En vos mots 134
Combien de fois a-t-elle lu cette lettre dont les mots valsent dans sa tête? Et de qui lui vient-elle? Ce n’est pas à moi de vous donner ces détails, mais à vous, puisque la lectrice peinte par Davidson Knowles ne m’appartient plus. Elle est ce que vous en ferez, en vos mots, puisque cette catégorie est la vôtre.
Parlez-nous d’elle, de la lettre qu’elle a à la main, de son correspondant, ou, pourquoi pas, écrivez-nous cette lettre… Dans sept jours, nous lirons avec plaisir tout ce que vous aurez imaginé pour nous. Dans sept jours, pas avant. Pour que chacun ait le loisir de se laisser porter par la toile sans savoir ce que les autres ont pu écrire.
Ma douce Marylise,
Ma chérie,
Si vous saviez comme il me tarde de rentrer auprès de vous, de voir votre merveilleux visage, de vous embrasser, sentir votre doux parfum, vous tenir dans mes bras, vous serrer contre mon cœur. Bientôt ce rêve deviendra réalité.
Malgré tous les efforts que mon cher père fait pour marcher après sa lourde chute, je suis au regret de vous dire que je vais rester encore un certain temps auprès de lui. Il a besoin de soins et surtout d’une présence. L’Ecosse est un beau pays mais malheureusement le voisinage est très éloigné et depuis le décès de maman, il se sent bien seul.
Je lui ai parlé de votre adorable proposition, de venir chez nous dans le sud de la France où le climat est doux comme une caresse. Mon père a été très touché par votre gentillesse mais il m’a dit que sa place était ici dans ses terres et avec ses chevaux. Après sa convalescence, il veut se remettre à l’ouvrage.
– Tu sais, mon fils, il y a tant à faire à la ferme, je ne peux pas laisser les chevaux livrés à eux-mêmes et depuis toutes ces années, mon cœur est ici dans ces grandes plaines où le calme et la paix m’accompagnent quotidiennement.
Ce sont ses paroles et je les respecte!
Ma chérie, je lui ai dit qu’au prochain printemps, au retour des hirondelles, nous célébrerons notre mariage dans la petite chapelle près de chez lui. Mes mots lui ont redonné le sourire et quelques larmes perlaient au bord de ses cils, des larmes de joie. Mon père est un homme formidable. Il vous aime beaucoup. Il m’a dit, je suis heureux pour vous deux. Prends bien soin de Marylise et chéri la chaque jour! Il se souvient de chaque instant que nous avons passé l’an dernier auprès de lui.
Mon amour, je vous dis à très bientôt, je vous écrirais à nouveau pour vous annoncer mon retour. Comme je suis impatient de vous prendre dans mes bras. Nous profiterons encore des belles journées d’été dans notre joli jardin fleuri aux douces senteurs.
Je vous aime, je vous aime tant mon cœur
Georges
Comment by Denise — 7 novembre 2009 @ 10:08
Ça y est. Maintenant elle en était certaine.
Il lui fallait faire le plus difficile. Trouver les mots pour l’annoncer aux siens. En attendant, elle avait besoin de profiter une fois encore de cette fin de jour d’automne. Plonger dans les couleurs changeantes du ciel. Mélange de gris, avec quelques nuages blancs teintés de rose sur un fond bleu. Au loin, quelques oiseaux semblaient pressés de rentrer dans leur nid. Elle a remarqué avec étonnement que les oiseaux rentrent rarement seuls. Ils sont toujours au moins deux.
Les arbres habillés aux couleurs ocre et douces rendaient leur nudité moins pénible. Quand le soleil caresse les feuilles, on arrivait même à s’émerveiller. Est-ce que l’automne serait une sublime symphonie à la mort d’une saison pour qu’une autre puisse s’épanouir?… Cette question lui est venue étrangement à l’esprit. C’est drôle, elle n’avait jamais pensé a cela. Pour que le printemps puisse éclater, il a bien fallu qu’un automne s’endorme paisiblement dans les bras froids de l’hiver.
Les nuages étaient devenus plus marqués dans le ciel. À croire que l’approche de la nuit donnait du relief aux choses importantes et faisait disparaître celles qui doivent disparaître.
Ses pensées sont revenues aux mots de sa lettre. Ces mots qui l’obligeaient à prendre le courage de décider de sa destinée. Elle savait qu’elle ne pourrait plus y échapper.
Elle savait qu’elle allait rentrer dans la maison la tête haute pour dire à son père qu’elle ne suivrait pas le chemin qu’il lui avait tracé. Elle allait devenir elle-même. Elle savait qu’elle devrait affronter les sarcasmes et les ricanements de son père entachés par le silence apeuré de sa mère. Elle savait qu’elle allait le fixer jusque à ce que le silence s’installe. Jusqu’à ce que son amour de père tue, un par un, ses oppressants préjugés masculins et qu’il crève de fierté que sa fille choisisse de devenir médecin.
[en pensant à Elizabeth Blackwell]
Comment by Armando — 7 novembre 2009 @ 11:38
Pensive, lascive, elle a des yeux volupté, ses lèvres palpitent d’émotion contenue. Elle repense à tous ces mots susurrés, parcourus avec tant d’avidité dans cette lettre et qui lui trottent dans la tête.Il lui avait enfin déclaré son amour-passion et son corps délicieusement ondule!…Que d’ardeur dans sa flamme! Elle se remémore avec fougue les mots de ce poème appris par coeur..
Mon amour
Ton absence rime avec abstinence
Arrogance et indolence
J’aspire tant à me vautrer
Dans tes draps de satin
Je n’oublierai jamais tes caresses
Ni les draps froissés par nos ivresses
Ni tes lèvres vermeilles
Ma princesse
Oh!ma merveille!
A toi, pour toujours
Ton Alexis qui se consume d’amour…
Perdue dans ses rêves froufroutants, elle avait oublié son rendez-vous galant! Elle valsait avec ces mots langoureusement…désir et plaisir unis dans la mélodie des amants…
Comment by claudie — 7 novembre 2009 @ 11:58
La lettre
Combien de fois ai-je lu cette lettre ? Combien de fois l’ai-je dépliée pour cueillir tes mots? Je ne sais plus. Mais elle garde les traces de ma gourmandise ! Elle est froissée et le papier est si fragile au creux des pliures … qu’importe ! Elle m’accompagne partout où je vais, dissimulée dans mon corsage, et je cherche- à tout bout de champ – le coin le plus reculé du jardin, pour lire et lire encore. Et mon plaisir débute bien avant, au moment où crisse la feuille qui s’ouvre, au moment où le papier exhale son parfum, au moment où l’encre semble s’animer … puis je lis tes délices, puis je goûte tes mots, puis je fonds …mille frissons parcourent ma peau et tes douceurs s’accrochent à mes lèvres. Et ma main accueille la fièvre à mon front mais ce sont tes doigts que je devine sur mon cou qui s’incline. A peine ai-je fini de la lire que je pense à l’instant où je viendrai encore respirer cette lettre. Cette lettre où courrent tous les désirs et toutes les exclamations de la passion …
Comment by Chris — 7 novembre 2009 @ 18:08
Barrières
Je semble être assise ici
Loin de mes amitiés brisées
La vie se poursuit
Je vous cherche autour de moi
Vous mes amies disparues
Qu’êtes vous devenues ?
Le fil de ma vie s’assombrit
La gomme bloque les branches du cerisier
Que me conte leur floraison ?
Les iris flamboient
Autour de la barrière
À l’abri du banc de bois
Et tous les oiseaux sont partis
Où se sont enfuis les doux verdiers ?
Je ne vois plus les fleurs des champs
Je ne vois plus le soleil
Les nuages et la pluie m’indiffèrent
Tout passe. Me lasse.
L’amitié de la jeunesse s’est éparpillée
Sur les notes d’un violon
Son coffre s’est fissuré
Personne ne connaît plus notre joie
Notre insouciance, nos rires
Qu’est-il advenu des princesses ?
Maladroite majesté par ces mots retrouvés
Tu m’aperçois ma douce
Je suis l’étrangère
Mes cadeaux d’amitiés partout écartelés
Au fond du jardin
Je me suis terrée
Les cartouches de la vie ont éclaté
Sur mon destin
Aucune tristesse ne m’a contournée.
Oxymore
Comment by Oxymore and more — 8 novembre 2009 @ 4:51
Ma douce Gabrielle,
Oh il faut que je vous dise
Il faut que je vous dise combien vous me manquez
Et combien vous m’avez manqué hier après-midi, alors que j’avais fui l’ennui des rendez-vous d’affaires avec père, pour me réfugier dans le Rijksmuseum. Tous nos amis m’avaient parlé de ce musée, m’avertissant de « l’obligation » de le visiter puisque nous serions à Amsterdam pour dix jours. Comme ils ont eu raison d’insister ! Ma petite chérie, cette visite m’a bouleversé. Je reste pris dans un tourbillon de couleurs tant l’art de ce pays est flamboyant ! J’ai le cœur rempli des pigments, des lumières, et les yeux ébahis encore … Mais surtout, surtout, je suis resté de longs moments devant une toile. Une toile de Jan Vermeer , une « Jeune fille en bleu lisant une lettre ». Ce grand maitre a si bien su capter l’entraperçu et il conte si bien en silence les amours épistolaires que j’ai frissonné, cher ange, devant cette merveille ! Et je vous ai vue, assise au fond du jardin, sur cette frontière de bois que vous aimez tant. Vous aviez mis votre robe turquoise et ce châle si délicat qu’on le croirait tissé de nuages, dans votre main se tenait ma lettre et vos yeux souriaient tendrement. Mon petit oiseau, comme vous étiez proche tout à coup, si proche que le profil de la toile s’animait et que votre rire tombait dans mes mains qui s’avançaient vers vos lèvres … la magie de l’amour sans doute m’a offert votre voix et votre tendresse alors que seule restait l’huile du maitre quand mes yeux ont vu à nouveau ! Je suis sorti comme hébété, et tout le reste du jour j’étais là sans y être.
Oh il faut que je vous dise, ma beauté
Il faut que je vous dise comme vous me manquez
Et comme mes yeux se languissent de retrouver vos contours …
Je vous envoie mes baisers comme des caresses et des couleurs et la lumière pour vous envelopper
Clément
Comment by Hespérie — 8 novembre 2009 @ 6:51
Vous me rendez ravi de vous lire dans cette rubrique. Je vois avec bonheur que le club s’agrandit et que les regards sur une mêle toile se diversifient.
C’est avec grand intérêt que je dévore vos passionnantes histoires d’amour. Même si on sait qu’elles finissent mal. En général.
Comment by Armando — 8 novembre 2009 @ 8:17
Toujours un plaisir de vous lire …
à partir d’une toile, des mots posés et des regards particuliers .
Quel formidable « excercice » que celui-ci ! Je reviendrai …
Bisous à vous tous 😉
Comment by Hespérie — 8 novembre 2009 @ 8:17
Je goûte chaque mot de vos merveilleux textes ou poèmes. C’est un réel plaisir et chacun décrit la toile comme son coeur le ressent, c’est magnifique et quel beau partage.
Merci Lali de nous offrir cet espace!
Bon dimanche à vous tous et bisous!
Comment by Denise — 8 novembre 2009 @ 9:16