Les vers de Nelligan 15
Je continue de les admirer, de les voir émues par les vers de Nelligan. Aucune des lectrices n’est restée insensible. La lectrice de Luciano Moral, tout comme toutes celles qui sont passées depuis deux semaines. Et qui a laissé le livre ouvert sur ce poème.
NUIT D’ÉTÉ
Le violon, d’un chant très profond de tristesse,
Remplit la douce nuit, se mêle au son des cors;
Les Sylphes vont pleurant comme une âme en détresse
Et les cœurs des grands ifs ont des plaintes de morts.
Le souffle du Veillant anime chaque feuille,
Le rameau se balance en un rythme câlin,
Les oiseau sont rêveurs, et sous l’œil opalin
De la lune d’été, ma douleur se recueille.
Au concert susurré que font sous la ramure
Les grillons, ces lutins en quête de sabbat,
Soudain a résonné toute, en mon cœur qui bat,
La grande majesté de la Nuit qui murmure
Dans les cieux alanguis un ramage lointain,
Prolongé jusqu’à l’aube humide du Matin.