De vent 1
Comment effacer
l’encre sur le papier,
les mots troubles des départs
Richard Arteau, De vent et de souffles humains
*choix de la lectrice de Sandra Batoni
Comment effacer
l’encre sur le papier,
les mots troubles des départs
Richard Arteau, De vent et de souffles humains
*choix de la lectrice de Sandra Batoni
Ta mémoire dort,
Éveille-la d’un mot.
Prends soin de l’oiseau
Qui chante, si l’arbre
Penche vers la terre.
Ta mémoire s’active,
Alors jette un regard
Vers l’autre horizon.
Jean Royer, Au seuil de l’inespérable
*choix de la lectrice de Richard Johnson
Est-ce le bleu,
Cette lumière entière
De l’arc-en-ciel,
Qui rend visible l’invisible?
Est-ce
Une mélancolie
Incompressible
Entre jour et nuit
Où le rouge fuit?
Est-ce
La terre noire
D’oublis et d’ancêtres
Qu’une mousse verte
Recouvre de silence?
Est-ce
Le récit d’un monde
Perdu
Ou le rêve de naître
De l’azur?
Jean Royer, Au seuil de l’inespérable
*choix de la lectrice de Laurent Botella
La lumière entre nous
Dessine un chemin
De rencontre.
Et s’imagine
L’autre en soi.
Lumière
Qui entre par les yeux
Comme une parole
Née du silence
Ouvre le regard,
Appelle au dialogue.
Lumière
Ce lien de la terre
Qui nous habite.
Jean Royer, Au seuil de l’inespérable
*choix de la lectrice de Brad Bisbey
le cœur étourdi
d’avoir en vain
fait le tour
de ses rêves
— jusqu’au matin
on se réveille
dans ses restes
un peu de fièvre
glaciale comme l’aube
à la place du cœur
Pierre Ouellet, Consolations
*choix de la lectrice de Friedrich von Amerling
mémoire
à bout de souffle :
bâillon qui se noue
au cœur
le silence où tu
retombes avec la nuit
sur le jour
— tu ne parles
qu’à ceux qui lisent
sur tes lèvres
le signe
jamais donné
d’anciens baisers que l’on t’enlève
— pensées volées
Pierre Ouellet, Consolations
*choix de la lectrice de Wilhelm von Schadow
C’est à bien autre chose qu’un roman policier conventionnel que nous convie David Bélanger avec Métastases. En effet, pour son premier roman, le jeune écrivain – il n’a que 25 ans – a choisi l’humour, le regard de biais et même la dérision pour mettre en scène une enquête qui dérive et dévie pour nous entraîner sur des chemins dont seuls certains nous sont connus.
Tout cela commence par le meurtre d’Éva Burns, jeune et jolie jeune femme délurée, à la réputation quelque peu douteuse, auquel nous assistons carrément, le narrateur ayant choisi de faire de nous des témoins quelque peu voyeurs d’ébats qui se terminent abruptement.
À coups de « vous » qui s’adressent au lecteur, alors que nous devenons les presque complices de ce qui vient de se passer sous nos yeux, le narrateur installe peu à peu son décor, choisit les acteurs et prépare sa mise en scène. Il y a, bien entendu, des enquêteurs plus vrais que vrais – en quelque sorte calqués sur ceux que nous retrouvons dans les polars de la Série noire ou dans certaines séries télévisées de l’époque où le « politiquement correct » n’était pas à la mode – que l’auteur désigne comme « le grand mentor » et « l’idiot sentimental ».
Il y aussi des indices qui ne mènent nulle part, des pistes imposées par la peur et l’esprit de plus en plus troublé par un cancer du cerveau dont les métastases se propagent partout, des moindres détails aux mécanismes criminels habituels dont on croit saisir le sens. Jusqu’à ce que tout se brouille, jusqu’à ce que l’enquête piétine tellement que le lecteur se demande si c’est là le sujet du roman ou bien autre chose qu’il est en train de découvrir au fil des pages.
Pas étonnant donc, dans ces conditions, que le lecteur et que l’enquête piétinent. Mais non sans occasionner un plaisir croissant pour le lecteur. Le ton, les jeux de mots, les clins d’œil faits à la littérature (pas juste aux romans policiers), les presque caricatures que sont les policiers de service, dont un des deux s’appelle Guy Descars, tout cela concourt à faire de Métastases un roman solide, presque brillant, même si pas vraiment un roman policier, ce à quoi s’attendait le lecteur.
Au fond, il n’est pas si important (ni grave) que le lecteur referme le premier roman de David Bélanger avec l’impression de s’être fait avoir parce qu’il a davantage assisté à un combat d’idées et de mots qu’à l’arrestation d’un criminel. Il y a, avouons-le, un côté jubilatoire à se faire avoir quand c’est fait avec habileté.
la vérité dort
à l’ombre des voix
venues au monde
par les yeux : la source
d’en-bas
comme vont au bois
les promeneurs d’âmes
que leur ombre égare
au milieu du jour
Pierre Ouellet, Consolations
*choix de la lectrice de Vaclav Vytlacil
le ciel
à bout de branches
soulevé :
l’arbre en fait
offrande au vent
âme des dieux
envolée haut
tu dis : les yeux
émerveillés reçoivent
à chaque regard
le don du ciel
— ravi au bleu
Pierre Ouellet, Consolations
*choix de la lectrice de Samuel Lovett Waldo
l’accent du chant
sur le moindre mot
ouvre la bouche
sur les silences du cœur
c’est dans
ses yeux que montrent
— d’heure
en heure — les grandes
marées de l’épanchement
retenues là —
larmes de fond
au bord de l’œil —
derrière les digues de la peur :
les bras croisés sur le regard
Pierre Ouellet, Consolations
*choix de la lectrice de Gérard Weil