De bouche à bouches
C’est avec De bouche à bouches que j’ai fait connaissance avec la plume et l’imagination de la Lyonnaise d’origine, Chantal Pelletier, que j’ai d’abord pensée Québécoise à cause de son nom, Pelletier étant chez nous un patronyme des plus courants.
Ma méprise réparée grâce aux renseignements glanés ici, je me suis plongée dans De bouche à bouches avec gourmandise. Le roman de Chantal Pelletier réveille papilles comme pupilles avec ses descriptions de plats qui réveillent les sens et mettent en appétit alors que l’héroïne, une photographe plus proche de la petite fille que de la femme malgré ses trente ans dépassés, tente de retrouver le goût. Non pas le goût pour la vie ou pour quelque chose en particulier mais bien le goût tout court, celui des aliments, celui qu’elle a perdu à la suite d’un accident.
Guidée par son nez, elle part au bout du monde cueillir des odeurs et titiller son palais afin que sa langue puisse un jour reconnaître ce que sa mémoire n’a pas oublié. Là-bas, loin de tout, de tous, elle apprendra les rudiments de la cuisine, le velours d’une sauce, la teinte d’une viande cuite à la perfection, les épices, les couleurs, les mariages heureux qui délecteront ceux qu’elle s’appliquera à nourrir.
Elle qu’on a toujours alimentée, qui ne s’était jamais vraiment intéressée à la préparation mais seulement au résultat, va, parce qu’elle a perdu le sens des saveurs et des nuances, entrer dans un monde où la sensualité a une place bien plus grande qu’elle n’avait pu l’imaginer. De bouche à bouches parle du plaisir enfui, remplacé par un plaisir enfoui qui s’étale au grand jour. Un livre qui attise l’appétit et la curiosité culinaire, et qui révèle une auteure qui a le sens des descriptions. Un voyage à travers les sens, voici, entre autres, ce que propose le roman de Chantal Pelletier que je recommande vivement.