Pour me réconcilier avec la vie
Quand j’ai l’impression de tourner en rond et de ne plus savoir mettre un pied devant l’autre, il me faut me faire plaisir, sinon je n’irai pas plus loin. Je regarderai le bout de mon nez et me découragerai. Je le sais, je me connais. Parfois, pour me « sauver » de moi-même et de mes moments de noirceur, je plonge dans la musique ou dans la baignoire. Je gomme ce qui ne va pas et je repars de plus belle.
Mais aujourd’hui, rien de cela ne fonctionnait. L’impression de la tête qui va éclater était trop puissante. Qu’un seul plaisir n’allait pas être suffisant, qu’il me fallait les additionner. La musique, l’eau du bain, les bouquins, la longue marche, les bols de café. J’ai tout pris. Mais des pensées sombres traînaient encore. Et pas question que je reste dans cet état.
Et puis, j’ai trouvé. Un truc tout bête. Et ça fonctionne.
De la marmelade. Effet magique. Comme quand j’étais petite et que mon grand-père coupaient ses rôties, beurrées et tartinées de marmelade, en seize morceaux, pour nous en donner des parts, pendant que maman préparait notre souper. En plus, il fallait que ce soit de la marmelade d’oranges amères, et pas une autre.
Et de me remémorer ces instants avec mon grand-père a effacé les nuages. Je sais qu’il veille sur moi, qu’il ne va pas me laisser tomber, lui qui m’a appris les lettres, la lecture et le respect des livres. Qu’il suffira d’un bout de pain avec un peu de marmelade pour qu’il soit là, près de moi, à me soutenir et me dire que je suis capable.