En vos mots 191
Le blog d’Arthenice est longtemps resté muet et c’est en le retrouvant récemment, vivant à nouveau depuis quelques mois, que j’ai appris qu’Arthenice se consacrait désormais à sa passion, soit la peinture. Et c’est au fil des pages que j’ai rencontré sa lectrice, une lectrice qu’elle m’a confiée afin que je l’offre à vos mots, afin que vous la fassiez vivre à votre manière, en poésie ou en prose.
C’est donc un dimanche bien spécial que celui-ci puisque l’artiste pourra découvrir dans sept jours ce que sa lectrice vous aura inspiré car c’est à ce moment et pas avant que tous les commentaires seront validés. Peut-être, qui sait si Arthenice elle-même ne nous racontera pas la genèse de cette toile?
Tout cela, nous le découvrirons dans une semaine… Puisse celle-ci passer très vite!
Arthenice est fatiguée. Elle a mal aux articulations, elle a la migraine et son regard se brouille.
Pendant qu’elle peignait cette toile qu’elle avait appelé « La lectrice », (elle aimait bien donner des noms à ses tableaux avant même qu’ils ne soient achevés) elle ne sentait rien. Ni ses poignets crispés, ni ses jambes lourdes. Rien.
Elle sait qu’il va falloir cesser de peindre et affronter la douleur avant de trouver le repos.
Arthenice a repris sa palette. Elle a posé trois petites touches bleues sur la toile.
Une sur les cheveux de sa « Lectrice », la seconde à son annulaire et la troisième sur le livre qu’elle porte serré contre elle.
Trois petites taches bleues – ni ciel – ni turquoise, comme les trois gouttes de sueur qui perlent sur le front d’Arthenice et qu’elle essuie d’un revers de sa main maculée. Son front fragile a rosi. Ses yeux pâles se sont remplis d’eau. La « lectrice » d’Arthenice est devenue elle-même.
Comment by lizagrèce — 5 décembre 2010 @ 17:11
Un journal où se cachent quelques mots nostalgiques
Comme une ombre au tableau d’une vie sans histoire,
Des regrets, des rejets, des abandons cycliques
Et un rêve sans fin d’un seul moment de gloire.
Flairjoy
Comment by Flairjoy — 11 décembre 2010 @ 8:02
Chaque jeudi, Muriel vient rendre visite à son oncle. Il a été le père qu’elle n’a pas connu.
Il l’a toujours encouragée dans ses études. Et dès qu’elle était en âge de lire, il lui lisait de magnifiques contes, des histoires sur le monde, lui suggérait de voir tel film plutôt qu’un autre et lui apprit aussi la poésie. Son oncle Robert était professeur d’histoire et il s’intéressait à tout ce qui l’entourait. C’était un puits de science. Muriel pouvait lui poser toutes les questions, il y répondait toujours et sa joie se lisait sur son visage. Ses yeux étirés en amandes avaient cette douce lueur du plaisir qu’il pouvait partager avec sa nièce. Ce fut des moments merveilleux.
Mais voilà, Robert n’est plus tout jeune et parfois, les forces lui manquent pour sortir.
Donc, le jeudi, est un jour sacré pour Robert et Muriel. De jeudi en jeudi, il se réjouit de sa visite.
Sur sa petite table du salon, il dispose toujours du thé et quelques gâteaux et lorsque Muriel arrive, elle s’installe dans le fauteuil en face de son oncle. C’est ainsi depuis plusieurs années.
Aujourd’hui mardi, c’est différent et pour rien au monde Muriel ne voulait manquer sa visite.
Elle a pris congé pour fêter les quatre-vingts ans de son oncle. Il était impensable qu’il passe cette journée tout seul. Avocate de profession, Muriel n’a eu aucune peine à fermer son étude
pour la journée. Le matin, elle lui a fait livrer des fleurs car elle souhaitait que sa visite soit une surprise.
De sa penderie, elle sort sa plus belle robe, celle qu’elle a fait faire sur mesure, une robe incroyablement raffinée et c’est ce jour qu’elle l’étrenne. Il faut que je sois belle pour mon oncle…
Elle glisse à ses doigts trois bagues de la couleur de sa robe et attache dans ses cheveux un ravissant ruban avec une pierre bleue ce qui met en valeur ses extraordinaires yeux gris-bleu.
Elle prend le temps de se maquiller légèrement sans oublier la petite touche rose sur les lèvres.
Avant de partir, elle n’oublie pas de prendre le livre qui attend depuis une semaine sur lequel, elle a pris soin de coller une très belle pierre bleue. Robert lui parlait souvent de la mer, de la mer bleue, des voyages qu’il effectuait sous un ciel couleur aigue-marine.
Muriel se tient à l’entrée du salon de son oncle qui lit le journal.
-Bonjour mon oncle!
-Mais…mais… que fais-tu là ma petite chérie?
-Je suis venu pour ton anniversaire, l’aurais-tu oublié?
-Ma petite Muriel comme tu es belle, approche! Non, je n’ai pas oublié. Tes fleurs m’ont fait
un immense plaisir et je ne pensais pas te voir aujourd’hui.
-Tu n’imaginais tout de même pas que tu passerais ce beau jour tout seul? Et Muriel vit couler
quelques larmes sur les joues à peine ridées de son oncle. Robert était très ému.
Tous les deux, nous allons fêter ton anniversaire. Je t’invite au restaurant. Tu n’auras aucun
problème puisque j’ai ma voiture mais auparavant, je souhaite te lire un poème. Accepte cela
comme un petit cadeau de ma part. Tu as toujours été si présent pour moi, tu m’as lu tant
de poèmes qu’aujourd’hui, c’est mon tour.
Muriel s’assied à côté de son oncle, lui prend la main et lui dit, écoute…
L’églantine de Marceline Desbordes-Valmore
Églantine ! Humble fleur, comme moi solitaire,
Ne crains pas que sur toi j’ose étendre ma main.
Sans en être arrachée orne un moment la terre,
Et comme un doux rayon console mon chemin.
Quand les tièdes zéphirs s’endorment sous l’ombrage,
Quand le jour fatigué ferme ses yeux brûlants,
Quand l’ombre se répand et brunit le feuillage,
Par ton souffle, vers toi, guide mes pas tremblants.
Mais ton front, humecté par le froid crépuscule,
Se penche tristement pour éviter ses pleurs ;
Tes parfums sont enclos dans leur blanche cellule,
Et le soir a changé ta forme et tes couleurs.
Rose, console-toi ! Le jour qui va paraître,
Rouvrira ton calice à ses feux ranimé ;
Ta mourante auréole, il la fera renaître,
Et ton front reprendra son éclat embaumé.
Fleur au monde étrangère, ainsi que toi, dans l’ombre
Je me cache et je cède à l’abandon du jour ;
Mais un rayon d’espoir enchante ma nuit sombre :
Il vient de l’autre rive… et j’attends son retour.
Comment by Denise — 11 décembre 2010 @ 9:49
Perdue dans le satin des ses silences
Corps épuisé par les baisers d’un amant
S’abandonner à la douce et étrange errance
Partir loin pour vivre hors du temps
Vivre entre plaisirs fous et volupté
Être le désir, la convoitise et l’envie
Comme on vit pour être aimé
Dans un décor sans interdits
Et, comme une promesse d’être heureuse
Ses rêves tendres d’Anaïs Nin, un soir de pluie
Elle se rappelait encore l’encre rêveuse
Dansant charnelle dans le ciel de son ennui
Comment by Armando — 11 décembre 2010 @ 10:48
Je la reconnais, c’est elle, oui c’est bien elle : la femme coquelicot !
Comment, vous ne la connaissez pas ? Et Noëlle Chatelet, non plus ?!
Alors, courrez vite, vite, vite ! Où ? Mais vers votre librairie, voyons…, et demandez le livre : » La femme coquelicot » de Noëlle Chatelet.
Rentrez chez vous, sans tarder. Prenez un châle (crocheté main), madame. Enfilez votre bon vieux pull (avachi…), monsieur.
N’oubliez pas le bol de thé (Earl Grey de préférence) ou la tasse de chocolat (bien épais). Ah, pensez à la tranche de cake, ou à la petite madeleine au chocolat (j’adore).
Et en route pour une bonne après-midi de lecture.
Madame : vous deviendrez Marthe. Et Monsieur : Félix.
Bon d’accord, c’est un peu « Fleur bleue », n’est-ce pas monsieur. Mais une belle histoire d’amour, cela cicatrise les bleus à l’âme, non ?!
Comment by LOU — 11 décembre 2010 @ 14:57
Poser jour après jour, ses silences sur la toile
Etendre les envies, étirer tous les rêves
Inspirer la douceur et la faire jaillir
Noir vibrant d’éclats multicolores
Draper tant de questions lovées dans ses replis
Rouvrir toutes les plaies que les couleurs apaisent
Et avec ses pinceaux conjuguer le verbe Aimer …
Comment by Chris — 12 décembre 2010 @ 7:01
C’est toute vibrante d’émotion que j’achève la lecture de ces magnifiques morceaux choisis!
Merci merci infiniment, je pense qu’un « peintureuse » comme moi ne peut rêver mieux comme approche extérieure de son travail pictural. Une harmonie parfaite entre mots et couleurs…
Comment by Cat — 13 décembre 2010 @ 2:44