Adrienne
Dans le jour qui n’est plus, repenser à l’après-midi. À cette dame de 96 ans, seule dans sa grande maison. Seule et heureuse, au milieu de ses souvenirs, ceux qui la font sourire quand elle les évoque et que nous voilà ramenés des années et des années en arrière. Seule, mais pas seule, entourée d’objets qui, quand elle les caresse, la transporte dans ces lieux où ses pas l’ont portée jadis.
La vie ne s’est pourtant pas arrêtée pour elle. Loin de là. Un arrière-petit-fils est né il y a une semaine. Il y a les cardinaux et les geais bleus à nourrir. Et puis, c’est l’heure de servir les bouchées aux fruits de mer qu’elle a préparées et de servir le rosé.
Je revois chacun de ses gestes, le regard qui pétille autant que les bulles du vin, la main qui ne tremble pas, même si les jambes sont moins agiles. Et je souris.
Aujourd’hui, j’ai rencontré Adrienne.
*toile d’Elena Bryksenkova
j’aimerais bien être comme ça, quand j’aurai 96 ans 🙂
Comment by Adrienne — 19 août 2014 @ 1:51
Il me semblait que chacun de ses mots avait l’allure d’un voyage inachevé. C’était comme un mélange d’une vie mille fois vécue, tressée par des souvenirs que la mémoire de chaque chose avait embellies au cours des années.
La tendresse avec laquelle elle murmurait les noms des êtres chers, trop tôt disparus, trainait encore dans ses yeux pétillants de vie. Et dans la douceur de son sourire, lorsqu’elle les ramène à l’existence, l’espace de quelques phrases rythmées par un je-ne-sais-quoi de particulier remplit d’espérance ma façon de regarder toutes ces choses qu’avant elle j’avais toujours regardées autrement.
Je sais qu’à l’intérieur de chacun de nous il y a le souvenir de l’autre qui s’installe après chaque rencontre. Certains s’effacent dans la poussière du temps. Celui d’Adrienne a déjà trouvé place dans mon cœur. Pour toujours.
Comment by Armando — 19 août 2014 @ 9:02
Que de tendresse pudique dans vos mots, les tiens et ceux d’Armando.
Comment by LOU — 19 août 2014 @ 15:30