Lali

18 juillet 2010

En vos mots 171

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

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Mais quel peut bien être ce livre qu’elle tient précieusement? À vous de nous raconter l’histoire de celui-ci ou celle de la lectrice peinte par l’artiste d’origine angolaise établi aux États-Unis Jorge Santos, puisque la toile vous appartient pendant sept jours. Le temps de l’examiner sous toutes les coutures, de vous laisser imprégner par celle-ci, d’écrire quelques lignes, en prose, en vers, de raconter ce qu’elle évoque de souvenirs, quelles émotions elle suscite.

La suite? Nous la lirons dimanche prochain alors que tous vos textes seront validés.

Puisse la toile de ce dimanche ne pas rester muette!

2 commentaires »

  1. À la tombée du jour, les ombres s’allongeaient et Lisbonne sentait la sardine grillée, la tomate, les poivrons et l’huile d’olive. Je me promenais libre et sans destin, comme ces nomades qui s’en vont toujours quelque part. D’un point à un autre, ayant pour seul destin l’instant qui passe et qu’ils voudraient retenir pour longtemps dans le grand calepin de la mémoire. Parfois pour toujours.

    Lisbonne est ma ville. Belle et majestueuse. Triste et joyeuse à la fois. Comme ces villes qui ont un cœur qui bat sans s’épuiser. Je m’enivre de ses moindres murmures. Le murmure des enfants qui courent, comme des oisillons, derrière un ballon. Le murmure d’un fado qui sort d’une fenêtre d’un des ces immeubles si anciens qu’on les croirait sortis d’une vieille carte postale. Le murmure des trams quand ils ralentissent dans les tournants étroits. Le murmure du vent qui souffle sur les cheveux blancs des vieux assis dans les miradors de la ville. Le murmure des baisers des amoureux qui se promettent des avenirs toujours heureux.

    Je me souviens qu’un homme jouait, solitaire, de la guitare en regardant passer le Tage. Comme pour l’enchanter. Ou passer le temps. Qu’importe. J’ai pris son image dans mon cœur et j’ai souri. Ma promenade n’en était que plus belle, embellie de cette image.

    Pendant combien d’heures j’ai marché ce jour-là? Je ne me rappelle guère. Comment voulez-vous que je m’imprègne des choses si je dois faire attention au temps qui passe ?… Impossible de vous dire. Juste que ma promenade était belle et heureuse. Il existe une partie de la ville que j’appelle entre Lisbonne et Tage où la promenade est la plus belle du monde. Nulle part ailleurs dans le monde on ne peut pas faire une promenade si belle. Certes je ne connais pas le monde entier mais je sais que nulle part ailleurs on peut faire une promenade aussi parfumée de souvenirs d’enfance, où la mémoire du temps passé vient vous caresser à chaque pas et où les larmes qui viennent valser dans le regard sont des larmes heureuses. Comme seule peut être la saudade.

    Je me souviens que je me suis assis sur un banc d’où on pouvait voir les lumières du pont 25 avril s’allumer comme les bougies d’un sapin de noël. À quelques mètres, une guitare murmurait un fado triste d’Amália. Mon Dieu que j’aime les fados tristes. Je ne sais pas pourquoi il m’est venu à l’esprit l’image de cette fille traversant la route un livre sous le bras, ses doigts faisant office de marque-page. Où allait-elle ?… Qu’est-elle est devenue ?…

    J’ai souri à l’idée de ne pas trouver de réponses à mes questions, alors que la nuit s’était posée sur Lisbonne. Le pont illuminé était majestueux. De l’autre côté de la rive, des centaines de petites lumières étaient nées. Un bateau menait les gens vers l’autre rive et des pétales de lune dansaient sur le Tage et je n’avais qu’une envie, arrêter le temps….

    Comment by Armando — 18 juillet 2010 @ 12:40

  2. La vie d’Elisa n’est pas toujours rose. Loin de là!

    Elle n’est pas orpheline, non! Elle vit avec ses parents et ses six frères et soeurs. C’est l’aînée. A seize ans, Elisa est belle mais triste. Rarement un sourire se dessine sur ses lèvres.
    Ses parents lui ont demandé de quitter l’école pour aider à la ferme, s’occuper de ses frères et soeurs, préparer les repas. Evidemment, ce n’est pas son rêve à elle. Son rêve, c’est de faire des études. Elle souhaite devenir institutrice. Elle aime tant les enfants.

    Elisa s’est trouvé une cachette. Une cabane oubliée dans les arbres de la ferme à un kilomètre de chez eux et le matin tôt, c’est ici qu’Elisa se cache. En fait, elle vient tous les matins
    toujours avec un livre différent dans cette cabane en bois, juste une petite échelle pour grimper là-haut. Personne n’est au courant. Heureusement car si son père l’avait appris, la pauvre Elisa aurait été punie des jours et des jours. Son père part très tôt le matin avec le cheval et la charrette et c’est à ce moment qu’Elisa se glisse hors du lit sans réveiller ses soeurs et court de toutes ses forces jusqu’à la cabane sans oublier de prendre un livre.

    Un jour, par hasard, elle faisait de l’ordre dans le galetas, elle ouvrit une malle qui appartenait à sa grand-mère et trouva une centaine de livres. Un instant de bonheur.

    C’est plus fort qu’elle. Il faut qu’elle lise. Ensuite elle rentre à la maison et accomplit ses tâches tout en pensant au lendemain matin pour profiter d’être seule une heure de temps.

    Aujourd’hui, Elisa est partie comme d’habitude avec un nouveau livre. Surprise par un violent orage dans sa cabane, la jeune fille décide de rentrer prestement à la maison. Elle n’aime pas les orages surtout dans les arbres mais oh! surprise! Que voit-elle sur le chemin de terre? Les traces de la charrette de son père à cause de la pluie et cela voulait dire que son père avait fait demi-tour pour rentrer aussi.

    Pourvu qu’il ne me voit pas. Elisa tenait son livre serré contre elle. Un livre qu’elle vient de commencer qui concerne les quatre saisons. Au bord du chemin, Elisa regarde s’il n’y a personne à l’horizon, surtout pas son père tout en laissant un doigt inséré à cette page pour ne pas perdre la citation d’Arthur Rubinstein…

    « Les saisons sont ce qu’une symphonie devrait être: quatre mouvements parfaits en harmonie intime les uns avec les autres ».

    Demain Elisa retournera dans sa cabane, son refuge pour méditer sur cette citation…

    Comment by Denise — 23 juillet 2010 @ 15:45

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