tous ces regards partis un soir d’hiver en laissant derrière eux le souvenir impérissable de leurs vies brisées.
Le petit village égaré tout en haut de la montagne. Les gens, le dimanche, autour de la table, chantant, riant et dansant, après une semaine de dur labeur. Le boulanger qui jouait du violon, grand-père qui l’accompagnait avec son vieux piano à bretelles, tandis qu’on gardait le rythme en tapant des mains. Tout était si vrai et si coloré. Comme dans un tableau de Georges de La Tour.
Puis, il me vient le souvenir d’un été tardif et la grande demeure bourgeoise, où Mme Olympe, veuve d’un grand général de l’armée coloniale portugaise, dépensait ses journées à lire les vies passionnantes de Rosa Parks, d’Alexandra David-Néel, de Karen Blixen ou encore d’Anne Frank.
Et tout était si vrai. Et même que certaines nuits d’isonomie, j’entends mon cœur solitaire me le rappeler encore et encore. Inlassablement.
Comment by Armando — 30 juin 2013 @ 5:21