En vos mots 270
Allongée au milieu des roses, avec pour tout compagnon un livre, la lectrice peinte par Edith Mitchill Prellwitz attend que vous la racontiez en vos mots, que vous lui dessiniez un passé, que vous lui inventiez des aventures. Vous avez une semaine pour le faire, comme le veut l’habitude, puisque les commentaires ne seront pas validés avant dimanche prochain.
D’ici là, si le cœur vous en dit, profitez-en pour vous mettre sous la dent les textes qui ont animé la toile de dimanche dernier. Et bien entendu, bon dimanche!
Il faisait si chaud qu’elle s’était à peine vêtue. Elle ne se serait couverte que de pétales de roses si elle l’avait pu. Ceux-ci, tombant de temps à autres sur les feuillets qu’elle lisait, lui apportaient un parfum suave de liberté et lui donnaient du courage. Pour vivre sa vie de femme malgré des désirs inassouvis. Pour accomplir les tâches qui lui incombaient, lorsqu’elle n’avait pas le loisir de s’allonger comme maintenant dans l’herbe pour méditer, réfléchir, et profiter de l’air d’été. A ses oreilles le vrombissemnt des insectes et quelques chants d’oiseaux. Dans ses membres alanguis, une lassitude qui pouvait se laisser aller. Elle bénissait le ciel pour la douceur qui l’enveloppait, et la consolait de toutes les vicissitudes du monde.
Comment by anémone — 11 juin 2012 @ 16:06
ÉTENDUE PARMI LES ROSES
Son corps vêtu d’un voile de tulle transparent,
Sa tête relevée, les yeux dans le néant,
Un livre gît tout près recouvert de pétales,
Qu’elle feuillette, distraite et n’y comprend que dalle.
J’aimerais bien lui créer une histoire d’aventures,
Pas de cap et d’épée ni de guerre bien sûr
Mais d’intrigues amoureuses, romantiques ou douteuses.
Je lui inventerais une fin insidieuse.
Voyant venir un prince dans le clair horizon,
Elle s’empresserait de défaire son chignon.
Le prince élégamment descendrait du cheval
Pour demander son chemin sans faire de scandale.
Elle se verrait déjà conquise par son charme
Mais il la plongerait dans une vallée de larmes.
Lui resterait un livre au langage inconnu,
Un décor de roses et un amour déchu.
Comment by Armèle Labelle — 12 juin 2012 @ 11:00
J’ai toujours vécu persuadée que je n’avais pas de souvenirs tristes de ma tendre enfance. D’ailleurs cela ne m’a jamais tourmenté l’esprit.
Je suis persuadée que cela doit être un sentiment commun à une majorité de ceux qui n’ont connu que les bonheurs du printemps, les joies de l’été et les douceurs de l’hiver, autour d’une chaleur familiale.
Certes, mon père s’était éloigné de mon existence alors que je n’avais pas encore un an. Mais il ne m’a jamais manqué. Pas une seul seconde. Grand-mère et maman m’ont comblée de toute les attentions et de toute l’affection nécessaires à un enfant. Toujours si tendres et rieuses, que j’ai longtemps cru que je vivais chez les deux personnes les plus heureuses sur cette Terre.
Ce dimanche-là, alors que les nuages d’un printemps tardif avaient eu raison de mes projets de promenade dominicale autour du lac et que j’avais choisi de ranger le grenier, je suis tombée sur l’image sépia d’un soldat parti au front.
Au fil des mots, il m’est venu à l’esprit le souvenir enfui d’une main froide caressant mon visage de petite fille et d’une voix tremblante, murmurant je t’aime.
Puis, la tête basse et le corps décomposé, comme un homme perdu, défait par la douleur, il s’était laissé avaler par la nuit noire. Sans se retourner.
Comment by Armando Ribeiro — 17 juin 2012 @ 5:09