Les vers de Nâzim 4
Nostalgie
Cela fait cent ans
que je n’ai pas vu ton visage
que je n’ai pas passé mon bras
autour de ta taille
que je ne vois plus mon visage dans tes yeux
cela fait cent ans que je ne pose plus de question
à la lumière de ton esprit
que je n’ai pas touché à la chaleur de ton ventre.
Cela fait cent ans
qu’une femme m’attend
dans une ville.
Nous étions penchés sur la même branche,
sur la même branche
nous en sommes tombés, nous nous sommes quittés
entre nous tout un siècle
dans le temps et dans l’espace.
Cela fait cent ans que dans la pénombre
je cours derrière toi.
Tu es mon ivresse
De toi je n’ai point dessoûlé
Je ne puis dessoûler
Je ne veux point dessoûler
Ma tête lourde
Mes genoux écorchés
Mes vêtements crottés
Je vais vers ta lumière qui brille et qui s’éteint
en titubant, tombant, me relevant.
Nâzim Hikmet, Il neige dans la nuit et autres poèmes
*choix de la lectrice de Bertha Worms
Un livre que j’ai lu, que je relis et que je relis différemment à travers tes yeux.
Un livre qui me tient à coeur pour des raisons très personnelles.
Comment by Maïté/Aliénor — 5 janvier 2012 @ 16:18