Lali

2 février 2014

Tout amour 1

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Où je suis creux
tu es pointe.

Où je suis vague
tu es sable.

Où je suis voix
tu es poème.

Où je suis cri
tu es plainte.

Où je suis blasphème
tu es prière.

Où je suis cercle
tu es centre.

Où je suis feu
tu es flamme et non cendres.

Gérard Le Gouic, Tout amour est dernier amour

=choix de la lectrice de Rex Whistler

1 février 2014

Neuvaine 7

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Tu es la femme en moi
Qui garde la mémoire
Le chemin qui se perd
Et renait sous nos pas

Et je suis l’homme en marche
À l’orée de lui-même
La sente qui s’empare
Des reflets de la nuit

Pour guetter la présence
De toutes les présences

Bruno Doucey, La neuvaine d’amour

*choix de la lectrice d’Igor Bitman

31 janvier 2014

Neuvaine 6

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Tu es la femme en moi
Qui ouvre l’horizon
L’oreille qui écoute
À la porte du monde

Et je suis l’homme en toi
Qui porte la parole
La houle qui voyage
Au gré de tes saisons

Bruno Doucey, La neuvaine d’amour

*choix de la lectrice de Fernand Toussaint

Il suffit de quelques grains de folie

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 21:12

Impression

Les gens sont décidément trop sages. C’est pour cette raison qu’Amélie leur semble un peu excentrique avec sa chaise rouge qu’elle traîne partout, pas juste pour s’asseoir de temps en temps, mais pour y grimper, question de voir le monde d’un peu plus haut et de cueillir là-haut quelques grains de folie au passage. Qu’elle dépose partout où ils sont nécessaires. Qu’elle lance au loin afin de s’assurer de n’oublier personne. Car tout le monde a besoin d’un peu de folie. De couleurs. D’éclats de rire. De ne pas se prendre au sérieux 24 heures sur 24. De sortir de la routine. De se rappeler qu’ils sont vivants.

Destiné aux tout jeunes lecteurs, l’album écrit par Agnès de Lestrade et illustré par Judith Gueyfier est plus qu’un simple conte. C’est un conte philosophique. Un album empreint de sagesse qui remet les choses en perspective et pousse petits et grands qui le liront à vivre. Autrement. En regardant le ciel. En se roulant dans l’herbe. En parlant en rimes. En tirant la langue. Parce que ça aussi (voire, surtout), c’est la vie. Celle à laquelle aspire Amélie grain de folie.

À offrir tant à ceux qui ont oublié qu’il y a autre chose que du gris dans la vie qu’à ceux à qui on n’a pas encore coupé les ailes. Pour que s’éveille (ou ne s’endorme pas) la petite Amélie qui vit en nous.

30 janvier 2014

Neuvaine 5

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

La nuit est ton bonheur tu lui confies mes peines
Et nous dormons ensemble sans perdre la mesure
Du temps qui enracine les brisées de l’absence
Et livre mon tapage au secret des tanières
Dans le feuillage de tes doigts j’entrevois des étoiles
Mon corps est une houe qui enroule ton corps
Quand des oiseaux de paradis trissent leurs jeux
Multicolores sous la tonnelle de nos bras
La nuit est mon bonheur je lui confie tes peines

Bruno Doucey, La neuvaine d’amour

*choix de la lectrice de Thomas Reis

Rose et l’automate de l’opéra

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 19:35

rose et l'automate

Quel beau livre que Rose et l’automate de l’opéra! Je n’ai que des compliments à faire au tandem composé de Frédéric Bernard et François Roca, responsable de cet album grand format mettant en scène Rose, une ballerine de l’opéra Garnier et un automate dont il ne reste que la tête au départ, jusqu’à ce qu’on réussisse à le « remonter » grâce à ses membres retrouvés dans des malles où sont dissimulés depuis longtemps des décors et des costumes.

Hermès, l’automate en question, sert de narrateur à cette histoire où il révèle son passé de danseur en même temps qu’il revit peu à peu dans les yeux et dans les bras de la jeune Rose qui n’a maintenant plus qu’un but : danser avec lui à l’opéra. Rien de moins. Et avec un tel acharnement que le directeur de l’opéra finira bien par céder. Ce qui donne lieu à des illustrations fabuleuses et colorées dont on a bonheur à examiner chacun des détails.

Le texte est écrit de façon télégraphique avec ellipses de « je », pour bien montrer qu’il ne s’agit pas d’un humain, mais d’un pantin. Un automate génial, comme il ne s’en est pas fait d’autres depuis, né des mains d’un créateur exceptionnel dont la fille ressemblait beaucoup à Rose.

Le tout est un album de rêve. Tant par la poésie de l’histoire que par les personnages et les illustrations. Rien de moins.

J’y retourne. Je ne suis pas près de me lasser.

29 janvier 2014

Neuvaine 4

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Tu es là et la peine s’efface
Qui embuait la vitre tu es là
Et l’ombre redevient cette ombre
Que la nuit découpe sur le givre

Tu es là et de grands oiseaux blancs
Tendent vers l’horizon une aile
Que le vent griffonne dans le soir
Quand nous rêvons de croire que chacun
De nous est le reflet de l’autre

Bruno Doucey, La neuvaine d’amour

*choix de la lectrice de Johanna Harmon

Le secret de grand-mère

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 19:00

secret

Le secret de grand-mère est loin d’être facile. À dire vrai, si j’étais encore libraire, j’aurais beaucoup de mal à le conseiller tant je ne sais pas à qui il s’adresse vraiment et tant il m’a mis à l’aise. Et pourtant, il doit bien y avoir un public cible pour un tel livre. Des enfants qui font partie d’une famille qui porte un lourd secret? Peut-être. Mais encore, je ne suis pas certaine que ce livre aidera quiconque à vivre avec le secret ou à réussir à le percer.

Dans l’album de Marie Sellier, illustré par Armande Oswald, Marie sent bien que quelque chose ne va pas quand, chaque semaine, elle visite son arrière-grand-mère en compagnie de sa grand-mère. L’aînée n’a aucune tendresse pour sa fille. Elle est même agressive.

Sont-ce ses bottines noires et ses pieds déformés qui ont rendu son aïeule si amère et si peu amène? A-t-elle toujours été comme ça? Et pourquoi sa grand-mère est-elle toujours aussi nerveuse quand elle se trouve face à sa mère? Ce sont là les questions que Marie se pose et qui la troublent.

Le jour où elle apprendra que sa grand-mère est responsable d’un accident qui a coûté à son arrière-grand-mère ses jambes, Marie prendra alors conscience d’un secret qu’elle aurait peut-être préféré ne pas connaître. Ce qui me donne à penser que ce livre s’adresse vraiment à une catégorie d’enfants et non pas à tous tant il est dur et tant il blesse même ceux qui sont étrangers à l’histoire qui se vit ici, notamment les lecteurs.

Tout est pourtant bien raconté et les peintures à l’huile d’Armande Oswald fort à propos pour soutenir cette histoire sombre. Mais je n’ai pas réussi à me laisser prendre par ce secret que j’aurais finalement moi aussi préféré ne jamais connaître.

À ne pas mettre entre toutes les mains. À vous de voir s’il convient à de petites mains de six ans et plus autour de vous.

28 janvier 2014

Neuvaine 3

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Jamais tu n’avais imaginé
Ce phare
Haut Fond Prince
Isolé jour et nuit dans le grand Saint-Laurent
Depuis 1964

Et pourtant comme lui
Tu protèges ma vie de tous les courants
Et d’un second naufrage

Bruno Doucey, La neuvaine d’amour

*choix de la lectrice de Jason Waskey

Coppélia

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 19:41

coppelia

Revisiter un classique, qu’il s’agisse d’un conte, d’une légende ou d’un ballet est toujours un défi. Or, Claude Clément l’a relevé avec succès en redonnant un nouveau souffle au conte d’Hoffmann, devenu par la suite un ballet, grâce à la complicité de l’illustratrice Daniela Cytryn.

L’album (grand format) est de toute beauté. Rien de moins. Et c’est cela qu’on demande aux albums pour enfants. Qu’ils soient beaux, qu’ils fassent rêver, qu’ils suscitent les commentaires et développent l’imagination. Qu’ils soient tout ça et non pas fades et uniquement didactiques.

On peut apprendre sans pour cela s’ennuyer. On peut entrer dans un univers qu’on ne connait pas sans que l’expérience s’avère complexe. C’est à cela que s’est appliquée Claude Clément en nous racontant l’histoire d’amour qui unit Franz et Swanilda, et qui se verra compromise par l’arrivée d’une belle jeune fille dont Franz tombera amoureux dès qu’il la verra. Celle-ci, née des doigts de Coppélius, inventeur et fabricant de toutes sortes d’objets, s’avérera être un pantin et tout cela finira par les noces annoncées après le pardon de Swanilda.

Une histoire qui donne lieu à une avalanche de couleurs, à des scènes aux détails nombreux qu’on ne se lasse pas d’examiner et à une fin digne du conte dont elle est issue. Un livre pour toute ballerine en herbe et pour toutes ces petites filles maintenant grandes qui ont rêvé un jour de mettre le feu aux planches.

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