Ces jours au goût de cendre et d’espoir
Une fois de plus je me laissée porter par l’écriture de Mia Couto, par sa façon de raconter, par son sens des images, son talent pour camper des personnages et dérouler les fils de toutes ces vies qu’ils croisent et emmêlent le temps d’un roman.
Avec Chronique des jours de cendre, Mia Couto s’intéresse à un petit village du Mozambique le temps de quelques jours, ceux qui ont précédé et suivi la Révolution des œillets au Portugal et mené à la fin d’un système colonial qui se mourait tranquillement. Il s’intéresse plus particulièrement à Lourenço, inspecteur de la PIDE (Polícia Internacional e de Defesa do Estado), homme pour le moins instable et déstabilisé, écartelé entre l’image du père décédé sur lequel il apprendra des choses encore plus graves que celles qu’il connaissait, une mère qui le couve et qui ne rêve que de rentrer au Portugal, une tante qu’il juge excentrique et dangereuse parce qu’elle se mêle à tous et pour qui la couleur de la peau n’a aucune importance.
Autour d’eux gravitent d’autres personnages qui, d’une façon ou d’une autre, attendent — sans savoir vraiment ce qu’ils attendent au juste — ce 25 avril qui bouleversa l’existence de chacun avec ce qu’il porte en lui d’espoirs et de rêves. Mais aussi de désillusions pour d’autres et même de mort pour certains.
Ces jours-là nous sont donc racontés avec le regard sans complaisance d’un écrivain à qui on a commandé ce livre afin de souligner les 25 ans de ce 25 avril inoubliable. Un regard à la fois collé sur le réel (notamment la description d’actes que d’aucuns voudraient bien oublier ou au moins ne jamais voir mentionnés) et un conte mettant en scène des personnages qui ont tout du fabuleux.
Un roman grave, comme le sont toujours les romans de Mia Couto, et empreints de poésie, de jeux de mots et de néologismes, comme c’est toujours le cas — pour mon plus grand bonheur.
Chronique des jours de cendre est une livre qui révèle des douleurs lancinantes individuelles tout en n’écartant pas celles tout aussi importantes d’un peuple écrasé et blessé.
Moi je lis très peu, mais mon ami Armando adore Mia Couto. Même que Dominique devrait lire du Mia Couto. Et Flairjoy. Et Chantal. Et Denise. Et Lou. Et toutes les pages. Les impaires et les paires. Armando dit que c’est mieux si on veut tout suivre. Moi que je lisais uniquement les impaires pour aller plus vite… Il est malin ce garçon. Un peu lent, mais malin.
Comment by Pépé — 16 avril 2011 @ 0:01
Je ne vais pas manquer ce livre, Lali, et n’en sauterai sûrement aucune ligne, Pépé. Car j’ai aussi été conquise par Mia Couto, découvert grâce à Lali.
http://lalitoutsimplement.com/?p=38632#comments
Je me serais bien ce jour, laisser aller à la tentation de livrer quelques-uns de ses mots; j’en ai souligné tant ! Mais non, mais non, Lali, je ne céderai pas 🙂
Comment by Chantal — 16 avril 2011 @ 7:38