La faute de Roy Dupuis
Il faut bien que ce soit la faute de quelqu’un. C’est toujours la faute de quelqu’un quand des enquêteurs, des psychiatres et des protagonistes venus de différents horizons se trouvent confrontés à une situation qui a tout de déboussolant.
Et si Louis, qui a disparu (ou fui) depuis trois ans, est retrouvé enfermé dans une cage, celle-ci dans une cave de la Drôme, amaigri, fermé sur lui-même, dans un état qui a tout de la folie, aux côtés d’un homme mort, il faut bien que ça soit la faute de quelqu’un. Mais de qui? De sa sœur qui n’a jamais pensé tout ce temps qu’il était arrivé quelque chose à son frère? De celui qui l’a enfermé depuis une période de temps difficile à déterminer? D’une de ses correspondantes/acheteuses avec lesquelles il a entretenu plus qu’un lien commercial? De personnes gravitant autour de celles-ci? De gens dont on ne peut soupçonner l’existence? Du psychiatre qui a soigné Louis quand il a tenté de se tailler les veines du poignet il y a de cela des années?
Ce serait bien trop simple si c’était la faute de l’un d’eux. Et moins spectaculaire. Ce sera donc la faute de Roy Dupuis. Le Roy Dupuis de La femme Nikita, qui a fait connaître l’acteur québécois d’un bout à l’autre de la planète (ou presque), celui-là même qui avait marqué la télévision canadienne dans le rôle d’Ovila Pronovost et dans celui du père des jumelles Dionne. Oui, ce sera sa faute. Après tout, sans lui, Louis n’aurait jamais croisé des personnages sur lesquels pèsent des soupçons qui ont tout du flou mais qui n’en sont pas moins réels. Sans les photos, les articles, les vidéos, les programmes de théâtre où Roy Dupuis est en évidence, lesquels sont mis aux enchères sur la toile par Louis, il n’y aurait en fait pas de roman, pas d’histoire à raconter, pas de personnages inquiétants.
Roman qui a quelque chose de l’enquête, La faute de Roy Dupuis se veut un jeu de pistes, voire un casse-tête dont on a perdu la boîte, ce qui donne lieu à des morceaux ajoutés peu à peu sans idée de ce à quoi l’image finale va (ou devra) ressembler. Le résultat est un roman touffu à l’imagination débridée mené comme une course à obstacles de main de maître par Luc Mercure, malgré quelques longueurs çà et là qu’on ne lui reprochera pas tant le roman est construit et cousu solidement.
Oh que je suis content. Pour une fois cela change. D’habitude c’est toujours la faute à Pépé.
Merci Lali.
Comment by Pépé Zinzin — 22 octobre 2011 @ 14:22