Lali

23 septembre 2006

Quand une toile me parle de moi

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 23:23

gregallen

C’était après l’amour, il y a des années de cela. Fermez bien les rideaux et rapetissez la pièce pour une image plus près de la réalité, et remplacez le violoncelle par un violon.

Je croyais que deux êtres qui viennent de partager un tel moment pouvaient rester dans la même pièce, chacun livré à sa passion, Michel à sa musique, moi à mes livres. Que comme j’avais su lui inspirer une de ses plus belles compositions, je n’allais pas l’envahir en restant allongée là, à le regarder du coin de l’œil, amoureusement — sûrement — entre deux pages tournées. Car j’aimais ce corps à corps qu’il avait avec son violon. Car j’aimais cette façon qu’il avait de le tenir contre lui, le menton sur son épaule.

Mais une scène sembable à celle peinte par Greg Allen n’a pas eu lieu. Je pouvais écouter s’il avait toute mon attention, mais non pas faire autre chose. Je crois même que les pages froissées l’auraient dérangé.

Mais ça allait au delà de ça. Le désir assouvi, je n’avais plus lieu d’être là, si c’était pour être dans ma propre bulle. L’obsession du « ensemble » ou rien du tout; une peur atroce du « côte à côte ». Et si, des années plus tard, nous nous sommes retrouvés tantôt chez lui, tantôt chez moi, j’ai toujours pris soin de ne pas traîner après et de ramasser les vêtements épars pour me rhabiller vite fait, partir dans la nuit ou le raccompagner à la porte.

Peut-être est-ce depuis ce soir d’hiver que je n’ai plus été capable d’un éventuel côte à côte hors de l’amitié qui elle, permet cela. Peut-être. Car, même après, je ne lisais pas quand l’homme avec qui j’ai vécu, était là. Je gardais cela pour moi. Tout comme écrire, tout comme ma musique.

Et c’est peut-être la raison pour laquelle je suis si bien comme je suis. Et aussi celle pour laquelle j’ai raconté une très belle histoire à un ami récemment. Celle d’un homme assis dans un fauteuil qui regarde celle qu’il désire, allongée sur le lit, lire. Et qui attend, patiemment, qu’elle se consacre à lui. Même s’il lui faut pour cela patienter jusqu’à ce qu’elle termine le livre.

Il faudrait bien que je l’écrive, au fait, cette nouvelle, au lieu de rêver devant des toiles.

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