Lali

22 janvier 2012

En vos mots 250

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

Comme chaque dimanche, depuis maintenant 250 semaines, une toile est ici accrochée pendant une semaine, le temps pour vous de l’examiner à loisir, de vous en imprégner et de laisser parler votre plume (ou votre clavier) afin de nous dévoiler ce qu’elle recèle en vos mots, qu’ils riment ou non, puisque le jeu se prête à tous les genres et à toutes les formes.

Ce n’est que dans une semaine que nous lirons ce que la lectrice et musicienne du peintre italien Carlo Vighi aura inspiré, alors qu’une nouvelle toile sera offerte à ceux qui voudront tenter l’expérience pour la première ou la énième fois, puisque c’est à ce moment et pas avant que seront validés tous les commentaires.

Puisse la toile de ce dimanche vous donner envie de déposer quelques lignes…

5 commentaires »

  1. Sans toi ni loi, mais surtout sans toi. Pourtant je souris, de par ma musique. De par mon manteau si tant rapiécé, et pourtant unique par moi créé. Sans toit ni loi, mais surtout sans loi. Sans personne qui ses règles me dicte. Juste moi qui seule me les édicte. Sans aucune aigreur, sans aucune vindicte. Sans toit ni loi, mais d’abord sans toit. Sans chez moi, sans feu, sans domicile fixe. Parfois j’ai très froid. Sans toit ni loi, mais surtout sans toi. Parfois j’ai vraiment très très très très froid. Oui une seule question me met en panique: POURQUOI DONC SANS TOI?

    Comment by anémone — 23 janvier 2012 @ 13:09

  2. Ce matin-là, de l’autre côté de la rue, une fille pleurait une partition de Bach. Et moi qui aurais juré par tous les dieux de l’Olympe que les matins de janvier se ressemblaient tous. Pluvieux. Gris. Froids et dénués d’intérêt.

    Il m’est même arrivé de penser que, si un jour je devais être de ceux qui décident d’en finir, il fallait que je le fasse un matin de janvier. Le temps est parfois si triste, que cela me servirait d’excuse. Je dirais même que cela me donnerait même bonne conscience.

    C’est dingue ce que la tête peut vous offrir de pensées idiotes lorsque les matins sont gris et que vous n’avez pas vraiment de raisons d’atteindre le printemps. Parce qu’à l’intérieur de vous il y a comme une voix qui vous murmure qu’il n’y aura jamais de printemps. Ou alors qu’il ne vous apportera rien de plus que quelques mois de solitude. Rien d’autre.

    Perdu dans mes pensées, je ne me suis pas aperçu que la fille avait posé son violon et me dévisageait. Sereine et chaleureuse. Comme si ce matin-là, elle était venue m’attendre. Comme si ce matin-là elle était venue jouer rien que pour moi. Pour que le gris de janvier ne soit plus jamais du même gris.

    Je lui ai souri. Dans ma tête, Bach jouait encore. Et je lui ai demandé si elle ne voulait se joindre à moi. Pour attendre l’arrivée du printemps. À deux.

    Comment by Armando — 28 janvier 2012 @ 9:01

  3. MISE EN SCÈNE

    Faux, tout semble faux : le violon sans archet, le paysage bucolique, les deux livres ouverts.

    Négligé, tout semble négligé : Les baskets, les jeans, le manteau rapetassé, les cheveux ébouriffés.

    Vraies, deux mimiques semblent vraies : un sourire affecté et des mains guindées et pourtant…

    Comment by Flairjoy — 28 janvier 2012 @ 9:20

  4. AU VOLEUR

    Je lui ai demandé de s’installer sur le mur, la fille qui venait de me demander si j’avais du feu.
    Je lui ai dit non, et puis je lui ai demandé si elle ne voulait pas bien poser pour moi.
    Je lui ai fait enfiler le manteau que j’avais apporté.
    Plus tard, je m’occuperais des livres, d’un violon, d’un arrière-plan improbable au tableau.
    Ce genre de choses plaît aux gens. Dieu seul sait pourquoi.
    Elle me regardait attentivement.
    Je savais qu’elle avait faim.
    Le temps que je faisais mon sketch, elle tremblait.
    Elle n’était pas sûre de son argent, l’argent que je lui avais promis, je me disais, mais j’ai continué à dessiner.
    J’ai décidé qu’elle s’était sans doute fait avoir par d’autres hommes qui lui avait promis des choses.
    Ses cheveux étaient gras. Je me demandais vaguement quand et où elle a pu se baigner.
    Ses joues étaient creuses, sa peau un peu blafarde.
    Je me demandais si elle n’était pas un peu malade.
    Pendant deux ou trois minutes, je jouais avec l’idée de l’inviter chez moi après.
    Et puis j’ai décidé que non.
    Quand j’étais plus jeune, je risquais moins à faire rentrer une telle fille chez moi.
    Non, cette partie de ma vie était terminée.
    Je m’étais habitué à mes conforts.
    Je craignais qu’elle reparte avant que je termine son regard sur ma toile.
    Mais comme vous pouvez voir, elle y est restée le temps que je termine.
    Elle a vite empoché les deux billets que je lui ai tendu.
    Et puis elle s’est sauvée, portant le manteau que je lui avais donné pour le portrait.
    Je me contentais de l’imaginer enfin protégée contre le froid qui arrivait.
    Le lendemain, quand ma bonne est arrivée, elle m’a dit qu’elle avait vu mon manteau au mont-de-piété, et s’exclamant contre le culot des cambrioleurs ces jours-ci dans ce bas monde, elle s’est mise à examiner mes affaires pour voir si l’on ne m’avait pas volé d’autres choses.

    Comment by joye — 28 janvier 2012 @ 18:35

  5. Je veux faire une pause, jeter mon violon aux orties, casser mon archet, jeter au vent la colophane.
    Line, depuis l’enfance est baignée dans la musique. Au début contrainte par sa maman, puis le plaisir est venue avec les leçons de Madame Berthe, la douce Madame Berthe.
    Répétitions quotidiennes, petits concerts en salon, puis en célèbres grandes salles.
    Le grand concert à la Halle aux Grains vient de s’achever. La chaleur et l’intimité de cette salle, le bois partout présent, lui ont donné l’envie de revenir dans son petit nid, sa maison. Arrêter pendant un temps cette course aux spectacles, aux contrats, aux répétitions. Reprendre souffle et vie.
    Line voudrait donner corps au rêve qui revient chaque nuit… Contempler ce fameux tableau d’Ingres, “le violon”, peintre musicien à ses heures. Montauban n’est pas loin, moins d’une heure de route. C’est décidé, demain je prends la route.

    http://www.montauban.com/connection_ingres/P-DATE2/index.html
    http://www.insecula.com/salle/MS00377.html
    http://www.toulouse.fr/cultures/musique/la-halle-aux-grains

    Comment by LOU — 29 janvier 2012 @ 5:58

Flux RSS des commentaires de cet article. TrackBack URI

Laisser un commentaire