Lali

19 août 2012

En vos mots 280

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

La lectrice peinte par Vincent Giarrano vous attend. Si, si. Prête à vous dire qui elle est. Mais oserez-vous l’aborder? Irez-vous jusqu’à nous parler d’elle, de cette rencontre entre vous, des mots que vous avez échangés?

Vous n’avez pas besoin de répondre dès aujourd’hui, puisque les commentaires ne seront pas validés avant une semaine. Ça vous laisse amplement le temps de faire connaissance et de nous écrire en vos mots quelques lignes, non?

3 commentaires »

  1. Elle lit sur les marches. Comment oserais-je la déranger?
    Troubler cette cohésion intime avec le texte? Avec ce que je perçois d’elle, immatériel et si bien ancré?
    Son charme est de se laisser contempler.
    De demeurer l’héroïne inconnue d’un univers ignoré.
    Elle incarne l’infinité des possibles aussi bien qu’une figure aux caractéristiques strictement balisées.
    Nulle place ici pour une réponse inadéquate. Pour quelque distorsion inappropriée.
    Elle restera la lectrice aux colonnes de marbre.
    La toute pleine de grâce.
    Celle qu’on a la chance de voir non blessée par le dur carcan de la réalité.
    Celle qui reste elle-même, devant la volonté perverse d’interpréter.
    Celle qui a le tact et l’immense générosité de se donner pour support à mon rêve sans le forcer.
    Celle qui me laisse libre, comme je lui laisse sa liberté.
    Celle qui accepte mon regard, ne fût-ce que par inadvertance.
    Celle qui n’a pas besoin d’être inventée

    Comment by Anémone — 21 août 2012 @ 18:04

  2. Engoncé dans mon habit trois pièces, étouffé par ma cravate de gestionnaire, je passais tous les jours devant ce loft de Soho où dès les premiers rayons du printemps jusqu’aux premiers frissons de l’automne elle s’assoyait pour lire sur les marches du plus populaire des « cast iron building » de New York.

    Une chose en elle me bouleversait. Ce n’était pas sa longue tignasse noire, ni son décolleté plongeant, ni son attention indéfectible vouée à sa lecture mais cette fille splendide semblait si bien dans ses baskets.

    Comment by Paul Temps — 24 août 2012 @ 10:20

  3. Le feuillage des arbres avait déjà perdu un peu de sa superbe. On aurait dit qu’il voulait annoncer, à leur manière, la fin toute proche de l’été. À cette heure-là, dans le parc, il y avait un couple de jeunes amoureux. Lui avait un ballotin de pralines posé sur ses genoux et elle le dévorait d’un regard tendrement amoureux. Ils m’avaient semblé un peu trop jeunes pour douter de leurs prudes promesses. Près de l’étang, une vieille dame jetait de la mie de pain aux canards. En leur parlant. Comme les vieilles personnes qui n’ont plus personne à qui parler. À mon passage, elle m’a souri. Avec ce sourire qui habille les enfants quand ils s’aperçoivent que quelqu’un les regarde.

    Assise, au bas de l’escalier qui mène à la bibliothèque municipale, une fille lisait, lointaine et sereine. Je l’ai trouvée amoureusement belle. Mon cœur a suspendu son destin et j’ai toussé. Dans l’espoir de croiser son regard. Mais elle n’a pas bougé un seul de ses cils. Malgré mon regard insistant. Son livre retenait toute son être.

    Et Bach m’est revenu. Depuis les premières heures du jour qu’un air de Bach voyageait, comme une colombe fragile, dans le ciel de mon esprit. Puis, comme pour un interlude, je revenais dans le monde, avant de m’enchainer, de nouveau, à la magie de Bach. Au parfum rose d’une rêverie de voyage qui s’attarde. Pour enivrer les sens. Rien qu’en fermant les yeux. Et revoir l’image de cette fille perdue dans son livre.

    Comment by Armando — 26 août 2012 @ 3:47

Flux RSS des commentaires de cet article. TrackBack URI

Laisser un commentaire