Ce que mots vous inspirent 64
Mon passe-temps favori, c’est laisser passer le temps, avoir du temps, prendre son temps, perdre son temps, vivre à contretemps. (Françoise Sagan)
La lectrice peinte par William Stott of Derby est quelque peu perplexe. En effet, le lien que semble entretenir Françoise Sagan avec le temps la laisse bouche bée, car à elle il manque toujours de temps.
Et vous, quelle relation avez-vous avec le temps? Le vivez-vous à la manière de Françoise Sagan ou avez-vous une autre vision des choses? La phrase est là pour vous, pour ce que mots vous inspirent. Toute une semaine. Car je ne validerai les commentaires en bloc que dans sept jours.
Vous avez donc le temps! Amplement le temps, à moins que vous ne l’utilisiez à autre chose…
Je viens justement de découvrir Sagan il n’y a pas longtemps, Sagan et son « Bonjour tristesse »…Et oui, parfois il faut du temps, beaucoup de temps avant de découvrir un auteur… Ce roman n’a pas une seule ride, il pourrait avoir été écrit il y a un an ou deux, c’est extraordinaire.
Me revoilà, Lali…Mais je n’ai jamais vraiment été partie…Et il n’est pas encore trop tard pour souhaiter une bonne année à tous les habitants de ce monde.
Comment by Petit Poucet rêveur — 14 janvier 2009 @ 14:17
Tout à l’heure j’ai eu peur. Un craquement brutal est venu du ciel en furie. Les arbres me semblaient des dentelles bien fragiles sous l’assaut de vent et de la grêle. Le temps a une mine de plomb qui crée chez moi un malaise. Besoin d’allumer les lampes au-dedans pour contrebalancer cette absence de lumière au-dehors et réchauffer l’atmosphère.
« Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard » écrivait Aragon.
Il me semble qu’il est trop tard pour tant de choses dans ma vie. Mais il n’est certes pas trop tard pour déposer un peu de moi au pays de Lali.
J’ai tout le temps qu’il faut pour penser à Sagan. Pour penser, j’ai du temps à revendre.
J’ai déprimé à fond plusieurs jours de la semaine. Mon corps m’en fait voir de toutes les couleurs. Est-ce le corps qui influe sur l’esprit ou l’inverse ?
Le Clézio dit que si notre corps avait la faiblesse de notre esprit, il tomberait en pourriture à la minute même.
Hier j’ai quand même été en ville, j’ai marché dans les rues, parapluie ouvert. Place Saint-Paul j’ai vu des gens rassemblés avec des pancartes : Stop aux massacres en Palestine !
J’ai eu l’impression d’une indécence avec mon mal-être qui entraîne ce repli sur moi.
Aujourd’hui je me sens mieux. Pas de tempête dans mon corps ni dans mon esprit. J’ai même écrit tôt ce matin avant que la cuisine ne redevienne cuisine. Ecrire c’est rester en vie, c’est être en vie.
Et justement la phrase de Sagan me ramène à ce pas décisif quand j’ai participé à mon premier atelier d’écriture en 2002. Avec une grande dame essentiellement poète. Une grande dame aux manières délicates, à l’élégance discrète. Dans les gestes et le langage, une noblesse. Son nom : Colette Nys-Mazure. Je suis prête à parier que Lali la connaît tant elle connaît si bien mon pays.
Durant ce stage d’une semaine en immersion totale avec les arts plastiques et la musique, il y a eu ce moment ludique où Colette nous a fait effleurer le théâtre. D’abord trouver des expressions sur le temps. Ensuite lecture et mise en commun. Par deux, créer une petite scène et la présenter. Je me souviens, il faisait beau, on a sorti les chaises dehors. On a beaucoup ri.
Alors comme j’ai parlé de déprime plus haut, je voudrais terminer par cette scène. Question d’équilibre.
La scène.
Une femme (moi) est assise dans la salle d’attente d’un médecin. Elle feuillette un magazine.
Un homme entre et essuie ses lunettes.
Lui – Sale temps !
Elle- Oui, Monsieur, un temps à ne pas mettre un chien dehors. Il faut vraiment être obligé de sortir !
Un temps
-Lui- Croyez-vous que le médecin est dans les temps ?
Elle – Pensez-vous ! Il est tout le temps en retard. Il n’est pas encore rentré de ses visites. Il faut avoir le temps pour venir chez lui. Celui qui n’a pas le temps est déjà mort.
Un temps
Lui – De mon temps, on ne perdait pas son temps.
Elle – De nos jours, le temps c’est de l’argent. On passe sa vie à remplir des temps morts.
Lui- Chacun tue le temps comme il peut.
Elle – Je n’ai pas le temps de mourir maintenant, chaque chose en son temps…
Lui- Ah voici le docteur…
Elle – Il était temps !
Comment by Petit Poucet rêveur — 18 janvier 2009 @ 14:32
Agathe ! Es-tu prête ? Nous devons rendre visite à ton grand-père ! Est-ce que tu m’entends ?
Mais enfin, Agathe, tu n’as pas fini ton café et tu ne t’es pas encore changée ? Mais dépêche toi, qu’attends-tu ?
Agathe a bien entendu sa tante mais elle fait la sourde oreille car elle veut absolument terminer cette page. De toute façon, sa tante est toujours pressée, court toute la journée et ne prend pas le temps de lire, ne serait-ce qu’une heure par jour. C’est un vrai tourbillon. Elle sait aussi qu’elle a tout son temps pour rendre visite à son grand-père…sa tante a cette fâcheuse manie de se préparer trois heures à l’avance et fait mille choses à la fois.
Agathe la surnomme gentiment, la tornade !
Fille unique et ayant perdu ses parents lorsqu’elle avait cinq ans, son oncle et sa tante se sont occupés de leur nièce avec beaucoup d’amour. C’était une fillette heureuse et curieuse de tout. Après ses passages obligatoires d’écoles, Agathe souhaite suivre des cours à l’Université afin d’obtenir sa licence de lettres modernes et classiques. Elle veut enseigner le français. Son inscription est déjà faite pour l’automne.
Agathe a toujours le nez dans un livre. Chez son oncle et sa tante, c’est le paradis surtout dans la belle bibliothèque de son oncle. Là, elle se sent bien, entourée de magnifiques ouvrages. Si sa tante cherche sa nièce après le repas du soir, elle sait où la trouver. Pour Agathe, c’est son refuge !
Ce matin, c’est jour de congé. Elle a donc pris tout son temps pour prendre son café et sur un rayon de la bibliothèque, Agathe a découvert un magnifique recueil. Elle l’a feuilleté et a trouvé des trésors de textes comme celui-ci par exemple. Ce sont des paroles d’une chanson de Claude Léveillée,
Le temps d’une chanson
Le temps d’une chanson
Le temps de dire je t’aime
Le temps d’une chanson et je t’emmène
Je n’ai jamais pris la mer, sans jamais penser à toi
Je n’ai jamais pris la mer, sans jamais t’emmener avec moi mon amour
Le temps d’une chanson
Le temps de dire je t’aime
Le temps d’une chanson et je t’emmène
Si j’ai fait le tour du monde toujours seul loin de nous deux
Si j’ai fait le tour du monde, c’était pour me parfaire à tes yeux mon amour
Le temps d’une chanson
Le temps de dire je t’aime
Le temps d’une chanson et je t’emmène
Et tous ces voyages d’homme
M’ont mené au bout du temps
Et tous ces voyages d’homme m’ont mené jusqu’à toi
hors du temps mon amour
Le temps d’une chanson
Le temps de dire je t’aime
Le temps d’une chanson et je t’emmène
Le temps d’une chanson
Le temps de dire je t’aime
Le temps d’une chanson et je t’emmène
Avec moi
Comme c’est beau, se dit Agathe et comme il est agréable de prendre son temps et d’apprécier les bons moments !
Je vais expliquer tout cela à ma tante.
Comment by Denise — 20 janvier 2009 @ 14:47
Comme je n’ai pas beaucoup de temps en ce moment,je dirai que le temps c’est de l’argent, je vais donc en gagner… du temps ou de l’argent ? pour le passer ailleurs.. le passer ou le placer ?
Juste un peu de bon temps avant de voir comment cela fait quand le temps prend son temps… mais ce n’est pas pour tout de suite ! Autant vous le dire !
Comment by Reine — 21 janvier 2009 @ 0:28
NB : Et j’attends les chaussons rouges !
Comment by Reine — 21 janvier 2009 @ 0:30