Curieux voyage
Curieux voyage que celui au pays de mes vieux cahiers. Curieux voyage quand j’y vois tant de tristesse, parfois même de la détresse. Curieux voyage quand je constate qu’il n’y a pas une ligne pour l’homme avec qui j’ai vécu. Pas une. Signe? Peut-être, puisque j’ai effacé toute trace de lui. Il ne reste aucune photo, aucun objet de pacotille, pouvant me rappeler qu’il a existé. Et je n’ai pourtant jeté aucun écrit. Il ne m’aurait donc rien inspiré? Peut-être. Trou noir. Et je ne veux pas me poser la question. Juste continuer de tourner les pages. Trouver quelques lignes jetées au hasard d’histoires cul-de-sac. Retrouver un prénom ou un lieu. Laisser des morceaux ici de ce moi d’une autre époque, d’autres époques.
Oui, curieux voyage que celui de retourner au pays de ses propres mots. Pas tous très bien ficelés. Quelques-uns d’une naïveté désarmante. Et l’excuse de dire J’avais 20 ans…
La lectrice de Luong Xuan Nhi fait-elle aussi un périple au pays de ses souvenirs pour avoir cet air si songeur? Peut-être. On ne peut avoir que ce regard quand on retourne sur ses pas.