Un paradis 3
Un trait tiré à la règle entre deux champs de bleu
Suffit à faire un paysage marin, minimaliste
Mais paysage tout de même si le contemplateur,
Qu’on perçoit de dos comme dans Friedrich,
Y met un peu de bonne volonté. Manquait le mouvement
Des vagues, au bas, toujours au bas, frangées d’écume,
Qu’on vient d’ajouter. Du coup, arrivent le bruit
Du ressac, l’air froid, salin, parfumé de varech,
Le vent qui souffle du large, l’embrouillamini
De la lumière dans le prisme mobile des houles,
Et cette pâleur du ciel, qui n’est pas si bleu que ça
À travers le filtre de l’air vaporisé d’embruns.
Robert Melançon, Le paradis des apparences
*choix de la lectrice de Thomas William Roberts