En vos mots 328
Le lecteur ou la lectrice n’est plus là. Ne reste que son décor imaginé par Tony Chimento. À vous la suite, puisque la toile vous appartient jusqu’à dimanche. C’est en effet vous qui l’animerez, qui inventerez une histoire qui lui est propre et des personnages. En vos mots. Comme vous le faites dimanche après dimanche avec humour ou tendresse, avec gravité ou sagesse, avec un peu de tout ça sûrement.
Puissent les mots être au rendez-vous!
Serait-ce une image du jeu « les cinq erreurs »?
Si oui, je les ai toutes trouvées:
1- Une aubergine dans le plat de fruits
2- Un dessin scotché à la fenêtre
3- Aucune lampe sur les tables
4- Pas d’eau dans le vase à fleurs bleu
5- Le drap à motifs n’est même pas déplié
Sinon, c’est peut-être le jeu : « Où est Bart Simpson? »
Je le cherche encore…
En bonus je vous donne mon opinion sur l’œuvre :
Tous les éléments semblent être placés en fonction de l’harmonie des formes et des couleurs et ça plaît bien à mes yeux de vitre!
Oh! une dernière petite réflexion :
J’imagine un mini tremblement de terre où plusieurs objets sur cette image perdraient leur équilibre. Ça me donne donc un sentiment d’instabilité et de fragilité comme une espèce de vertige…
Pour terminer, je mangerais bien deux ou trois de ces raisins mais je pense qu’ils ont des pépins 😉
Comment by Puff — 26 juillet 2013 @ 12:12
Je m’en souviens encore si bien. Ce jour-là il faisait chaud. La télévision nous avait promis des orages pour l’après-midi. Ils ne sont pas arrivés.
Il faisait si lourd. Il y avait des voix. Au loin. Comme une sorte de jérémiade. Langoureuse. Inachevée. Inépuisable. Presque insupportable.
Puis, j’ai senti sa main sur mon épaule. La tristesse de son regard. Et il m’est venu comme une douleur. Profonde. Pudique. Digne. Une douleur sans mots, trahie par la faiblesse d’une larme. Et puis cette résignation. À croire que le fil des heures allait nous conduire à tous ces mots, lents et épars, qui trébuchent dans le vide de nos silences. C’est mieux ainsi. Au moins elle ne souffre plus.
Je m’en souviens encore si bien. Quelqu’un m’a demandé « Ça ira? » J’ai répondu oui. Comme toujours. Puis je suis parti. Besoin d’air. Besoin de bruit. Je me suis mélangé aux passant. J’ai cherché à croiser des regards pressés d’arriver je ne sais où, comme on cherche à s’accrocher à n’importe quoi. Pour ne pas me noyer.
C’est fou l’inépuisable course du temps. Tout le monde s’en va, tellement enfermé dans sa boule que peu sont ceux qui s’aperçoivent qu’ils viennent de vous croiser. Je ne pourrais jamais les blâmer. J’ai été si souvent comme eux.
Je m’en souviens encore si bien. J’ai poussé la porte. L’appartement était vide. Si vide. Dehors le jour terminait sa course. Dans l’indifférence de ceux qui attendent déjà demain. J’ai regardé autour de moi. Respiré un bon coup. Désormais je devrais m’habituer à son absence. Son sourire ne m’attendrait plus.
Putain de cancer!… ai-je murmuré, la gorge étouffée par les larmes.
Comment by Armando — 27 juillet 2013 @ 9:41
AU DESERT
Bonne femme à la peau sombre
Qu’il est long le chemin
Les chiens jaunes efflanqués
Et les lions opulents autour
Après ta jeunesse grandiose
L’astre de la vie
Pose ses ombres au cadran solaire
Le désert dit le couchant
Dans tes cheveux de bronze
Là où tu ne chantes pas
Là où ta jupe ne virevolte plus
Tu te souviens
De cette ribambelle d’enfants aux yeux immenses
Effarouchés
Les pull-overs,
les sarraus sales
Les tas d’ordure, la crasse informe
Tu te souviens
Puis de tes bras trop grands
À ne savoir qu’en faire
Vilain petit canard
Et un jour tu te fis belle
Tu devins princesse
Peignant tes cheveux corbeau
Telle une fleur au milieu des champs
Pleine de sang chaud et de feu
Ta voix rauque
Tes yeux d’un noir profond
Tsigane, gitane, plénitude
Douceur de la vigne
Au goût sucré des grappes
Tu jouais de la mandoline
Le soir près du feu
Tu as chanté, tu as dansé
Tu as aimé
Avec ceux qui pleurent dans leurs violons
Chemises blanches, manches plissées
Ton chez-toi c’était ta famille
Tu as vécu dans l’ailleurs
Aux endroits où il faisait bon vivre
Tu étais un éclat de miroir
Un parmi des milliers
Perdus sur la Terre
Au désert…
Comment by Cavalier — 28 juillet 2013 @ 7:28