À vouloir tout dire, on finit par se répéter
Le projet de Ginette Durand-Brault avait tout pour m’intéresser puisque j’aime les romans épistolaires et ceux qui ont pour toile de fond la Seconde guerre mondiale. C’est donc emballée par le quatrième de couverture que j’ai entamé la lecture d’Écris-moi, Marie-Jeanne.
À la fois historique et en partie biographique, le livre résume un peu moins de six ans de la vie de Marie-Jeanne et de son frère Rodrigue. Narration et lettres alternent donc afin de nous faire vivre les événements qui ponctuent le quotidien d’une famille de Saint-Jérôme et les mois loin des siens de celui parti au front.
En effet, dès le début du conflit, Rodrigue, probablement par désœuvrement, l’homme n’ayant rien fait de marquant de sa vie malgré de solides études, attendant son heure sans le savoir, décide de s’engager, emportant pour tout bagage sa bonne volonté. Parce que sa sœur Marie-Jeanne est la personne dont il est le plus proche, celle-ci ayant fait office de mère plus que de sœur, c’est à elle qu’il écrit le temps qu’il est outremer.
Tandis que la vie continue pour Marie-Jeanne, dont les filles se marient une à une et dont le fils a aussi choisi de partir au front, tout un pan de la petite histoire du Québec nous est relaté par l’entremise des lettres échangées et la partie narrative du roman. Cette époque dont nous sommes bel et bien sortis nous est révélée au moyen d’anecdotes, alors que les femmes ne votaient pas encore, qu’elles devaient obéir à leur mari et ne pas « empêcher la famille ». Une époque bien difficile pour celle qui a quitté sa vie d’enseignante pour se marier et qui aurait préféré ne pas avoir autant d’enfants — et même ne pas en avoir du tout. Mais c’est là une des choses que Marie-Jeanne, avec son mari illettré et autoritaire, ne peut pas changer. Elle doit composer avec les problèmes de ses filles, l’arthrite qui la gagne et l’inquiétude de savoir son frère au combat.
Celui-ci doit faire face à l’attente, aux bombardements, aux décès de certains membres de son régiment, au désespoir de savoir en danger celle qu’il aime et dont il n’a pas de nouvelles, touches qui nous sont à la fois décrites par l’auteure et dans les lettres. Et c’est là le problème de ce roman : les longueurs et les répétitions.
À quoi sert-il de raconter ce qui s’est passé dans la narration et dans les lettres? Le lecteur est intelligent, il n’a pas besoin qu’on lui dise deux fois la même chose. L’auteure aurait donc gagné à faire un peu d’élagage afin de donner plus de rythme à ce long roman (450 pages) qui finit par devenir lassant à cause des répétitions et d’erreurs agaçantes, notamment les « six » enfants qui deviennent « dix » ou Théodore qui se transforme en Télesphore, pour ne nommer que celles-ci.
L’auteure a pourtant du souffle et le sens de la description. De plus, les lettres de plus d’un correspondant se démarquent les unes des autres, ce qui est une réussite, mais le tout est trop long et il faut du courage pour mener à bien cette lecture non dénuée d’intérêt. Il nous reste donc à espérer que l’auteure qui pense déjà à une suite, voire une saga, resserrera son texte afin de conserver l’intérêt de ses lecteurs.
Titre pour le Défi Premier Roman
Les longueurs, c’est un défaut assez courant des premiers romans…
Comment by Anne — 30 juillet 2013 @ 12:21