Erik Satie, un personnage de roman
Le gentleman de velours de Richard Skinner est probablement le roman le plus original que j’aie lu depuis longtemps, si bien que je l’ai lu au compte-gouttes pour ne pas en voir la fin trop vite.
Ce roman qui s’étale sur sept jours commence le jour même de la mort du compositeur Erik Satie, lequel se retrouve dans une gare avec son éternel parapluie au bras. De là, ce qu’on avait surnommé dans le tout-Paris « Velvet Gentleman » (gentleman de velours, d’où le titre du livre) sera emmené dans un bâtiment où il sera confronté à un choix qu’il devra faire en sept jours : sélectionner parmi tous ses souvenirs le seul qu’il emportera au delà de la mort. Or, quel dilemme pour celui qui a toujours voulu tout oublier que de trouver le moment qu’il voudra conserver dans l’éternité.
Ce roman au « je » nous fait donc entrer dans la chronologie personnelle de cet artiste hors du commun qui n’en faisait qu’à sa tête et avec une ironie que d’aucuns ont eux du mal à saisir. Amis comme ennemis défilent à mesure que quelques souvenirs remontent à la surface sans qu’aucun ne vaille la peine d’être conservé à tout jamais. Debussy, Cocteau, Brancusi, Picasso, Ravel, Tzara, ce ne sont que quelques-uns de ceux qui croiseront la vie de Satie.
L’auteur a d’abord fait ses classes, lu des biographies sur le compositeur, des lettres qu’il a écrites et fait des recherches complémentaires afin de bien s’imprégner de ce personnage qui, avouons-le, a tout d’un personnage de roman. Si bien que cela nous donne un roman coloré, à peine surréaliste ou juste assez, avec suffisamment de fantaisie pour que les personnages inventés — ceux qui ont eu aussi à choisir leur souvenir — soient aussi réels que les « vrais ».
Un roman que je vous recommande vivement. Vous ne vous ennuierez pas une seule minute, et vous y apprendrez même que le bleu est la couleur la plus rare de la nature. Si, si. Je vous le dis. C’est à la page 94.
Je ne suis pas étonnée par ton plaisir : un sujet très très original, un compositeur un peu à part, et un bon éditeur : quelle recette, j’ai bien évidement noté la référence un tel sujet ça ne se laisse pas passer
Pour le bleu je te crois sur parole qu’en pense Armando ?
Comment by Dominique — 2 juin 2010 @ 8:46
À vrai dire Dominique, il y a plusieurs bleus et même que certains sont assez bon marché alors que d’autres viennent tout droit de Chine. Toutefois le bleu auquel nous pensons tous les deux, et que je ne cite pas par modestie personnelle, est en effet assez rare. Et précieux.
Comment by Armando — 2 juin 2010 @ 9:47