Une journée avec Monsieur Jules
Quand Alice se lève, ce matin-là, elle ne sait pas encore que Jules est mort. Elle le saura tout à l’heure quand les choses seront presque comme d’habitude, mais pas tout à fait. Le café sera prêt, oui, mais Jules ne sera pas à sa place habituelle, mais assis au salon, devant la fenêtre, comme s’il regardait danser les flocons. Mais son regard est vide, c’est là que la mort l’a trouvé.
Et maintenant, que faut-il faire? Appeler un médecin pour qu’il constate le décès? Son fils? Alice n’a pas envie de rien de cela, elle a encore trop de choses à dire à Jules qui ne lui en a pas laissé le temps. Plus tard sera bien assez tôt pour celle qui vient de voir sa vie basculer alors qu’elle avait toujours cru qu’elle partirait la première.
Une journée avec Monsieur Jules n’est pas une journée ordinaire. C’est sa dernière journée. Et Alice a bien intention d’en profiter, de se faire à la mort de Jules petit à petit. Mais il y a David qui va venir tout à l’heure, David, enfant autiste qui s’est attaché à Jules et à leurs habitudes, une partie d’échecs quotidienne, à 10 heures 30, précisément, pas plus tôt, pas plus tard.
D’un sujet grave, Diane Broeckhoven n’a pas fait un livre léger, mais un livre qui n’est pas lourd, un livre plein de tendresse, un livre sur la complicité de deux êtres tout aussi démunis l’un que l’autre qui ont choisi de vivre cette dernière journée sous le sceau d’un secret qu’ils vont partager. Juste eux. Personne d’autre. Demain, on verra.
S’il fallait un seul qualificatif pour parler de ce livre émouvant, je choisirais la délicatesse. Un art qui n’est pas donné à tous, mais que maîtrise à la perfection Diane Broeckhoven, Anversoise de naissance, qui a publié une trentaine de livres, mais dont Une journée avec Monsieur Jules est le premier traduit en français. Espérons que ça ne sera pas le seul.
Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».