En vos mots 146
La lectrice peinte par Celeste Bergin n’a plus de mots. Elle attend les vôtres. Elle attend ceux qui ne viennent plus à elle pour se raconter. Elle vous attend.
Et pendant une semaine, elle sera là à attendre. Parfois impatiente. Mais surtout, confiante.
Elle sait que vous ne laisserez pas muette. Que vous la raconterez en vos mots, comme certains le font sans relâche depuis le début ou depuis quelques semaines, alors que d’autres le font ponctuellement.
Oui, elle sait que vous lui donnerez la parole. Comme je le sais aussi.
Et tous ces mots d’âme et de souvenirs
Aux parfums éclatés de nouvelles espérances
Habillés de nostalgies parsemées de silences
Gardées au fond du cœur pour ne pas s’enfuir
Quelquefois à l’encre bleue perlée de tristesse
Je dessine des mots que mes larmes effacent
Je ferme les yeux, j’étouffe dans tant d’espace
Et je donnerais ma vie pour une de tes caresses
Entre mes lèvres les tiennes, fébriles et charnues
Autre morceau de moi, comme l’eau des orages
Pays de mes rêves dans mes nuits de voyage
Quand mes mains s’endorment sur ta peau nue
Nous écrirons encore au détour de mille baisers
Quelques frissons dans les pages vides de mon corps
Et j’oublierai tous mes doutes, peurs et remords
Parce je connaitrai enfin le goût d’être aimé
Comment by Armando — 24 janvier 2010 @ 10:53
Je vais partir.
Je vais parti d’ici, de ce trou de rats. J’ai décidé de m’en sortir. Je vais partir seule, sans un regret pour personne et surtout pas pour Paul. Il a bousillé ma jeunesse, Paul. Il me disait qu’il m’aimait et je le croyais, il m’a eu, il m’a tout pris : mon innocence, mon amour, ma jeunesse et maintenant il veut que je tapine pour lui. Je vais partir, je suis là à lire le journal, je n’étais pas bête, alors il n’y pas de raison que je le sois devenue. Je vais partir pour construire mon avenir, trouver un travail honnête et réapprendre à vivre. Je l’attends là, accoudée au comptoir du bistrot, je réfléchis malgré le bruit autour de moi, je vais l’amadouer pour ce soir, dire que je suis malade et que je vais rentrer chez mes vieux. Je vais faire vraiment la malade, sinon il comprendrait pas que j’aille chez eux, vu comment ils me tabassent. Je vais y aller en vitesse avant qu’ils ne soient complètement saouls. Je me glisserai dans la remise pour me cacher, je prendrai une veste et un pain et puis à la nuit je sortirai par la porte de derrière, celle qui donne sur le chemin de Lestrade, je vais le longer jusqu’à la rivière, je la traverserai, elle n’est pas bien haute en cette saison, puis je sais que j’ai trois bons kilomètres à faire avant d’arriver à Lanteuil, j’irai à la gare, le premier train pour Brive-la-Gaillarde est à 6 h 30, je le prendrai, ensuite j’attendrai la correspondance pour Limoges. Là j’irai voir Suzon, elle travaille à la Manufacture Royal, dans sa dernière lettre elle disait qu’ils cherchaient du personnel soigneux. Je le suis soigneuse, ou bien j’ai tellement envie de le devenir que je vais l’être, je vais être un modèle de soin parce que je vais partir. Je vais partir ce soir et pour toujours. C’est mon dernier soir ici, il faut que je me concentre : ne pas faire d’impair et jouer la comédie, ne pas me trahir. Pour une fois, c’est moi qui décide !
Comment by Lautreje — 25 janvier 2010 @ 2:05
Encore une tendre chanson de Georges Chelon , qui nous parle des mots…
Les mots ne tiennent pas sur cette mélodie,
Je les mets sur des notes, le matin, mais la nuit
Ils tombent et je découvre, épars sur le tapis,
De pauvres lettres mortes et mes idées enfuies.
Pourtant j’ai essayé même le mot « amour »
Dieu sait s’il s’accroche à une simple croche.
Il n’a tenu que quelques heures, à peine un petit jour.
Je l’ai remis dans ma poche, il servira toujours.
Les mots ne tiennent pas sur cette mélodie,
Est-elle si facile que sur elle ils s’ennuient?
Ils aiment ce qui balance, ils aiment qu’on les crie,
Ils ont de drôles de goûts, tous les mots d’aujourd’hui.
Alors j’ai essayé de parler de la paix.
Dieu sait s’il faut des rondes pour arrondir le monde!
A peine avais-je écrit ce mot sur la portée,
Que le mot est tombé, que la paix s’est brisée.
Moi, si j’étais un mot, je m’étendrais près d’elle,
Je lui ferais l’amour, je la trouverais belle.
De silences en soupirs, on passerait la nuit.
Ah! Si j’étais un mot sur cette mélodie.
Cet air ne retient rien. Parlons de liberté,
Elle qui ne supporte aucune fausse note.
Déjà j’étais certain de tenir mon sujet
Quand, au lieu de tomber, le mot s’est envolé.
Les mots ne tiennent pas sur cette mélodie,
Je les mets sur des notes, le matin mais la nuit
Ils tombent et je découvre, épars sur le tapis,
De pauvres lettres mortes et mes idées enfuies.
Comment by Chantal — 25 janvier 2010 @ 6:48
A peine un bout de ciel
Tout juste un bout d’écume
Et quelques grains de sable, sur ta joue
A peine un coin de bleu
Peut être un timide soleil
Et ta tête abandonnée, sur mes genoux
Je ne bougerai pas
Je ne dirai rien
Je boirai nos silences
J’attendrai tes sourires
Et je laisserai mes doigts engourdis, sous ta nuque
Je serai légère et silencieuse
A peine un souffle
Tout juste un frisson
Et quelques larmes qui roulent, sur mes lèvres
Je n’en demande pas plus
A peine une douce prière
Juste ta main dans ma main
Et me perdre dans tes bleus
Et oublier cet infâme rubis
Qui jour après jour
M’enfonce dans l’oubli
A peine une chaleur, tout juste étourdie, seule
Sans toi …
Comment by Hespérie — 28 janvier 2010 @ 18:06
Il est grand temps pour Eliane de décrocher son diplôme d’architecte la semaine prochaine. Et oui, après de nombreuses années d’études qui ont coûté cher malgré le travail qu’elle effectuait le soir en tant que baby-sitter afin de payer une partie de ses études, Eliane a hâte de travailler.
Elle a hâte de trouver un emploi pour mettre ses projets sur papier et de se faire une belle clientèle.
Depuis toute petite, Eliane aimait le dessin. Pas de fleurs ni de papillons, non, mais elle avait un grand plaisir à esquisser des maisons. Elle avait sa petite idée.
En grandissant, elle n’a toujours pas changé d’idée. Elle sait qu’elle deviendra architecte. Sa détermination fait tant plaisir à sa maman qui a élevé seule sa fille en étant toujours à ses côtés, en l’encourageant! Eliane lui apporte beaucoup par sa joie de vivre, sa bonne humeur et son optimisme. C’est son rayon de soleil.
Un jour, Eliane dit: Maman, je vais t’expliquer pourquoi j’ai toujours eu envie de faire ce métier… Ah bon, ma chérie, et pourquoi?
Et bien voilà maman! Après ton accident, cela fait des années que tu as beaucoup de peine à marcher, le potager, c’est la voisine qui s’en occupe puisque tu ne peux plus te baisser.
Alors, je souhaite de tout mon coeur te construire une maison où tout sera accessible pour toi. Une belle terrasse sans escalier sera prévue et là tu pourras profiter des beaux jours.
A la place des petites fenêtres où le jour entre à peine, tu auras de grandes baies vitrées et le soleil se fera très invitant. Les fleurs que tu aimes tant remplaceront le jardin potager et je viendrais te composer de beaux bouquets pour la maison. Un joli coin cosy sera près de la fenêtre et tu pourras lire avec la lumière du jour sans être obligée d’allumer la lampe tôt l’après-midi.
Des larmes de joie et de bonheur coulaient sur les joues de sa maman très émue. Oh, ma petite! Comme tu es gentille et brave… Mais maman, c’est normal. Ta vie n’a pas toujours été rose, tu as beaucoup travaillé pour m’offrir des études. A mon tour de te gâter ma petite maman.
Pour l’inauguration de la maison, je t’offrirais un livre de poèmes, je sais que tu les aimes mais en attendant, maman, je te laisse lire celui de Cécile Périn…
Aube
Un invisible oiseau dans l’air pur a chanté.
Le ciel d’aube est d’un bleu suave et velouté.
C’est le premier oiseau qui s’éveille et qui chante.
Écoute ! les jardins sont frémissants d’attente.
Écoute ! un autre nid s’éveille, un autre nid,
Et c’est un pépiement éperdu qui jaillit.
Qui chanta le premier ? Nul ne sait. C’est l’aurore.
Comme un abricot mûr le ciel pâli se dore.
Qui chanta le premier ? Qu’importe ! On a chanté.
Et c’est un beau matin de l’immortel été.
Comment by Denise — 30 janvier 2010 @ 10:51
1.Attente
Le soir tombe sur ton attente
Dehors aboient déjà les chiens jaunes
Les étoiles tombent sur le vin mauve
Les lignes de ta main sont une lie
Posée sur les pages quand tu les lit
Tes yeux fatigués reflètent ton âme
Au miroir du monde de la nuit
Sur la salle encore vide
Bientôt,
Ta misère terrible se posera
Perdra ses souliers plombés
Montera l’escalier de la chambre
S’étendra sur le lit
Elle s’éteindra comme la chandelle
Au culot de la bouteille
Aux ailes frémissantes
Ancrées des papillons de nuit
L’embouchure du couchant
Étanche tes yeux
D’un verre dernier
Quelques perles d’absinthe
Encrées en gouttelettes anisées
À tes cils accrochées.
Comment by Oxymore — 31 janvier 2010 @ 7:51