À Trieste et ailleurs 1
La lectrice peinte par William Shulgold aimait les voyages, autant ceux qu’on fait soi-même que ceux portés par les mots des poètes, ne pouvait qu’être séduite par le recueil de Nicole Brossard intitulé Je m’en vais à Trieste, lequel réunit des poèmes écrits au fil des ans au cours des haltes et des voyages de l’écrivaine. Notamment celui-ci :
SANTORIN
3 juillet 1995
de chair, d’os et de larmes
nous sommes des touristes
les yeux gavés d’abîme de mer et de civilisation
une poussière de lave dans nos cheveux
nous scrutons le ventre des statues
le visage des femmes
le fichu noir des falaises au loin