En vos mots 317
C’est à l’illustratrice Kadi Kurema, originaire d’Estonie, que nous devons la scène livresque de ce dimanche que je vous invite une fois de plus à raconter. En vos mots.
Comme le veut cette habitude instaurée depuis plus de six ans, aucun commentaire ne sera validé avant le prochain accrochage, c’est-à-dire dans une semaine. Ce qui vous laisse amplement le temps de tisser une histoire, d’aligner quelques vers ou même d’écrire une seule phrase. Car il n’y a pas de règles au pays de Lali. Juste le plaisir de l’écriture et du partage à partir d’une toile tous les dimanches depuis avril 2007.
Bon premier dimanche de mai à tous et que l’inspiration soit au rendez-vous!
J’ai toujours aimé observer ces gens paisibles qui s’abandonnent à la lecture et qui voyagent accrochés aux ailes de mots inconnus, se laissant emporter par la rivière de l’écriture.
Que lisent-ils?… Où sont-ils?…
Ils écrasent le monde de leur présence et cependant on les dirait absents. Ailleurs. Suspendus à des nuages de velours, où il fait bon s’attarder quelques heures. Sans déranger la boulimie du temps qui passe, comme un ogre, avalant les poussières d’or de nos âmes.
Et je me dis qu’il doit avoir chez eux quelques frêles éclats d’éternité qui dansent, comme des aurores boréales, dans le ciel infini de leurs somptueux silences.
L’homme a de ces secrets impénétrables et tendres que les mots ne sauront jamais briser. Même s’ils sont fragiles comme des monarques aux couleurs vives. Et si beaux que le printemps les jalouse.
Comment by Armando — 9 mai 2013 @ 0:00
PRIME TIME
» Ça fleure bon l’enfance… »
Le pont était tranquille, jeté au raz du fleuve.
L’eau écumait bruyante au sortir du barrage,
Et, se pensant si pure, grondait qu’on s’en abreuve.
Deux caravanes fondues sous un ancien garage
Mouraient témoins du temps dans le camping désert.
Des taches de pâquerettes couraient sur l’herbe rase
Et signaient notre amour sur un tapis trop vert.
Comme des gosses nous grimpions dans un grand saule têtard.
En cette tour nous dansions sur quelques mégots blonds.
Puis sur la grève jouions. Là parmi de blafards
Plastiques, loin nous jetions dans l’eau glauque, des bidons.
Comment by Ffup de Bretagne — 9 mai 2013 @ 5:43
J’aimerais bien « tisser » une histoire comme le propose Lali mais le fil de trame s’emmêle ou se défile à chaque mot.
Lorsque je pense avoir trouvé le bon bout de l’histoire et que tout semble s’enchaîner à souhait, l’armure s’annonce toute mitée et n’est pas assez résistante pour la toile.
Alors me trotte dans la tête cette phrase de Boileau « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage »,
mais les phrases s’effilochent et l’histoire rapetisse au lieu de s’étoffer. Je pense que je dois filer un mauvais coton…
Comment by Flairjoy — 9 mai 2013 @ 6:47
PORTIQUE
Assise sur la prairie verdoyante,
sous les pommiers en fleur, tranquille dans ta grande
robe blanche, bouffante, tu lis les derniers potins,
aux voici, aux voilà, aux plaids dévoilés – Mais alors un grand vent
prend la ramure des gobelets, les courbant
à l’angle de mille sentiers muets : ce sont les
collines noirâtres qui explosent. Et elles s’épanouissent,
géologiques, tout au long de leurs strates de mystère, comme
de grands chemins poudrés, sous le bras décharné
d’un portique au lointain…
Comment by Cavalier — 11 mai 2013 @ 6:36
Le printemps en Estonie ! Dominique en rêvait… Assise sous son arbre, auprès de son frère, elle pensait.
« J’ai lu un si joli roman, qui se passait là-bas, quand j’étais enfant… » lui avait écrit son amie. « Anna-Elisabeth dans la tourmente »… Et son amie lui avait prêté le livre: on y trouvait tout: le XVIIIème siècle, qu’elles aimaient, les robes à paniers, les pays baltes, l’Estonie après la guerre, l’occupation russe, le fantassin amoureux qui lui avait offert un pain en forme de couronne, sa grand-mère, si fine, si courageuse, l’anniversaire, le dernier souper, la tasse de chocolat, la bougie, et puis l’exil en Suède.
Il paraît qu’il fait si bleu ! Dans les pays baltes… Bleu et blanc, comme au printemps !
Comment by Pivoine — 11 mai 2013 @ 10:52
J’aime quand nous lisons ensemble dans la nature.
Appuyé l’un à l’autre. Quelquefois par le seul contact du dos, d’un coude, d’une épaule.
Il arrive que nous parcourions le même ouvrage de concert.
Parfois nous nous plongeons chacun dans le nôtre.
Tout concourt à nous ravir: la puissance du texte, la force de l’arbre, la présence aimée. Si précieuse.
Le parfum des fleurs, la couleur de l’herbe, la douceur de l’air.
Impressions amplifiées.
Qu’elles sont belles pourtant aussi, les lectures d’hiver! Devant le feu, sur le canapé.
Si grande soit la passion de lire, et quel que soit le lieu, il vient toujours un moment toutefois, où je pose le livre. Pour remercier de tant de grâce donnée en partage.
Comment by Anémone — 12 mai 2013 @ 7:55
Bonjour Lali et vous tous et toutes!
Je suis émerveillée de vos talents et de la diversité des textes.
Et tout spécialement pour Flairjoy, n’oublie pas que Lali propose aussi de n’écrire même qu’une seule phrase.
Je pense que si nous voulons absolument construire une histoire, cela ne va pas nécessairement de soi.
Si par contre nous laissons venir les mots sans projet, il arrive que s’alignent tout à coup plusieurs phrases.
Et même s’il n’y en a qu’une! J’ai déjà lu des textes de toi, c’était de la belle étoffe! Je te fais confiance pour retrouver le fil de l’inspiration et me réjouis de te lire.
Bien à vous et merci d’être là.
Comment by Anémone — 12 mai 2013 @ 8:34
Salut bande de traceurs de mots. I like it!… C’est de l’anglais. Vous ne pouvez pas comprendre. Bisous du dimanche après-midi vers 14h45 et des poussières… à Bruxelles, bien évidemment.
Comment by Mémé du dimanche — 12 mai 2013 @ 8:46