Lali

25 avril 2014

Une longue introspection

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:25

dautres-fantomes

Malgré l’influence de Michel Butor, de Romain Gary et du Nouveau Roman sur son écriture et ses choix en matière de forme et de construction et dont elle ne tait pas le rôle, Cassie Bérard signe avec D’autres fantômes un roman qui a déjà une marque de commerce qui lui permet de se démarquer des primo-romanciers actuels.

La jeune auteure, qui cite Pessoa en exergue — « Je pense donc je ne suis pas et je suis d’autant moins que je pense davantage » —, a choisi pour ce premier exercice des contraintes que même des écrivains d’expérience n’osent pas souvent s’imposer. En effet, Cassie Bérard a opté de se glisser dans la peau d’un homme d’une quarantaine d’années et d’installer l’action à Paris.

Elle semble d’ailleurs avoir évité la plupart des pièges puisque le lecteur est, dès le départ, convaincu, tant par la crédibilité du personnage que par la véracité des lieux décrits. Mais l’est-il suffisamment pour ne pas se fatiguer de cette introspection qui n’en finit plus? De cela, je suis loin d’être certaine, ayant moi-même déposé plus d’une fois D’autres fantômes pour le reprendre plus tard, épuisée par les virevoltes et les sauts en arrière du narrateur qui n’en finit pas de se questionner, de chercher à donner un sens à sa propre vie et de faire de ses lecteurs des témoins.

Or, c’est d’abord lui le témoin. Pas nous. C’est lui qui était là, qui a assisté de façon indirecte à la mort d’une femme dans le métro. C’est lui qui a décidé de faire une enquête sur elle, sur ce qu’elle a laissé derrière, lui qui se trouve confronté à de fausses pistes plus nombreuses que les vraies, ce qui le poussera à chercher ailleurs, dans les méandres de sa propre vie et de ses souvenirs qu’il croyait enterrés, voire oubliés.

On ne remue pas le passé, le sien comme celui de quelqu’un d’autre, sans se piéger soi-même, ce qui arrive à Albert à force d’emprunter toutes les directions pour comprendre, pour expliquer, pour taire en lui ce qu’il ne pensait pas soulever et qui prend toute la place. On ne le remue pas pendant plus de 400 pages sans se répéter.

Cassie Bérard a réussi un roman presque parfait. Elle a su camper à la perfection ses personnages, elle maîtrise le sens du rythme, et si elle se perd parfois dans des détails qui peuvent sembler inutiles, ce n’est pas là une faute, mais bien une grande compréhension de son narrateur à qui elle a choisi de donner la parole jusqu’au bout.
Mais c’est parfois trop, du moins pour la lectrice que je suis. J’aurais préféré un roman plus serré, moins long. Mais cela reste bien personnel, et d’autres n’y verront pas là un défaut.

D’autres fantômes : pour tous ceux qui aiment tenter de trouver des réponses, même si celles-ci ne sont pas toujours là où ils croyaient les trouver.

Texte publié dans

24 avril 2014

Le cœur rompu 7

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

WOJAHN (Holly) - 6

Le cœur
sur le petit quai
frêle lumière

libre
aux ailes muettes
ses faisceaux friables

Sapin
caressant l’auberge

Ici
Les souvenirs
ont la couleur
des soirs de brume

Tahar Bekri, Le cœur rompu aux océans

*choix de la lectrice de Holly Wojahn

23 avril 2014

Le cœur rompu 6

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

WOUTERS (Rik) - 4

Mais le ruisseau
que la colline
séduit
paye à la mer
son dû :

Se séparer
de la source
ou mourir

Tahar Bekri, Le cœur rompu aux océans

*choix de la lectrice de Rik Wouters

22 avril 2014

Le cœur rompu 5

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

WTEWAEL (Joachim)

Ne manque au sable
que la poursuite des vents
dans les demeures d’attache
Luth sans cordes ni oliviers

Tahar Bekri, Le cœur rompu aux océans

*choix de la lectrice de Joachim Wtewael

21 avril 2014

Le cœur rompu 4

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

XIANXIAN (Deng) - 5

Allons voler à la mer quelques vagues
Et dire à la nuit la douleur de l’aube

Tahar Bekri, Le cœur rompu aux océans

*choix de la lectrice de Deng Xianxian

20 avril 2014

Le cœur rompu 3

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

YOON (JooHee)

Ils s’en allaient
erre leur âme
par les soirs où s’évade la mer
Brûlés par le poème et le songe

Tahar Bekri, Le cœur rompu aux océans

*choix de la lectrice de JooHee Yoon

19 avril 2014

Le cœur rompu 2

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

YOUNG-HUNTER John)

L’ombre de ton ombre Port
au lever de l’errance
Demeure d’oubli et de songe
Nul règne mais la mer…

Tahar Bekri, Le cœur rompu aux océans

*choix de la lectrice de John Young-Hunter

Au nom de la liberté

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 20:58

libre

À partir d’une histoire qui a fait le tour des États-Unis, soit celle d’Henri Brown, qui a fui le sud des États-Unis dans une caisse de bois envoyée par la poste, qui avait inspiré à William Still en 1872 The Underground Railroad, Ellen Levine a choisi d’écrire un album pour les jeunes lui permettant de raconter cette aventure exceptionnelle.

De concert avec l’illustrateur Kadir Nelson et en respectant tout ce qu’elle a appris sur le sort du jeune esclave, elle a choisi de relater en toute simplicité et ce, sans pointer du doigt et sans accuser quiconque, le quotidien de cet homme, esclave, fils d’esclaves et époux d’esclave, pas parmi les plus mal traités, mais pas parmi les privilégiés non plus, qui voit son univers basculer le jour où le maître de sa femme vend celle-ci et leurs enfants au marché.

N’ayant aucune chance de les retrouver et voulant à tout prix quitter sa condition d’esclave, il traverse les États-Unis dans une caisse de bois au nom de la liberté à laquelle il aspire, tout comme les siens qui attendront de nombreuses années avant d’être affranchis.

Avec sobriété et humanité, Ellen Levine et Kadir Nelson ont réussi, avec Libre : Le long voyage d’Henri, à nous livrer une histoire qui fait partie du patrimoine nord-américain qu’on ne doit pas oublier, mais continuer de diffuser. Un autre album qu’on devrait trouver sur les rayons des bibliothèques scolaires.

18 avril 2014

Le cœur rompu 1

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

VOLEGOV (Vladimir) - 5

Citadelle de chimère et d’absence
L’air a séduit ton visage
Le vent a conquis tes arcanes
Ombreuse captive Nuit

Tahar Bekri, Le cœur rompu aux océans

*choix de la lectrice de Vladimir Volegov

17 avril 2014

Gravité 6

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

APONTE (Janice)

(sont choses plus intenses)

hors des vérités tu étais là
mon premier bonheur
le temps qu’on laisse entendre
je pose ma bouche/ton corps ouvert
terre neuve/terre toi
n’était-ce pas comme un chant soudain
le monde dans ton corps?

Michel Côté, L’intranquille gravité

*choix de la lectrice de Janice Aponte

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