Lali

17 juin 2012

En vos mots 271

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

C’est à l’illustrateur Georges Pavis que nous devons cette scène intitulée Ninette aborde les hautes études que je vous propose en ce dimanche de nous raconter. En vos mots. Avec humour. Ou pas. En vers comme en prose. Juste pour le plaisir de rendre vivante cette image figée dans le temps.

Les commentaires seront emmagasinés pour n’être validés que dans sept jours, comme le veut l’habitude. D’ici là, bon dimanche à tous et en souhaitant que vous serez nombreux au rendez-vous!

4 commentaires »

  1. Elle avait dépoussiéré quelques volumes à la hâte. Allait-elle trouver dans ce grenier les réponses à ses questions? Tant d’idées se bousculaient dans sa tête. Qui l’aiderait dans les choix difficiles qu’elle avait à faire? Nulle personne avisée pour la guider. Seulement quelques membres de la famille bien intentionnés mais aux avis contraires. Elle ne pouvait compter que sur elle-même. Et peut-être sur la sagesse de l’un ou l’autre livre. Mais quels étaient ceux que ses aïeux avaient laissé moisir sur ces étagères? Ses ancêtres avaient-ils des vues plus clairvoyantes que son ascendance actuelle? Les principes qu’elle découvrait ici lui semblaient pour la plupart surannés et ineptes, confits dans un conformisme qui dans cette maisonnée depuis des décennies paraissait faire loi et régner. Ce n’était pas dans ces pages qu’elle trouverait assistance, bien au contraire. Devant l’option à prendre, les anciens dont les écrits étaient entrés dans cette maison, ne lui étaient d’aucun soutien. Elle éprouvait cependant que, passée la stupéfaction croissante qui s’emparait d’elle à leur lecture, ils allaient alimenter sa rage, au point de lui permettre de voler dans les plumes de cette basse-cour ridicule faisant figure de digne dynastie dont elle était malencontreusement issue. Elle se sentait bien seule peut-être, mais son exaspération atteignait à présent un comble, qui lui donnerait la force de tordre le cou à toutes les sornettes et fadaises qu’on avait jusque là réussi à lui faire avaler. Haut les coeurs! Haut le sien en tout cas. A la hauteur des études qu’elle allait entreprendre, en orientant par elle-même ses pas. Elle ne serait plus la petite fille à qui on peut la faire. Aujourd’hui était un grand jour où, depuis l’échelle où elle était juchée, elle se vivait soudain comme responsable et autonome. Responsable de son autonomie. Et grande.

    Comment by Anémone — 17 juin 2012 @ 17:01

  2. Tout en haut de l’échelle, dans la grande bibliothèque du cabinet d’avocats Sabatier, Morel et fils dans lequel elle est stagiaire, Ninette soupire.
    Un doctorat en droit international, un autre en droit du travail. Tant d’années d’études à empiler connaissances sur connaissances, à peaufiner les compétences et les savoirs, à les aiguiser sur le fil du rasoir…
    Tout ça pour passer des années à préparer des dossiers des titulaires. Soulever et transporter des volumes poussiéreux d’un poids souvent supérieur au sien afin de les consulter sans relâche jusqu’à ce qu’elle y déniche LA faille du système ou LA jurisprudence qui permettra à ses collègues de gagner leur affaire et d’en retirer tous les lauriers.
    Tout ceci sans un regard ni un merci.
    Pourtant Ninette sait que dans la poussière des étagères, parmi les pages jaunies des épais volumes qu’elle manipule à longueur de journées, elle se gagne lentement mais sûrement la renommée d’une juriste fiable et compétente.
    Et qu’un jour, plus si lointain que ça désormais, elle ne sera plus Ninette, pour personne, mais Maître Antonine Dumayet, avocate associée dans le célèbre cabinet Sabatier, Morel et fils.
    « -Il suffit juste d’un peu de patience et de persévérance… » pense-t-elle les dents serrées, en réfrénant un éternuement.

    Comment by Mamido — 23 juin 2012 @ 3:57

  3. Dire que juste le temps de mettre mes casques et écouter L’enfance de Claude Léveillée. Trois minutes onze. Et tout bascule.

    Cet après-midi-là, je l’ai cherchée pendant des heures. J’ai fait toutes les pièces de la maison en murmurant son nom. Rien.

    Ses clefs pendaient sur la porte. À l’intérieur. Et la serrure avait un tour. Comme elle avait l’habitude de faire. Depuis toujours. Son sac était là. Endormi à côté du fauteuil. Elle ne serait allée nulle part sans son sac.

    Et puis, elle m’aurait dit quelque chose. Laissé un mot. Je ne sais pas…

    Mon cœur semblait vouloir exploser.

    Tiens, un bruit sourd. Un tout petit bruit. Là haut. Tout là-haut. J’ai monté les escaliers pieds nus. Elle était là. Assise sur un escabeau, elle lisait à mi-voix, quelques mots qu’un tendre amoureux lui avait dessinée. Et Dieu qu’elle était lumineuse!…

    Comment by Armando — 23 juin 2012 @ 9:09

  4. Il y avait ce côté attendrissant du genou.

    Une jeune fille dans un verger, au sommet d’une échelle, en train de cueillir des fruits – mais non, nous ne sommes pas encore à Talloires, lac d’Annecy, quelque part au milieu des années soixante…

    Donc, il y a ce côté attendrissant du genou, la blancheur des bas, et les roses sur la robe des Années folles. Mais comme on n’ose le saisir entre ses mains, comme on n’ose interrompre la sieste studieuse et curieuse de l’étudiante, on croque rapidement son ombre,

    La toile de l’araignée, le savoir, le gai dimanche, la poésie,

    La fantaisie,

    Les mots et la beauté…

    Comment by Pivoine — 24 juin 2012 @ 18:50

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