Dix jours qui n’en finissent pas de s’étirer
Dès les premières pages de Dix jours en cargo, une impression de déjà vu s’est emparée de moi. Et pour cause. Les romans qui portent sur la volonté d’écrire et sur les difficultés qui sont reliées à ce désir légitime sont courants, très courants. J’ajouterais : trop courants et trop nombreux.
C’est peut-être la raison pour laquelle j’ai été agacée. J’ai d’ailleurs eu du mal à passer outre mes réticences malgré ma bonne volonté. J’aurais voulu avoir de la sympathie pour cette femme qui a quitté Barcelone pour Rio, comptant profiter de la traversée pour mettre la main à la pâte parce qu’à bord rien ne pourra la déranger de son objectif. Mais ce fut peine perdue. Je ne suis pas plus arrivée à m’attacher à la narratrice que cette dernière n’a réussi à travailler à son roman.
Trop de choses la dérangent. La mer la trouble. L’équipage uniquement masculin dont les membres ne sont pas particulièrement aimables ne s’intéresse pas à elle ou en fait trop. L’image de celui qu’elle tente d’oublier autant par l’écriture que par cette expédition qui n’a rien à envier aux découvreurs d’un autre siècle s’estompe peu à peu. Mais rien n’y fait. Les mots lui manquent et l’impossibilité d’écrire a pris le pas sur tout le reste.
Il y a pourtant de jolis passages poétiques. Vite oubliés quand on tombe sur des phrases comme : « Lorsque je tiens entre les mains un livre qui me parle, je sens qu’il me travaille autant que l’écrivain qui l’a composé. » Mais tout cela, qui relève du cliché et de l’anecdote, est trop peu pour nous donner un roman solide, sensible, allant au-delà des apparences et dépassant la facilité. Trop fade pour conserver l’intérêt du lecteur qui peine à aller au bout de court roman d’une centaine de pages à peine tant son ennui est grand.
L’idée de départ était pourtant belle. Nombreux sont ceux et celles qui ont un jour rêvé de traverser l’Atlantique sur un bateau, d’être en mesure de décrire toutes les teintes de l’océan et le ciel qui aborde la ligne d’horizon, parce qu’ils les auront vus de près. Même la narratrice voudrait pouvoir le faire. Or elle n’a d’encre que pour exprimer son impossibilité à écrire ce qu’elle voulait écrire.
Le passage de la poésie au roman n’est pas donné à tous et les Louise Dupré sont rares. Isabelle Miron le prouve, même si, au détour d’une page, après plusieurs paragraphes, voire plusieurs pages sans intérêt, le lecteur pourrait être happé par une phrase poétique d’une certaine qualité. Quelques phrases bien ficelées ici et là ne sont pas suffisantes pour faire de ces Dix jours en cargo autre chose qu’une expédition dont le sens finit par nous échapper.
Titre pour le Défi Premier Roman
Une déception bien argumentée !
Comment by Anne — 18 mai 2013 @ 15:14