En vos mots 189
Comme les semaines passent vite! Il me semble que nous allons de dimanche en dimanche sans presque reprendre notre souffle tant elles sont occupées à autre chose que ce que nous aimons. Heureusement donc que les dimanches existent, ce qui nous permet de nous attarder ici et là, de prendre notre temps, de rêver et parfois même d’écrire.
Et justement pourquoi ne pas écrire quelques lignes inspirées par cette toile de l’artiste Ai Xuan qui ne demande que ça? Tel est donc ce que je vous propose en ce dimanche de novembre. Quelques lignes en vers, en prose, afin de nous dire en vos mots ce que la toile évoque pour vous.
La suite, vous la lirez dimanche prochain. Vous verrez, une fois de plus la semaine passera très vite!
la jambe brisée
elle plonge dans les livres
pour mieux s’envoler
Comment by Lautreje — 26 novembre 2010 @ 1:25
Quand les maux se supportent à cause d’une passion
Qui nourrit encore plus que la farine et l’eau;
Qu’une de nos béquilles c’est la fidèle lecture
Pour retrouver sa vie dans la pensée des autres;
Alors notre corps s’avère secondaire;
Ne servent que notre esprit et notre âme pour survivre.
Flairjoy
Comment by Flairjoy — 26 novembre 2010 @ 8:20
Depuis sa naissance, An, a vécu dans la tristesse, la peur, la faim et la douleur. Elle a grandi dans une petite province de Chine. Sa maman, veuve dès sa naissance avait déjà quatre fils. Elle fut élevée par sa grand-mère puisque sa maman et ses frères devaient subvenir à faire vivre toute la famille. Tous les matins, très tôt, ils partaient dans les rizières pour gagner juste quelques sous. Handicapée d’une jambe dès sa naissance, elle n’a pas connu la joie de courir avec les autres enfants. Ses amies avaient pour nom « béquilles ». Lorsqu’elle était en âge d’aller à l’école, ses béquilles l’accompagnaient toujours.
Ce fut une brillante élève. Puis vint le jour où elle fit son entrée à l’Université. Son souhait était de devenir interprète.
Lors d’un cours de français, le professeur demanda aux étudiants de lui remettre pour le lendemain quelques lignes sur le bonheur…
Comment An pouvait-elle être en mesure d’expliquer ce qu’était le bonheur puisqu’elle n’a jamais vécu des moments de joie, de rire. Le mot « bonheur » ne faisait pas partie de sa vie.
A la sortie du cours, An se dirige dans la seule bibliothèque de sa petite ville. Elle voulait connaître la définition du bonheur. Ses doigts glissèrent sur le dos des livres bien alignés et retira délicatement le recueil de Louis Aragon.
Fascinée par les poèmes de celui-ci, An ne vit pas le temps passer. Comme ils sont beaux se dit-elle. Elle était prête à refermer le recueil lorsque son regard fut attiré par:
Que serais-je sans toi?
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.
J’ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j’ai vu désormais le monde à ta façon
J’ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson
J’ai tout appris de toi jusqu’au sens du frisson.
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.
J’ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu’il fait jour à midi, qu’un ciel peut être bleu
Que le bonheur n’est pas un quinquet de taverne
Tu m’as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l’homme ne sait plus ce que c’est qu’être deux
Tu m’as pris par la main comme un amant heureux.
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.
Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes
N’est-ce pas un sanglot que la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues.
Terre, terre, voici ses rades inconnues.
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.
An, se souviendra toujours de ce jour à la bibliothèque. Elle se souviendra aussi qu’elle n’avait qu’un morceau de pain et une gourde d’eau pour son repas. Elle se souviendra également avoir remis le lendemain le magnifique poème de Louis Aragon à son professeur et elle a retenu « que le bonheur existe ailleurs que dans le rêve ».
Comment by Denise — 27 novembre 2010 @ 15:59
Quand les mots meurtris de la liberté
N’auront plus que le goût de tes rêves avortés
Et que le frisson d’une larme dans tes veines
Deviendra silence dans l’épine de tes peines
Souviens-toi de l’ambre rose de la fleur
De mes mains tremblantes sur ton visage
De cette route qui menait vers le bonheur
De ce baiser qui est devenu un voyage
Souviens-toi des étincelles des petits bouts de moi
Doigts fins posés sur les fils d’une guitare
Reflet de l’eau dans le ciel bleu de nos joies
Miroirs de papier où miaulent les amours épars
Quand à la fin des chemins des seringats épuisés
Au fond de nos armoires, lavandes oubliées
Seuls l’odeur du lait, le parfum de maman
Miracle de tendresse comme le soleil du temps
Taches de rousseur qui s’envolent pour toujours
Les ombres suivront ceux qui se tiennent debout
La plume d’un ange dessine nos mots d’amour
Secrets d’un monde qu’on garde au fond de nous
Tu déposeras tes sourires dans le cœur de nos mains
Au-dessus de la mer, une mouette prendra son envol
La brise fraîche du silence viendra chaque matin
Comme un miracle de lumière qui tiendra dans un bol
Comment by Armando — 28 novembre 2010 @ 6:10
Oh. Tout ici est très très beau !
Comment by LOU — 28 novembre 2010 @ 8:17
Un plaisir de découvrir vos mots !
Comment by Chris — 29 novembre 2010 @ 16:41