En vos mots 147
Il est de ces plaisirs dont je ne me lasse pas. Ainsi, celui chaque dimanche, à 8 heures, d’accrocher une toile juste pour vous. Pour que vous la racontiez avec votre regard, en vos mots. Tout comme celui de valider d’un coup d’un coup tous vos textes sur la toile du dimanche précédent.
Et pour ce dernier dimanche de janvier, je vous propose une toile de l’artiste Kathryn Freeman. Parce que, d’une part, elle ne ressemble à aucune des toiles déjà accrochées, et d’autre part parce que je crois qu’elle a beaucoup à raconter.
La suite vous appartient. Une suite que nous lirons avec plaisir dans sept jours exactement.
Bon dimanche et bonne semaine à tous!
Sûr que je laisserais quelques signes, comme un typographe, dans le bord muet des pages, pour me repérer, plus tard, lorsqu’il fera silence.
J’oublierais tous mes savoirs pour comprendre et pour apprivoiser les tiens. Sans peurs ni nuages. Avec la même virginité que les vagues inscrivent, à chaque caresse, leurs frissons dans le sable.
Je sais que les mots naissent pour être lus. Et puis pour qu’on les savoure pour connaitre leur goût juteux et charnu, comme des fruits inconnus, qu’on croyait défendus. Des mots multiples, dessinés à l’encre des sourires, espoirs ou larmes. Et qu’on lit à mi-voix, pour écouter leur sens. Pour se réjouir de leur phonétique pétillante et joyeuse. Quelquefois triste.
Puis, je m’endormirais. Sourire aux lèvres. Les mots posés contre mon cœur. Et je m’en irais seul, compter les moutons.
Comment by Armando — 2 février 2010 @ 10:37
L’histoire d’un mouton qui ne fait pas comme les autres…
Quel étonnement, quelle peur et quelle découverte pour les autres ! Mais après tout, et si c’était lui qui avait raison ?
Une question qui n’en finit pas d’interroger les têtes !
Johnny le mouton
Johnny faisait partie d’un troupeau de moutons qui errait seul dans la montagne.
Seul ? Pas vraiment, car de temps en temps passait le berger pour les surveiller avec son chien noir et blanc qui se chargeait de bien les rassembler.
Le troupeau avançait paisiblement, en ratissant l’herbe grasse des montagnes et en se désaltérant dans les jolis ruisseaux à l’eau fraîche qui sillonnaient le paysage.
Le coin était magnifique. Parfois même des lacs d’altitude venaient embellir encore plus le paysage, en reflétant le ciel limpide des cimes.
Johnny se fondait dans le troupeau.
D’abord suivant sa maman, puis ses amis proches, puis les autres. De plus en plus souvent, il aimait s’éloigner un moment du troupeau, soit à escalader des rochers et admirer le paysage, soit à la découverte des nouvelles fleurs aux odeurs enivrantes.
Jusqu’à présent, il était toujours revenu vers les siens. Or, un soir, s’étant éloigné plus que d’habitude, il ne rejoignit pas le troupeau. Il faut avouer que ça faisait longtemps que ça le démangeait de dormir seul sous les étoiles.
Il savait qu’il devait quand même faire attention, le loup pouvant toujours surgir, et il se choisit un endroit en hauteur où il pouvait entendre venir un éventuel prédateur.
Quelle belle nuit il passa ! Il lui semblait qu’il se baignait dans le ciel étoilé. Le calme était parfait, Johnny se sentait bien.
Le lendemain, il retourna vers le troupeau.
Là-bas, c’était l’incompréhension.
-« Mais Johnny, que s’est-il passé ? Tu t’es perdu ? »
-« Mon pauvre vieux, quelle peur tu as dû avoir, si loin des tiens ! »
-« Tu l’as échappé belle, le loup aurait pu te manger ! »
-« Non, ne dites pas ça, je ne suis pas revenu parce-qu’en fait, je n’en avais pas envie, c’est tout ! »
-« Quoi ? Mais ce n’est pas possible, un mouton n’est pas fait pour vivre seul ! Il prend des risques insensés à faire cela ! Tu veux finir dans le ventre d’un grand prédateur, ou errer seul dans la montagne, c’est ça ?… Imagine un peu ce qui peut t’arriver ! »
-« Non, justement, je préfère le moment présent, l’avenir ne m’intéresse pas plus que ce qu’il faut. Croyez-vous que votre sort soit meilleur au sein du troupeau ? D’abord, on vous tond votre laine si bien qu’après, on se sent tout nu et ridicule. Puis un jour, on vient vous chercher pour vous mettre au mieux dans un autre troupeau, au pire pour vous manger… »
-« Ce que tu dis là n’est pas faux mais nous n’avons pas appris à profiter du présent. Nous mangeons pour vivre et vivons pour être mangés ! »
-« Johnny a raison, moi aussi je veux vivre tout seul et profiter de la vie. »
-« Moi aussi ! Moi aussi !»
-« Moi aussi ! » dirent d’autres voix.
Seul un mouton plus âgé voulait raisonner tout ce petit monde. Mais bientôt, il se retrouva tout seul et ne put prêcher que pour lui-même…
Chaque mouton avait suivi son envie : l’un voulait toucher la neige, l’autre allait voir les belles fleurs violettes, un autre s’amusait à escalader toujours plus haut…
Ils étaient éparpillés partout dans la montagne. On n’avait jamais vu ça !
Quand le berger revint, il n’y comprit plus rien. Il avait bien croisé deux moutons en venant. Son chien avait essayé de les ramener mais avait essuyé des coups de sabot, et ouille, que ça lui avait fait mal !
-« Mes moutons sont éparpillés aux quatre coins de la montagne. Que dois-je faire ? » se demanda le berger.
Au bout d’une longue réflexion, il s’agita dans sa pensée une image qui grandissait, grandissait dans sa tête : la mer ! Et s’il en profitait pour aller voir la mer, son rêve depuis qu’il était tout petit, et qu’il n’avait jamais pu réaliser car il fallait garder les bêtes.
Là, les bêtes avaient l’air de se garder toutes seules, et semblaient heureuses ainsi…
C’était l’occasion.
Et voici comment un troupeau de moutons se trouva dissous en milliers d’individus, et comment un berger put enfin réaliser le rêve de sa vie.
Comme quoi, tout est possible !
Ecrit par « Valérie Bonenfant »
Comment by Denise — 5 février 2010 @ 15:35
Les murs ont glissé dans l’obscure réalité de la chambre. Le bleu du papier peint a laissé la place à la douceur végétale, céladon en prairie et troncs des peupliers. Incongrus, le lit et le chevet tentent vainement de se fondre dans le paysage. Oscar veille, sens félins en alerte. Et du livre ouvert s’échappent les mots … Reine bercée, sous le ballet hypnotique, porte comme un diadème à son front, la ribambelle cotonneuse des moutons. Dans la nuit qui dénude ses rêves Sélène défait, un à un, les lacets autour de son cœur. Et la brise d’un songe soulève le voile et passe, tendre caresse aux courbes de son corps. Reine endormie, elle conte quelque fantaisie d’une verte contée, et elle compte, elle compte … 21, 22, 23 … Sautez moutons, sautez, et laissez la rêver !
Comment by Chris — 7 février 2010 @ 7:29
Que sautent les moutons
Un prés jaune endormi –
0ù tu tournes et te retournes
Un, deux, trois
Saute-mouton biblique
Onirique. Ton berger fatigué
N’est plus là
Laisse-là ton livre, ta lecture
Livre-toi au comptage
Si sage
Regarde –
Il pleut ma bergère
Sur ton cœur
Sautent les moutons sur tes rêves
Sautent les moutons sur ta trêve
Oui –
Mais, laisse-là ton livre
Éteins ta chandelle
Et compte, compte
Toute la nuit
À l’envie
Un, deux, trois
Sous les toits
Insomnie, dans ton lit
Mouton noir, il est tard
Et toi, tu ne dors toujours pas…
Comment by Oxymore and more — 7 février 2010 @ 7:33
FRÉQUENCES MOUTONS CLOWNÉS
« Saute-moutons multicolores en tricycles »
La vision chez mon chat
Décline son monde de demi-teintes félines
Bleutées, jaunes ou grises
Chez moi, au fond de mon oeil de vair
S’animent peu de réflexions
Et cela m’absorbe
Ma rétine cabotine titille
Des photons polissons
Mon esprit retourne
Et torture sans arrêt
Des images de spectres
En fantômes iconiques
Ainsi l’arc-en-ciel extérieur se dévoile
Tel qu’il est
Fidèle
Mis à nu
Et mes rêves les plus fous
En deviennent hystériques, magiques, trichromatiques
Ma raison alors se campe debout sur ses trois pieds
Droite sur ses fondations
Marines ciel et eau
Verdeurs plantureuses
Sanguines flamme et forge
Mais la peinture originelle se dévoile
Et s’expose aujourd’hui
Aux regards d’une chimère animale
En gènes humains troublée
Ce nouveau rat des villes aura-t-il des songes ?
Méditera-t-il sur lui, sur l’univers ?
Quand son espèce modifiée, impulsée, amplifiée
Par ce tableau dérangé libèrera
Elle aussi un jour lointain
Cet autre fantasme
Haut en couleurs
Quantique quant à lui
Desseins de saute-moutons
Sur le dos de minuscules nuages d’atomes transis
En condensats de Bose-Einstein
Si joliment nommés
Par des atomes solitaires
Petites puces déchaînées
Emissaires bourlinguant d’un troupeau froid à l’autre
Portant et transmettant l’information
Etincelles lumineuses
À fournir pour action au cumulus élu
Echues
Au dernier qui y est
Alors,
La lumière colorée à nouveau par le feu dérobé
Une fois encore…
Au cœur du monde, cherra.
P’tit loup
Comment by P'tit loup — 7 février 2010 @ 7:44
En valse effrénée
les mots virevoltent
et les moutons s’amusent
les maux lancinants
se comptent comme les moutons
les mots dans la tête
jusqu’à mordre les os
un mouton s’égare
comme le sommeil
caché sous le lit
Les mots se figent
hors du temps qui passe
et sautent les moutons
qui se moquent de tout
en douce farandole
Comment by Chantal — 8 février 2010 @ 7:25
J’ai toujours du plaisir à venir découvrir vos mots, Denise, Armando , Oxymore … mais permettez que j’adresse à Chantal mes félicitations, pour ce poème … « jusqu’à mordre les os » … une belle farandole chère Chantal . Moi je dis bravo …
Je vous embrasse 😉
Comment by Chris — 8 février 2010 @ 13:55
Un grand merci Chantal pour ton très beau poème et toutes mes félicitations…
Bisous, bisous et à bientôt…
Merci Chris pour tes doux mots!
Comment by Denise — 8 février 2010 @ 15:57
Merci Chris.Tu me fais rougir, d’autant que ces mots sont des rescapés qui ont bien failli passer à la trappe, comme bien d’autres .
Moi aussi, je vous dis bravo ! J’ai lu et relu encore, de bien jolies créations ! Bises à tous.
Comment by Chantal — 8 février 2010 @ 17:07