La petite sirène de Solvang
Je n’ai pas vu Copenhague, pas vu sa sirène, souvent vandalisée, parfois volée.
Mais j’ai vu l’autre sirène, celle dont on ne parle pratiquement jamais, parce que ce n’est pas LA sirène de Copenhague, même si elle en est la réplique parfaite.
Celle de Solvang, village danois en pleine Californie, existe pourtant. Elle constitue quasi à elle seule la fierté de cette communauté pourtant imprégnée par ses racines.
Moulins à vent, architecture, pâtisseries, costumes folkloriques, assez pour que les Danois en visite à Solvang disent que ceux de Solvang sont plus danois que les Danois.
Autant c’est joli et agréable de se promener dans cette fausse ville danoise, puisqu’elle en possède les caractéristiques exportables et surtout vendables – donc touristiques à souhait -, autant je me demande comment, en mettant l’accent sur ses origines, le nouvel arrivant s’intègre à sa nouvelle vie. Comment peut-on être à la fois Californien et Étatsunien en vivant dans un monde décoratif ?
Je ne dis pas qu’il faille gommer ses origines. Loin de moi, cette idée, au contraire.
Mais je reste mitigée. Faut-il aller jusqu’à Solvang pour savoir que des gens venus du Danemark se sont installés aux États-Unis ou y a-t-il ailleurs en ce pays quelques traces qui l’indiquent ?
Solvang donne l’impression d’une part d’une attraction touristique très réussie et d’autre part d’un ghetto. Deux choses que, foncièrement, je n’aime pas. Et pourtant, j’ai aimé les quelques heures passées sur place. Probablement parce que j’avais 17 ans, que l’Europe que je ne connaissais pas encore venait à moi de cette façon quelque douze ans après l’expo de 1967. Probablement aussi parce que je n’avais pas encore assez lu ou vu du pays pour que je puisse émettre une telle opinion.
Solvang, arnaque ou ghetto ? Un peu des deux et même davantage ? Je me demande bien ce qu’en penserait Hans Christian Andersen.