Les vers de Marina 4
Que j’aime ces rencontres du soir que je provoque! Je vous l’ai dit et vous le redis encore, alors qu’il n’y a pas si longtemps la lectrice peinte par Irving Ramsey Wiles était encore au salon en train de parcourir le recueil de Marina Tsvétaïéva. Un recueil duquel elle a tiré ce poème à votre intention :
Les yeux
Deux lueurs rouges — non, des miroirs!
Non, deux ennemis!
Deux cratères séraphins.
Deux cercles noirs
Carbonisés — fumant dans les miroirs
Glacés, sur les trottoirs,
Dans les salles infinies —
Deux cercles polaires.
Terrifiants! Flammes et ténèbres!
Deux trous noirs.
C’est ainsi que les gamins insomniaques
Crient dans les hôpitaux : — Maman!
Peur et reproche, soupir et amen…
Le geste grandiose…
Sur les draps pétrifiés —
Deux gloires noires.
Alors sachez que les fleuves reviennent,
Que les pierres se souviennent!
Qu’encore encore ils se lèvent
Dans les rayons immenses —
Deux soleils, deux cratères,
— Non, deux diamants!
Les miroirs du gouffre souterrain :
Deux yeux de mort.