Lali

9 juillet 2014

Les vers d’Anna 3

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BRESSAN (Gianna)

Le soir est clair, large, brillant,
Et la fraicheur d’avril est tendre.
Tu es en retard de dix ans,
Mais tu es là — je suis contente.

Assieds-toi auprès de moi,
Regarde de tes yeux riants,
Regarde ce cahier bleu roi :
J’y ai mis mes poèmes d’enfant.

Pardonne-moi : j’ai vécu grise.
Au soleil — et pourtant sans joie.
Surtout, pardonne la méprise
D’avoir pris tant d’autres pour toi.

Anna Akhmatova, Anthologie

*choix de la lectrice de Gianna Bressan (dont ne trouve plus trace)

8 juillet 2014

Les vers d’Anna 2

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BREWSTER (John Jr) - 4

Il était tendre, jaloux, empressé,
Il m’aimait comme on aime le Bon Dieu.
Et pour qu’il ne rappelle plus le passé.
Il a étranglé mon oiseau précieux.

Il entre le soir dans ma chambre pour dire :
Aime-moi, fais des poèmes, sois gaie,
Et j’ai mis en terre l’oiseau du sourire
Derrière le puits, sous les aulnes élagués.

Je lui ai promis — je ne pleurerai pas.
Mais j’ai une pierre à la place du cœur;
Et à tout instant, et où que je sois
Je guette la voix de mon oiseau chanteur.

Anna Akhmatova, Anthologie

*choix de la lectrice de John Brewster Jr

7 juillet 2014

Les vers d’Anna 1

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DENOMMEE (Nancy) - 4

On ne peut confondre la vraie tendresse —
Elle est douce par nature.
C’est en vain, en vain que tu t’empresses
À me couvrir de fourrures.
C’est en vain que tu parles doucement
D’un premier amour timide…
Je connais ces regards insistants,
Tes regards avides!

Anna Akhmatova, Anthologie

*choix de la lectrice de Nancy Denommee

6 juillet 2014

Puisque 5

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CHADWELL (Connie) - 10

Oser peut-être

Si rien n’était à faire
Que de jouer son jeu;
Si mon être en lui-même
Était souple et serein.

Si en rien mes batailles
N’étaient si belles à perdre,
Si le nombre n,avait
Ce regard de gitane.

Si dans le temps la mort
N’était si proche à prendre,
Si elle n’était pas
Le salut que j’attends

Peut-être alors
Oser le geste
Et croire au feu
Le temps d’une vie.

Aurélien Dony, Puisque l’aube est défaite

*choix de la lectrice de Connie Chadwell

5 juillet 2014

Puisque 4

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CASORATI (Felice) - 7

J’ai des sourires plein la mémoire

J’ai des sourires plein la mémoire,
des chants passés d’oiseaux-passage,
Tout encore en mon corps
Vibre au souvenir du monde.

L’eau coule sur mes joues d’enfant
Et longtemps je vis ces ruisseaux
Devenir fleuves, et océans
Sans m,en faire peine pour autant.

Je ris encore, cours dans la nuit
Et cueille des étoiles à plein bras :
Constellations crépitent
Dans ma bouche infinie.

Mon frère, je te rends mes errances
Comme autant de possibles.
Je suis à toi le vol d’été
Qui plane un peu sur tes hivers.

Aurélien Dony, Puisque l’aube est défaite

*choix de la lectrice de Felice Casorati

4 juillet 2014

Puisque 3

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CANESTRO CABALLERO (Raul) - 2

La mer au corps

Ton corps
Sur l’estran,
Comme une épave.
Les goélettes quittent le rivage, pourtant.

De grands oiseaux de mer
S’expatrient en Hollande :
Le deuil est un voyage
Pour le peuple des nues.

Ton corps,
Sur l’estran,
N’étincelle plus.
Les vagues ont tout bouffé
De tes feux-étoiles d’or.

L’appel du large…
Méfiance.
Ton corps, ton corps…
Sirène étouffe et meurt.

Ton corps
Happé
Par l’Océan,
N’est plus que sable flasque,
Un souvenir salin.

Aurélien Dony, Puisque l’aube est défaite

*choix de la lectrice de Raul Canestro Caballero

3 juillet 2014

Puisque 2

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CANEVARI (Giovanni Battista) - 1

C’était une fin ordinaire

Le soleil terminait sa course
Sur le dos noir de la colline,
Pendant que le pin dans la source
Baignait le bois de ses racines.

Moi je remontais le sentier,
Tout imbibé d’odeurs légères,
J’écoutais le merle dernier
Caché dans le frais des fougères.

Le ciel préparait mon manteau
Couleur d’étoile et d’infini,
Mon décor me parut nouveau
Quand Lune sortit de son lit.

Lune fidèle à l’enfant-plume,
Lune éternelle aux yeux mouillés,
Lune aux flambeaux toujours allume
Mon cœur qu’une femme a souillé.

La nuit était partout dehors
Et la forêt chantait debout,
De mille voix, pour mille morts,
Comme certains le feraient souls.

C’était une fin ordinaire,
Sans apothéose et sans cri.
Enterrement au limonaire
D’un jour que personne n’écrit.

Moi il me plairait de mourir
Un soir pareil et sans alarme,
Le firmament pour tout sourire,
L’écho du temps pour toute larme.

Aurélien Dony, Puisque l’aube est défaite

*choix de la lectrice de Giovanni Battista Canevari

2 juillet 2014

Puisque 1

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CADMUS (Egbert) - 2

Te réinventer

Très loin,
Tu sais, quand ton cœur prend le temps
De grignoter le monde
Éclairé en bois
Et en bosquets.

Plus loin
Que le souvenir
De ses mains sur ton corps
Plus loin que le souffle
Hérité des Cyclades

Loin, loin au devant de ton propre projet,
Si loin que le temps n’a plus prise
Sur ta marche et ta force,
Loin…
Te réinventer.

Aurélien Dony, Puisque l’aube est défaite

*choix de la lectrice d’Egbert Cadmus

1 juillet 2014

Les vers d’Angéline 3

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GÖPPERT (Karin)

Balbutier l’inéluctable,
encombrée du fatras d’émotions
regards, écoutes, depuis l’enfance
La mer au pied de la maison en fer

Angéline Neveu, Le vent se fie au vent

*choix de la lectrice de Karin Goeppert

30 juin 2014

Les vers d’Angéline 2

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GONCAROVA (Sarah Beth) - 1

Finalement

Attendre le souffle de la mer
l’ocre roux des lits vagues
la noirceur des vapeurs
la rondeur de tes bras
la pâleur de tes eux
Attendre que le vent m’inquiète
le temps d’un soupir sans fin
du dernier espoir
de la mémoire perdue
Attendre l’écho de l’ombre

Reformer le calendrier romain vanillé

Angéline Neveu, Le vent se fie au vent

*choix de la lectrice de Sarah Beth Goncarova

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