Petits bonheurs
Et puis, tout a été réparé, le petit blues est passé.
Le sourire est revenu, car il ne sait pas me quitter bien longtemps.
Une assiette de riz espagnol, un téléphone de Lyne, quelques pages d’un roman, et j’ai dormi en paix.
Je n’aime pas me sentir comme je me suis sentie hier. Je n’aime pas me sentir démunie au point de ne pas être capable de m’émerveiller, ne serait-ce qu’une heure, et même devant une broutille. Non, je n’aime pas cette incapacité à ne pas me laisser envahir par une émotion douloureuse.
Mais heureusement, elle n’a pas duré.
Et la journée a été belle. Comme elle devrait toujours l’être, même si on a des soucis, même si une parole nous blesse parfois, même si ça n’avance pas aussi vite qu’on le voudrait, même si… Et aussi parce que.
Parce que la vie est là, qu’on est en santé, qu’on peut marcher, que nos yeux peuvent s’émouvoir d’un ciel aux teintes changeantes, parce que nos oreilles sont aptes à capter cette musique derrière une porte qui fait danser dans les escaliers. Parce que s’arrêter à ce qui ne va pas, c’est automatiquement grossir la chose.
Et si ma vie est imparfaite, et si mes rêves ne s’accomplissent pas dans le délai escompté, je puis au moins me réjouir du fait que je suis en vie et que je rêve encore. Me réjouir à la pensée que la piscine ouvrira bientôt, sourire à l’idée de la musique qui envahira les rues de Montréal dans une semaine, écarquiller les yeux devant tous ces bonheurs à venir.
Et me faire couler un bain tiède, m’y installer avec un livre qui me fera voyager. Parce que la vie, je persiste à le dire, est belle, si on sait profiter des petites joies qui s’offrent à soi, sans espérer LE bonheur à tout prix, car il nous file parfois entre les doigts quand on ne sait pas additionner tous ces petits bonheurs, plus précieux que ce supposé bonheur…