Lali

16 mai 2014

La totalité du paysage 4

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

CUADRA (Ximena) - 3

J’essaie de lire
une version du grand poème, ma vie
serait écrite lâchement sur les replis de la peau
appelés les lignes du destin
dont celle de la vie que j’aurais dû perdre
selon une liseuse sérieuse
vers les vingt ans
que je viens pourtant de doubler.

Martin Thibault, La totalité du paysage

*choix de la lectrice de Ximena Cuadra

15 mai 2014

La totalité du paysage 3

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

HARRISON (Blake) - 5

Notre show

Nous roulons les épaules
pédalons dans les rues, marchons à reculons
dormons sur nos deux oreilles
faisons notre show, nous habillons l’âme
pour que l’on voie ses formes sous le tissu
imagine sa vitalité, car elle est collée
à la vie, s’en nourrit, la parasite
la fait rêver d’éternité, puis un jour comme un autre
elles mourront ensemble.

Martin Thibault, La totalité du paysage

*choix de la lectrice de Blake Harrison

Cette part indiscernable de soi

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 20:33

incede

C’est dans le cadre du programme d’études littéraires de l’Université Laval en vue de l’obtention d’une maîtrise que Sarah Bernier a écrit L’incédé, paru au Lézard amoureux, qu’elle résume ainsi dans son mémoire : « L’incédé déroule l’aventure de cette part indiscernable de soi où l’on invente et renouvelle les formes de notre existence. »

En faisant appel à des thèmes (presque) incontournables des poètes de chez nous, comme la création, la langue et l’imaginaire, pour n’en nommer que quelques-uns, Sarah Bernier s’inscrit dans la prolongation de ceux qui l’ont inspirée sans aller au-delà des chemins connus des poètes ou des lecteurs, mais avec sensibilité, intelligence et un regard de biais qui nous offre un angle et une prise sur un réel qui ne nous est pas étranger.

En utilisant une forme éclatée dans la disposition, où les phrases s’éparpillent ou s’agglutinent pour créer une suite d’images et d’impressions, elle emprunte à d’autres une forme qui se fait de plus en plus rare.

le pacte entre les jours
auvent qu’on oublie de fixer

                                                                       passent éclisses de
                                                   lumière
                                                             que raflent les      étourneaux

 
 
                idée fixe
                                 galet
           tombé sur un
                galet
                                  pour quelle gravité nous sommes
                                  nous tus

Cette mise en page est plus dérangeante que justifiée pour le lecteur et n’apporte pas grand-chose au texte, lequel ne devrait pas avoir besoin d’être « décoratif » pour porter sa voix au-delà des mots. Ceci  dit, la jeune poète, dans sa démarche impressionniste de dire et de se dire, réussit à insuffler aux mots et aux gestes du quotidien assez de souffle pour qu’on sente toute l’énergie que la création lui apporte.

qu’étais-tu avant la lumière

                                            désir de
                                     la lumière       contre le tambourinement de
                                                      la nuit

L’incédé marque les premiers pas de Sarah Bernier dans le monde des poètes publiés. En restera-t-elle là ou continuera-t-elle son exploration? Souhaitons qu’elle opte pour cette deuxième proposition, car elle a, à mon avis, une voie toute tracée.

Texte publié dans

14 mai 2014

La totalité du paysage 2

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

BOUCHÉ (Louis)

Avec des ailes bleues

Par la fenêtre on voit bien
qu’il doit y avoir de l’air
dehors, de quoi grimper
avec des ailes bleues
pareil à un dernier souffle
dans le ciel blanc des yeux des autres
d’un élan jamais rattrapable
autrement que par les amoureux
peut-être
assis sur un banc
comme sur un cerf-volant.

Martin Thibault, La totalité du paysage

*choix de la lectrice de Louis Bouché

13 mai 2014

La totalité du paysage 1

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

ASSELIN (Maurice) - 2

Notre rêve

Nos sueurs se renouvellent, comme nos peurs
éternelles de se perdre de vue, longtemps
les yeux vides, nos vies finies, notre rêve
n’est plus dans le même sens, n’aura plus
de tête ni d’oreiller, de chaleur.

L’immobilité, l’ombre, puis

Martin Thibault, La totalité du paysage

*choix de la lectrice de Maurice Asselin

12 mai 2014

Les vers de Nadine 4

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

DOYEN (Gustave)

Entre dans un poème
comme dans le bruissement d’une vague.

La sérénité creuse un sillage
derrière l’angoisse.

Un bain de musique
de son et de silence.

Nadine Ltaif, Le rire de l’eau

*choix de la lectrice de Gustave Doyen

Opéra polaire

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 20:01

opera polaire

Qui aime les pingouins, peu importe l’âge qu’il a, devrait ouvrir Opéra polaire, le très bel album d’Elke Heidenreich mis en images par Quint Buccholz, un illustrateur et auteur jeunesse dont je suis une véritable fan, entre autres parce qu’il a peint de nombreuses scènes livresques.

Il trouvera dans cet Opéra polaire, dédié à l’univers des pingouins, une histoire un peu fantasque qui risque de le faire énormément sourire. Ce fut mon cas quand je vis arriver, après la description humoristique de la vie quotidienne de ces oiseaux vêtus comme si c’était tous les jours dimanche, un paquebot venu de très loin et ayant à son bord les trois ténors. Rien de moins! Lesquels sont là pour une représentation unique de La Traviata, où Manuel Carrera tiendra le rôle d’Aldrefo, Placido Domingo celui du père et Luciano Pavarotti celui de Violetta.

Une représentation à ne pas rater! Elle nous est d’ailleurs relatée avec imagination, images magnifiques, humour et grand respect pour la musique, et tout cela au « je », la narratrice se faisant pour cette histoire autant raconteuse que spectatrice, glissant parfois hors de celle-ci pour ajouter un détail, ouvrir une parenthèse ou donner une explication, et reprenant les rênes avec un « Où en étais-je? »

Un bel album, que dis-je, un superbe album qu’il sera peut-être difficile de se procurer, car il a été publié en 2001, mais qui vaut la peine qu’on fasse pour l’obtenir le tour des endroits où on trouve des livres d’occasion — ayant pignon sur rue ou en ligne.

Titre pour le Challenge Des notes et des mots

11 mai 2014

Les vers de Nadine 3

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

DYF (Marcel) - 12

Je hais ces moments d’absence
quand l’écriture vous manque
comme un être cher.

Nadine Ltaif, Le rire de l’eau

*choix de la lectrice de Marcel Dyf

10 mai 2014

Les vers de Nadine 2

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

EBERT (Anton) - 5

Si les blessures font écrire
je me passe des blessures.

Un barrage empêche
le cours d’eau de passer.
Il le renforce.

Chaque obstacle
augmente mon désir.

Nadine Ltaif, Le rire de l’eau

*choix de la lectrice d’Anton Ebert

Le problème de la cigogne

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 20:10

probleme

Quel joli livre que Le problème de la cigogne! J’ai souri de la première à la dernière image, d’abord séduite par la souris qui s’occupe des dents de lait, puis par la cigogne qui ne trouve pas où déposer le bébé qu’elle transporte, et enfin par la taupe collectionneuse de lunettes et par cette histoire teintée d’humour et de tendresse.

Et même si on ne raconte (presque) plus aux enfants que les enfants sont livrés par des cigognes, il n’en reste pas moins que l’album écrit par Nathalie Somers et illustré par Lydie Baron a conquis l’enfant qui traîne en moi et qu’il plaira sûrement à de nombreux autres, notamment à cause des illustrations.

J’ai, entre autres, adoré la collection de lunettes de la taupe et celles qu’elle a choisies à l’intention de la cigogne afin qu’elle puisse l’adresse de la famille où elle devait se rendre. Si bien que je regrette de ne plus être libraire depuis huit ans. J’aurais aimé le faire découvrir.

Heureusement que je peux le faire ici.

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