Lali

29 mai 2011

En vos mots 216

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

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Une lettre. Mais à qui donc est-elle destinée? De qui vient-elle? A-t-elle franchi l’océan? Est-elle attendue depuis le temps? Changera-t-elle la vie de quelqu’un? À vous de répondre à l’une ou l’autre de ces questions ou à toutes. En vos mots.

Vous avez sept jours pour le faire puisqu’aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. La toile de l’artiste Thomas Liddall Armitage attend vos histoires pour se déployer… En fait, elle n’attend que ça!

6 commentaires »

  1. Peu importe le temps, il fait déjà moins sombre
    lorsque l’ami écrit, puisqu’il chasse l’ennui.

    Comment by LH — 3 juin 2011 @ 10:29

  2. « A une jeune fille

    Vous qui ne savez pas combien l’enfance est belle,
    Enfant ! n’enviez point notre âge de douleurs,
    Où le coeur tour à tour est esclave et rebelle,
    Où le rire est souvent plus triste que vos pleurs.

    Votre âge insouciant est si doux qu’on l’oublie !
    Il passe, comme un souffle au vaste champ des airs,
    Comme une voix joyeuse en fuyant affaiblie,
    Comme un alcyon sur les mers.

    Oh ! ne vous hâtez point de mûrir vos pensées !
    Jouissez du matin, jouissez du printemps ;
    Vos heures sont des fleurs l’une à l’autre enlacées ;
    Ne les effeuillez pas plus vite que le temps.

    Laissez venir les ans ! Le destin vous dévoue,
    Comme nous, aux regrets, à la fausse amitié,
    A ces maux sans espoir que l’orgueil désavoue,
    A ces plaisirs qui font pitié.

    Riez pourtant ! du sort ignorez la puissance
    Riez ! n’attristez pas votre front gracieux,
    Votre oeil d’azur, miroir de paix et d’innocence,
    Qui révèle votre âme et réfléchit les cieux ! »

    Victor Hugo

    Comment by Denise — 3 juin 2011 @ 16:12

  3. Bon matin monsieur le facteur!
    Je vous présente ma fille Hermance.
    Ne vous fiez pas aux apparences,
    Elle est timide mais a bon cœur.

    À la fin de votre tournée,
    Si vous êtes un peu en avance,
    Afin de mieux faire connaissance,
    Venez donc prendre une tasse de thé!

    Comment by Flairjoy — 3 juin 2011 @ 16:47

  4. La lettre

    Papa était parti à la guerre voilà plus d’un an. Les seules nouvelles que nous avions c’était le soir, lorsque maman, l’oreille collée au poste de radio, écoutait les nouvelles du front, à la radio nationale.
    Après les nouvelles, maman aimait toujours lire un peu. En écoutant de la musique classique. Brahms, Mahler, Camille Saint-Saëns. J’aimais bien. Je regardais maman lire, avec son air doucement triste et serein. On aurait dit un de ces personnages énigmatiques et paisibles tout droit sortis d’un tableau de la Renaissance.

    Maman disait que tant qu’on n’aurait pas de nouvelles de papa c’est que tout allait bien. Il ne fallait pas s’inquiéter. Pas de nouvelles, bonne nouvelles, disait-elle rougissant rien qu’un peu, comme trahie par son propre mensonge.

    Des fois, elle racontait en riant que la seule fois qu’elle avait vu papa écrire c’était lors de leur mariage. Il avait mis au moins cinq bonnes minutes à dessiner son nom dans le livre de mariage. Si, disait maman, cela ne s’appelle pas écrire, mais dessiner.

    Je m’apprêtais à partir pour l’école quand le postier est venu avec une lettre pour maman. Maman tremblait d’inquiétude jusqu’à ce qu’elle reconnaisse l’écriture. « C’est ton père. Je reconnais son écriture. » Elle s’est réfugiée dans un coin de la cuisine et a dévoré la feuille de papier grossier d’un trait. Puis, retenant ses larmes, elle m’a regardée en souriant et murmurant : « Papa va bien. Il nous aime. » Et elle m’a accompagnée à l’école habillée du plus beau sourire que je lui avais jamais connu.

    Je vous raconte cela parce que cette lettre a hanté mon esprit toute mon enfance. Je voulais à tout prix lire ce que papa avait écrit. Ou dessiné. Si je fais confiance aux racontars de maman. Puis en grandissant je l’ai oubliée. Enfin, je croyais l’avoir oubliée. Jusqu’au jour où, en rangeant dans le grenier les affaires de maman, je suis tombée sur cette lettre. Un parfum d’enfance m’a inondé le cœur et je n’ai pas résisté à l’ouvrir. Et je suis restée longtemps figée sur ces quelques mots :

    « Je vous aime, tellement. »

    Auxquels papa avait ajouté un cœur.

    Puis, j’ai rangé la lettre, et je suis descendue. Maman préparait le diner et papa lisait son journal assis sur un petit banc à l’entrée de la cuisine. Je me suis approchée et je l’ai embrassé tendrement. Il a souri. Je savais qu’il m’aimait. Et moi aussi je l’aimais. Tellement.

    Comment by Armando — 5 juin 2011 @ 7:53

  5. « Verdun, 15 juillet 1916, 4 heures, soir
    Mes chers parents,
    Je suis encore vivant et en bonne santé, pas même blessé alors que tous mes camarades sont tombés morts, ou blessé aux mains des Boches qui nous ont fait souffrir les milles horreurs, liquides enflammés, gaz lacrymogènes – gaz suffocants – asphyxiants, attaques…
    Ah ! Grand Dieu, ici seulement c’est la guerre.
    Je suis redescendu de première ligne ce matin. Je ne suis qu’un bloc de boue et j’ai dû faire racler mes vêtements avec un couteau car je n e pouvais plus me traîner, la boue collant mes pans de capote après mes jambes… J’ai eu soif… pas faim… J’ai connu l’horreur de l’attente de la mort sous un tir de barrage inouï… Je tombe de fatigue… Je vais me coucher, au repos dans un village à l’arrière où cela cogne cependant, voilà dix nuits que je passe en première ligne. Demain les autos emmènent le reste de mon régiment pour le reformer à l’arrière, je ne sais encore où.
    J’ai reçu à mon retour ici vos lettres et le colis. J’ai compris la combinaison proposée par le Cheu. Merci.
    J’ai sommeil, je suis plein de poux, je pue la charogne des macchabées.
    Je vous écrirai dès que je vais pouvoir. Soyez donc tranquilles. J’espère que le gros coup pour nous a été donné. Bonne santé, et je vous embrasse bien affectueusement.
    Georges
    Ne m’envoyez plus de colis.

    Le capitaine adjudant-major Georges Gallois était un inspecteur de la police parisienne avant la guerre. Il avait vingt-neuf ans en 1914. Mobilisé au 221e régiment d’infanterie, il ne retrouva son épouse et sa fille née en février 1914 qu’à l’âge de trente-trois ans. Il survivra à la guerre mais sera tué le 25 juin 1944 lors du mitraillage d’un train par des avions alliés, en Seine-et-Marne. »
    Extrait de « Paroles de Poilus » Lettres et carets du front 1914-1918 – Ed. Librio – p. 146

    Comment by LOU — 5 juin 2011 @ 11:42

  6. LE FACTEUR

    Lydie était une correspondante avide. Elle écrivait à ses parents, ses amis, ses connaissances. Aucun jour ne passa sans que Lydie prenne son encre, sa plume et son papier pour gratter un petit bonjour, un grand salut, ou des mots tendres, drôles, et gentils.
    Par conséquent, elle recevait toujours un tas de réponses, aussi drôles, tendres ou gentils, selon l’occasion. Elle adorait recevoir son courier chaque jour vers onze heures pour la première relève et encore dix-sept heures pour la deuxième.
    Monsieur Thomas, le facteur, de devait jamais sonner à la porte. Son pas quittant le trottoir était presque toujours accueilli par l’ouverture de la porte, et le visage souriant de Lydie qui regardait ses mains pleines d’enveloppes.
    Sa soeur, Pénélope, par contre, était aussi timide sur papier qu’en personne. Elle ne parla que rarement, ses yeux parlaient pour elle, sauf quand un mot était absolument nécessaire. Ce n’était jamais elle qui osait ouvrir la porte, jamais elle qui s’y présentait toute seule, et jamais elle qui adressait un mot à monsieur Thomas, l’homme qu’elle adorait impossiblement, de tout son grand petit coeur, si grand et si beau qu’elle n’osa même pas le regarder.

    Comment by joye — 9 juin 2011 @ 9:30

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