Lali

17 février 2008

En vos mots 45

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

em_fried

Que va inspirer la lectrice d’Elaine Marie Fried de Kooning à ceux qui se laisseront tenter à écrire pour ce nouvel En vos mots? Quelques vers? Quelques lignes? Une longue histoire? Une citation?

À vous de voir. Suite dimanche prochain. Comme d’habitude.

Bon dimanche à tous!

6 commentaires »

  1. Lucienne était plongée dans « son livre ». Son livre de jeunesse où tout était écrit.
    Aujourd’hui, un peu nostalgique, elle ressentait un profond besoin de revivre tous ces moments de bonheur, envie de rêver, envie de retrouver sa saison préférée. L’été. Ces étés tous colorés et joyeux.

    Elle releva la tête en croyant entendre couler de l’eau. Mais il n’y avait pas de fuite d’eau.

    Ce bruit venait de son coeur, elle rêvait d’un certain été après avoir relu ces belles paroles…

    Le petit pont de bois

    Tu te souviens du pont
    Qu’on traversait, naguère,
    Pour passer la rivière,
    Tout près de la maison,
    Le petit pont de bois
    Qui ne tenait plus guère
    Que par un grand mystère
    Et deux piquets tout droits,
    Le petit pont de bois
    Qui ne tenait plus guère
    Que par un grand mystère
    Et deux piquets tout droits.

    Si tu reviens par là,
    Tu verras la rivière
    Et j’ai refait en pierre
    Le petit pont de bois,
    Puis je l’ai recouvert
    De rondins de bois vert
    Pour rendre à la rivière
    Son vieil air d’autrefois,
    Puis je l’ai recouvert
    De rondins de bois vert
    Pour rendre à la rivière
    Son vieil air d’autrefois.

    Elle suit depuis ce temps
    Son cours imaginaire
    Car il ne pleut plus guère
    Qu’une ou deux fois par an
    Mais dans ce coin de terre,
    Un petit pont bizarre
    Enjambe un nénuphar
    Au milieu des fougères,
    Mais dans ce coin de terre
    Un petit pont bizarre
    Enjambe un nénuphar
    Au milieu des fougères
    Pour aller nulle part,
    Et pourtant j’en suis fier…

    Yves Duteuil

    Comment by Denise — 18 février 2008 @ 10:46

  2. Les images naissent
    fugaces comme ces oiseaux
    dans le bleu mouillé.
    Tout est à recomposer
    à dénouer à renouer
    brin par brin.
    Patience.

    Tout est à oublier à effacer
    mot après mot.

    Je t’écris d’un pays
    sans parapets ni ancrage
    sinon la stridence d’un autre temps.

    Je t’écris de là-bas où rien ne tient
    où tout dévale vers la nuit
    que tu me refusais.

    Comment by agnès — 19 février 2008 @ 11:22

  3. LAVIS, LA VIE

    Au mur de sépia les souvenirs s’accrochent.
    Une femme se détache en camaïeu marron.
    Sur un lavis de gris la lumière s’effiloche.
    Les ombres terre brûlée se creusent des sillons.

    Flairjoy

    Comment by Flairjoy — 20 février 2008 @ 7:31

  4. Je viens de déguster un thé au caramel que j’ai posé par terre puisque la tasse est maintenant vide et puis je vais recopier dans mon carnet un petit bout d’un texte que j’aime bien et que j’ai envie de t’offrir: « une fois de plus, ils burent du chocolat assis par terre, l’un en face de l’autre,et adossés aux étagères de livres.. pour le plaisir de se trouver des points communs, ils parlèrent des livres qu’ils avaient aimé le plus dans leur vie, puis ils commencèrent à s’endormir. Ils installèrent les deux lits mais ce fut dans celui du chauffeur que Marie s’allongea. Même si ce n’était pas vraiment un lit à deux places, ils n’étaient pas trop à l’étroit…je suis très bien dans vos bras.. » La tournée d’Automne de Jacques Poulain et j’ai bien aimé!

    Comment by Béatrix — 20 février 2008 @ 8:37

  5. Depuis des décennies qu’elle avait arrêté toute activité, malgré les sollicitations les plus diverses.

    Depuis ce jour fatidique de janvier où un accident d’avion avait emporté son mari et Teresa, sa fille, elle vivait loin du monde, parmi le silence des fleurs de son grand jardin, perdu à quelques kilomètres de la grande ville.

    Certains prétendaient que le chagrin avait rongé toute forme d’humanité en elle et qu’elle était devenue aigrie et sans pointe de sentiments. D’autres, soi disant plus éclairés, faisaient courir le bruit qu’elle était devenue folle.

    Seule la vieille et fidèle gouvernante savait qu’aucun d’eux n’avait raison. Elle s’épuisait dans l’écriture… Tous les jours, elle passait des heures sans compter à écrire. Entre deux promenades dans son jardin, pendant lesquelles elle demandait à Pedro, le mari de sa gouvernante qui faisait aussi office de jardinier, des nouvelles de ses fleurs. Pedro l’aimait beaucoup. Pour beaucoup de raisons mais aussi parce qu’elle lui demandait également, chaque jour, des nouvelles de leur fille partie à Londres, pour poursuivre ses études de droit international.

    Martha avait cependant gardé une profonde tristesse dans le regard. Et personne savait à quoi elle songeait lorsque, accompagnée de ses deux labradors, elle se perdait dans la petite forêt qui était en bordure de sa propriété.

    Quand Jacques décrocha le téléphone cet après-midi de la fin août, il ne voulait pas croire que de l’autre côté, il entendait une voix familière. Celle de Martha, la grande dramaturge… qui voulait lui parler et d’une pièce de théâtre qu’elle venait d’écrire.

    Jacques, le fidèle ami d’enfance de son époux et promoteur de spectacles, avait mis du temps à croire qu’il ne rêvait pas.

    Ils ont parlé pendant… deux, peut-être trois heures. Il lui a raconté ses difficultés financières desquelles elle n’a pas retenu le moindre mot, et elle lui a parlé des quatre nouvelles, deux biographies, et trois pièces qu’elle avait écrits ces derniers temps, et particulièrement de l’une d’elles qui semblait lui tenir à coeur davantage.

    Une pièce qui racontait la vie d’une chanteuse déchue, abandonnée de tous et méprisée par la presse mondaine et qui, quelques années après s’être éclipsée, en arrive à conquérir le monde après avoir changé d’identité…

    Martha avait l’air si enthousiaste. Comme quand, il y a quelques années encore, on s’arrachait ses textes qui devenaient tous de grands succès populaires. Il faut dire qu’elle mettait un soin particulier à participer au choix des interprètes de ses pièces, en compagnie du metteur en scène qui se faisait un plaisir de lui accorder ce « caprice ». Elle avait, à chaque fois, le personnage bien défini dans sa tête. Son écriture s’ajustait au physique de ses personnages. Tels qu’elle les avait imaginés. Façonnés.

    Depuis sept heures du matin que les audiences avaient commencé. Depuis trois jours qu’elle auditionnait pour le rôle de celle qui allait être la chanteuse à ses débuts. Elle avait déjà retenu quelques candidates, mais elle estimait qu’elles étaient toutes à peu près cette chanteuse qu’elle avait créée. Pas celle qu’elle avait vraiment voulue.

    Martha tenait à voir encore quelques candidates. Parmi elles pourrait être celle qui lui donnerait entière satisfaction. Celle qui allait représenter la chanteuse qui avait inspiré le texte et l’histoire de sa pièce.

    Une silhouette a retenu son attention. Puis, la voix a fait trembler son corps. C’était une voix familière. Une voix qu’elle n’avait pas entrendue depuis des années, mais dont elle n’avait pas oublié la moindre intonation. Puis, les yeux grands, intelligents, pétillants de vie. Les lèvres charnues et souriantes. Le geste gracieux…

    Martha a senti un froid glacial et intense lui parcourir le dos. Elle s’est sentie comme figée dans le temps. Incapable de prononcer le moindre mot. Dans la pièce plongée dans un silence soudain, on pourrait entendre battre son cœur.

    Une infime fraction de seconde lui a suffi pour revoir l’image de sa fille. La même infime fraction de seconde qu’il lui avait fallu pour sortir de l’image : elle savait que sa fille ne reviendrait jamais…

    Comment by Armando — 20 février 2008 @ 22:10

  6. Ce tableau est fascinant.
    Pourtant l’arrière-plan est médiocre : des tons ocrés comme pour suggérer un intérieur banal, voire pauvre, à la limite du mauvais goût quand on s’arrête un instant sur cette plante que j’appellerais volontiers « une misère », même si elle n’en est pas une ! Le pire étant la soucoupe blanche dessous !
    Le livre pourrait être le sujet, mais très vite on s’aperçoit qu’il sert les besoins de la mise en scène, c’est un accessoire. La chaise ? Heureusement, le coussin est là ! Le personnage ? J’ai du mal à détacher les yeux de ses pieds : des ballerines, des chaussettes un peu vissées, le confort : soit ! Mais pas la grâce ! Des vêtements amples et dans lesquels visiblement « on se sent bien », bonne occasion pour l’artiste de jouer sur le drapé, les plis, les lumières. Le sol… avec cette tasse par terre au milieu, devrais-je dire un gobelet ? Un effet miroir comme un sol mouillé.
    Le personnage se fond dans le décor, aussi anodins l’un que l’autre.

    Pourtant, regardez son visage et surtout ses yeux ! Fascinants !
    Ils scrutent, ils déchiffrent, ils cherchent, ils perdent de vue ce qu’ils cherchent et recommencent leur quête… inlassablement ! Fixez-les bien, vous verrez… D’ailleurs, la femme est mal assise, son corps est tendu jusqu’au bout des ongles, c’est pour mieux guetter, c’est pour mieux se guetter car elle voudrait se surprendre, se saisir, pouvoir dire ou se dire enfin : « Voilà qui je suis ! »
    Et quand elle y arrive… miracle ! Le tableau est achevé et elle l’intitule « Autoportrait »

    Elle recommencera, car elle sait qu’elle n’a pas fait le tour de la question.
    Fait-on le tour de soi-même ?! La plupart des peintres font des autoportraits : la quête est infinie !
    Mais ce jour-là, elle s’est rencontrée. Une expérience fascinante.

    Comment by Reine — 23 février 2008 @ 23:07

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